À Charles Spon, le 18 juin 1652, note 22.
Note [22]

Le duc de Lorraine s’était campé au-dessus de Villeneuve-Saint-Georges.

Journal de la Fronde (volume ii, fo 96 ro et vo, Paris, 18 juin 1652) :

« Le duc de Lorraine s’étant campé au dessus de Villeneuve-Saint-Georges et y ayant fait faire quelques redoutes, demi-lunes et retranchements, le maréchal de Turenne passa la Seine leénbsp;13 sur le pont de Corbeil ; et s’étant avancé, le 16 au matin, vers ce duc, comme s’il eut voulu l’attaquer, M. de Beaufort, qui était auprès de lui depuis le soir du jour précédent, l’avertit que les ennemis venaient par un défilé, dans lequel il était fort aisé de les défaire ; mais il n’en voulut pas tenir compte, quoique M. de Beaufort s’opiniâtrât beaucoup à l’obliger et lui offrît même de mettre le feu au canon. En même temps, le roi d’Angleterre y étant arrivé avec le duc d’York, milords Montaigu et Germain {a} présentèrent à M. de Lorraine un traité qu’ils avaient fait pour la cour avec lui ; lequel avait été commencé par M. de Beaujeu {b} qui y était aussi. Il signa ce traité et les otages en furent donnés de part et d’autre pour trois jours […]. L’on ne sait pas encore bien les conditions de ce traité, mais l’on assure que l’on lui rend présentement Marsal, et que pour ce qui est de Nancy, il s’est contenté de la parole que le roi lui donne par ce traité de la lui rendre en l’état qu’elle est à présent, après la paix faite avec les Espagnols. Outre cela, on lui donne pour 500 000 livres de pierreries et 100 000 écus d’argent comptant, qu’on a fait avancer aux sieurs Languet, Jacquières, et Desbordes sur le bail des cinq grosses fermes qu’on leur a donné depuis six jours pour neuf années au prix de 1 900 000 livres par an jusqu’à la paix avec Messieurs les princes, six mois après laquelle ils en donneront 2 300 000 livres, et après la paix générale, 2 500 000 livres jusqu’à la fin de leur bail. Le duc de Lorraine décampa ensuite et se mit en marche pour s’en retourner, étant obligé de passer la Marne à Trilport {c} dans trois jours, après lesquels les otages seront rendus, et d’être, dans 12 jours après hors du royaume. M. de Beaufort lui fit des reproches étranges de ce qu’il abandonnait S.A.R. {d} et le poussa presque à bout ; aussi lui refusa-t-il {e} après un sauf-conduit pour s’en revenir ici, où il courut beaucoup de risque, ayant été longtemps poursuivi. Ce duc {f} rendit néanmoins les troupes de M. le Prince qui étaient jointes aux siennes, sans leur faire tort. Elles furent d’abord se poster à Charenton. Il rendit aussi le pont de bateaux qui fut ramené ici aussitôt après qu’il eut décampé. Le maréchal de Turenne, qui l’avait auparavant vu et embrassé, mit son armée dans le même poste qu’il avait quitté, et elle y est encore. Cette nouvelle mit ici tous les esprits dans une grande consternation ; et Mme d’Orléans {g} en est encore si affligée qu’elle ne s’en peut consoler. Cependant, S.A.R. ayant envoyé ordre à Étampes pour en faire partir son armée et la faire venir en deçà, […] elle ne voulut point obéir […]. Néanmoins, la cavalerie ne laissa pas de venir en toute diligence jusqu’à Chilly {h} où M. le Prince la rencontra le 16, avec plus de mille volontaires qui étaient partis le matin avec lui. L’infanterie partit d’Étampes le soir du même jour, avec le canon, le bagage et du pain pour huit jours ; et ayant marché toute la nuit, arriva hier ici sur le point du jour aux portes du faubourg Saint-Jacques où elle donna l’alarme. S.A.R. la fut voir trois heures après et la fit camper entre le Pont Antonin {i} et Le Bourg-la-Reine, trois lieues d’ici, où elle l’est encore allée voir ce matin. On croit que c’est pour l’aller faire camper à Saint-Cloud et occuper les postes de la Seine du côté d’en bas. Elle est encore de force égale à celle de la cour, y comprenant les 2 000 de M. le Prince qui étaient joints avec l’armée lorraine. »


  1. V. note [9], lettre 292.

  2. V. note [4], lettre 363.

  3. Seine-et-Marne.

  4. Son Altesse Royale, Gaston d’Orléans.

  5. Aussi le duc de Lorraine refusa-t-il au duc de Beaufort.

  6. De Lorraine.

  7. Sœur du duc de Lorraine.

  8. Chilly-Mazarin (v. note [4], lettre 345).

  9. Aujourd’hui Antony.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 18 juin 1652, note 22.

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(Consulté le 09/12/2024)

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