Autres écrits : Une thèse cardinale de Guy Patin :
« La Sobriété » (1647), note 22.
Note [22]

Les Symposiaques ou Propos de table de Plutarque, {a} mis en latin, figurent dans ses :

Opuscula varia : quæ magna ex parte sunt philosophica : vulgo autem Moralia opuscula nimis angusta appellatione vocantur. Ex diversorum interpretationibus, quarum quædam sunt Henrici Stephani, non antea editæ. Indici superioribus multo locupletiori adiunctæ sunt Annotationes eiusdem Henr. Stephani.

[Opuscules variés, qui sont en grande partie philosophiques, auxquels on donne aussi le nom trop restreint d’Œuvres morales. Tirés de diverses traductions, dont celles d’Henri Estienne {b} n’ont pas été précédemment publiées. À un index beaucoup plus riche que dans les précédentes édiitons, ont été ajoutées les annotation du dit Henri Estienne]. {c}

Ne maîtrisant pas le grec, Guy Patin leur a emprunté ce passage du Symposiaque  iv, question i, Multiplexne cibus, an vero simplex concoctu sit facilior [S’il est plus facile de digérer plusieurs espèces d’aliments qu’une seule], tome 2, pages 541 et 544 :

Multæ autem et variæ qualitates invicem nonnihil contrariæ, repugnando sese mutuo abolent, (instar multitudine convenarum ac promiscuæ turbæ in civitate) neque consentientem admittunt constitutionem, dum unaquævis suapte natura alienis reluctans, coitionem respuit. Vinum nobis evidens huius rei indicium suppeditat : celerrime enim inebriat diversorum vinorum usus, quas allœnias Græci dicunt ; similis autem est ebrietas cruditati a vino non cocto profectæ ; ideoque vitant mixtum vinum potiores ; et qui miscent, clam id faciunt, ut qui insidias struant. […]

Atqui (inquis) varietas excitat et allicit quasi præstigiis captam appetentiam, suiipsius non compotem : nimirum, lepidum caput, mundities, et stomacho succus congruens, odor bonus, atque omnino suavitas facit ut plus edamus et bibamus.

[Quand ils {d} possèdent des qualités multiples et variées, se combattant les unes les autres (tels une multitude d’aventuriers étrangers affluant dans une cité), ils peinent pourtant à prendre une consistance uniforme : chacun d’eux dédaigne ce qui ne lui est pas semblable et refuse de s’y unir. Le vin nous en procure une preuve évidente : l’usage de vins mêlés, ce que les Grecs nomment l’allœnie, {e} enivre très promptement ; de même, l’ivresse est-elle semblable à une indigestion due à la crudité du vin ; c’est pourquoi les buveurs évitent de mélanger les vins, et ceux qui les brouillent ainsi le font en cachette, comme s’ils tendaient un piège. (…)

Mais, dis-tu, la diversité des mets excite et flatte, comme par enchantement, un appétit qui n’est plus maître de lui-même. Assurément, mon délicieux ami, la propreté du service, le suc harmonieux qui emplit l’estomac, la bonne odeur, bref, tout ce qui concourt à la suavité nous fait boire et manger davantage]. {f}


  1. V. note [9], lettre 101.

  2. Henri ii Estienne, dit le Grand Estienne, v. note [31], lettre 406.

  3. Paris, Henri Estienne, 1572, 3 tomes in‑8o.

  4. Les aliments.

  5. Diversité des vins, alloïnias.

  6. Voici, par pure curiosité, la loquace traduction française de Jacques Amyot, {i} Œuvres morales et mêlées de Plutarque, {ii} volume 1, pages 389 ro et 390 ro :

    « Là où quand il y a plusieurs diverses qualités contraires en facultés les unes aux autres, elles s’en corrompent plus facilement, d’autant qu’elles s’empêchent les unes les autres, ne plus ne moins qu’une ville et une tourbe confuse de gens ramassés de toutes pièces, difficilement peut prendre consistance bien unie et accordante, parce que chacune partie tire à son profit particulier et à sa privée affection, à l’encontre de l’autre, et ne se peut jamais accorder et entendre avec ce qui lui est étranger. Ce que l’on peut voir évidemment par un exemple bien familier du vin, pour ce qu’il n’est rien qui enivre plus promptement que le vin mêlé de plusieurs. Or semble<-t->il que l’ivresse ne soit autre chose qu’une indigestion de vin qu’on ne peut cuire : c’est pourquoi ceux qui font profession de bien boire fuient le plus qu’ils peuvent le vin brouillé, et ceux qui le brouillent aussi le font à cachette, le plus secrètement qu’il leur est possible, comme ceux qui dressent une embûche. […]

    Voire mais, {iii} la pluralité et diversité des viandes ravit et transporte hors de soi l’appétit, de manière qu’il n’est pas maître de soi-même. Je te réponds aussi qu’elle tire après soi la netteté, qu’elle fait bon estomac, qu’elle rend l’haleine douce et, bref, qu’elle tient l’homme plus joyeux et plus gai, et nous dispose à mieux boire et mieux manger. »

    1. V. note [6], lettre 116.

    2. Paris, 1572, v. note [32], lettre 223.

    3. En vérité.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Une thèse cardinale de Guy Patin :
« La Sobriété » (1647), note 22.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8223&cln=22

(Consulté le 12/11/2024)

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