À Charles Spon, le 1er avril 1653, note 25.
Note [25]

« ainsi tous les fleuves vont-ils à la mer, qui jamais ne déborde. »

Guy Patin s’inspirait sans doute ici d’une diatribe du luthérien Johann Leonhard Weidner, {a} qui est imprimée dans le féroce recueil intitulé :

Elixir Iesuiticum sive Quinta Essentia Iesuitarum ; ex variis, inprimis Pontificiis, authoribus Alembico veritatis extracta ; quæ Mundi theatro exhibetur, continens, i. Epitheta et periphrases Iesuitarum. ii. Catalogum, vel quasi Testium Veritatis de Iesuitis. iii. Similitudines et Apophthegmata de Iesuitis. iv. Theses et Positiones ex nova-antiqua veritate desumptas, Patribus Iesuitis ad ventilandum proximis diebus Saturnalibus, et qui eos sequentur usque ad carnis privium, vel præter propter, propositas. Collectore Gratiano Leosthene Saliceto.

[L’Élixir jésuitique, ou la Quintessence des jésuites, extraite de l’alambic de la vérité par divers auteurs, et surtout par les papes. Mise au jour par le théâtre du monde, elle contient : i. les Épithètes et Périphrases des jésuites ; ii. un Catalogue, qui est comme celui des témoins sur les jésuites ; iii. les Analogies et Dits célèbres au sujet des jésuites ; iv. les Thèses et Questions, tirées de la vérité ancienne comme nouvelle, que les pères jésuites ont proposées au débat, aux jours proches des saturnales, {b} et ceux qui les suivent tant bien que mal jusqu’à s’abstenir de viande. Recueilli par Gratianus Leosthenes Salicetus]. {c}

Le latin repris par Patin est aux pages 353‑354 de la partie intitulée Vaticinium Hildegardis Jesuitis accomodatum per J.L.W.O.P.C.N. etc. quæ suo tempore addam [Prophétie d’Hildegarde {d} que J.L.W.O.P.C.N, {e} a accommodée aux jésuites, que j’ajouterai le moment venu] contre les jésuites comme « insatiables prédicateurs » :

comparavi eos peræ mendicorum, quæ nunquam potest impleri ; comparavi mari, in quod quanquam omnia flumina influant, tamen nunquam redundat ; comparavi hydropicis.

[je les ai comparés à la besace des mendiants qui jamais ne peut être remplie, à la mer qui jamais ne déborde bien que tous les fleuves s’y déversent ; je les ai comparés aux hydropiques]. {f}


  1. V. 2e notule {b}, note [6], lettre 114.

  2. V. note [1], lettre 859.

  3. Sans lieu ni nom, 1645 (Anno primi Iubilæi Iesuitici. Loco Iesuitis minus repleto, sed melioribus mentibus dedicato [En la première année du jubilé jésuite. En un lieu peu rempli de jésuites, mais consacré à des esprits de meilleure trempe]), in‑12 de 429 pages, latin et allemand.

    Le frontispice de ce livre porte le titre d’Elixir Iesuiticum. Secunda cura et parte augmentatum, una cum vaticinio Hildegardis Isesuitis accommodato. pars prima. Autjore et Collectore I.L.W.O.P. [Élixir jésuitique. Seconde édition augmentée d’une partie, et de la prophétie d’Hildegarde, arrangée pour les jésuites. Première partie. Écrite et recueillie par I.L.W.O.P.]. Il est orné de haur en bas par :

    • une crucifixion, où le Christ ressemble à Ignace de Loyola, entouré de deux jésuites qui figurent les larrons ;

    • deux jésuites debout dont l’un lit et l’autre prie ;

    • trois vignettes représentant ceux qui ressemble aux assassinats des rois de France Henri iii et Henri iv et à la conspiration des poudres.

  4. Hidegarde de Bingen, une mystique bénédictine allemande du xiie s., sainte et Docteur de l’Église.

  5. Initiales de Johann Leonhard Weidner natif d’Ottersheim dans le Palatinat (J.L.W.), sans explication que j’aie trouvée à leur suffixe (C.N.).

  6. V. note [12], lettre 8.

Le frère cadet du maréchal de Villeroy, Camille de Neufville (Rome 1606-1698), abbé d’Aisnay (Ainay ou Esnay), allait être nommé par le roi archevêque et comte de Lyon le 28 mai 1653, puis sacré à Lyon le 29 juin 1654 (Gallia Christiana).

Mazarin prenait les deux abbayes de Saint-Étienne de Caen et de Saint-Victor de Marseille rendues vacantes par la mort du cardinal de Lyon, Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu. Quant à sa charge de proviseur de Sorbonne, « Messieurs de Sorbonne ont élu en sa place le cardinal de Retz, quoique prisonnier » (Journal de la Fronde, volume ii, fo 200 vo, 28 mars 1653).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 1er avril 1653, note 25.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0308&cln=25

(Consulté le 28/03/2024)

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