V. note [15], lettre 604, pour le duc d’Ossone (Osuna), qui fut vice-roi de Naples de 1616 à 1620.
François de Bonne de Lesdiguières (1543-1626), militaire protestant originaire du Dauphiné fut le plus fidèle compagnon d’armes du roi Henri iv, puis servit la reine régente, Marie de Médicis. La Couronne le combla d’honneurs : maréchal de France en 1609, duc et pair en 1611, et connétable en 1621, après sa conversion au catholicisme.
- Histoire du connétable de Lesdiguières. Contenant toute sa vie, avec plusieurs choses remarquables servant l’histoire générale. Par Louis Videl, {a} secrétaire dudit connétable. iie édition, revue et augmentée, {b} livre dixième, chapitre i, Entreprise du duc d’Ossone pour se faire roi de Naples, ménagée par le maréchal, pour l’avantage de la France, et chapitre ii, Suite et succès de l’entreprise du duc d’Ossone, avec ce passage sur les rivalités de cour qui empêchèrent la France de soutenir Ossone (pages 643‑644) :
« Mais on ne voulait point que le nom du roi {c} y fût engagé, afin que, les choses venant à changer, et le duc d’Ossone à se bien remettre avec son roi, {d} on ne pût imputer à Sa Majesté d’avoir assisté un rebelle contre la Couronne d’Espagne, avec qui elle était en paix ; lui recommandant de ne se laisser point emporter aux précipitations de ceux qui peut-être, se proposaient moins l’intérêt de la France que le leur propre, et n’affectionnaient cette affaire que pour l’avantage qu’ils prétendaient en tirer : ils désignaient par là le duc de Savoie. {e} Cette retenue, fort juste sans doute, fut bien cause en partie que les choses ne < se > passèrent pas à Naples comme on avait espéré, car le duc d’Ossone voulait être ouvertement assisté avant que se déclarer. À quoi on eût pourtant trouvé des expédients qui se fussent accommodés à son intention et à celle du Conseil de Sa Majesté, car, outre que l’affaire s’ajustait au fond, le duc de Savoie et le maréchal, {f} tous deux excellents maîtres en l’art de traiter les grandes choses, eussent bien suppléé au reste. Mais ce qui la perdit entièrement fut la jalousie que Luynes avait conçue contre Déageant, {g} auquel ayant fait dire qu’il ne désirait pas plus longtemps la continuation de son ministère, ce qu’on trouva fort étrange après les signalés services qu’il en avait reçus, ceux qui traitaient avec lui de la part du vice-roi, s’étant rebutés par ce changement et ne voulant pas recommencer avec un autre ministre une négociation déjà faite avec celui-ci, qui avait leur secret et leur était agréable, abandonnèrent tout et se retirèrent là-dessus. Déageant, qui savait l’importance de cette affaire, et qu’elle dépendait en partie de la prolongation de son emploi, avait bien véritablement tâché de le faire durer seulement jusqu’à ce qu’elle fût ou achevé ou rompue ; après quoi, il consentait à se retirer. Mais Luynes préférant, par une déraisonnable passion, son intérêt particulier à tout autre, ne s’y put accorder et ne fut point en repos qu’il ne l’eût éloigné de la cour. »
- Louis Videl (1598-1675).
- Grenoble, Jean Nicolas, 1649, in‑8o de 944 pages ; première édition à Paris, 1638.
- Louis xiii.
- Philippe iii.
- Charles-Emmanuel ier de Savoie, qui a régné de 1580 à 1630 (v. note [10], lettre 45).
- Lesdiguières.
- V. notes [15], lettre 205, pour Charles de Luynes, et [31], lettre 349, pour Guischard Déageant, alternativement son complice et son rival dans la faveur du roi.
- Le poète italien Bartolomeo Tortoletti (1560-1647) {a} est notamment auteur de l’anonyme :
Ossuniana conjuratio qua D. Petrus Gyron, Ossunæ dux, regnum Neapolitanum (irrito tamen eventu) sibi desponderat. Una cum relatione stratagematis, quo Illustriss. cardinalis Borgia, designatus Duci successor, in eam Provinciam sibi additum et successionem fecerit
[Conjuration Ossonienne, par laquelle Pedro Giron, duc d’Ossone, avait cherché à s’emparer du royaume de Naples (mais sans y parvenir). Avec le récit du stratagème par lequel l’illustrissime cardinal Borgia, {b} successeur désigné du duc, se rendit dans cette province et prit sa succession]. {c}
V. infra note [42], pour les remarques du P. de Vitry sur Tortoletti.
- Le cardinal Borgia était Gaspar de Borja y de Velasco (1580-1645), nommé en 1611, qui fut capitaine général de Naples de juin à décembre 1620.
- sans lieu [Venise] ni nom, 1623, in‑4o de 42 pages.
Additions et remarques du P. de Vitry
(1702-1703, v. note [12] des Préfaces), pages 149‑150 :
« Il fallait dire Ossuniana conjuratio. J’en ai vu deux éditions : la première a pour titre Ossuniana conjuratio […], anno 1623, in 4. Allatius, qui dit que cet ouvrage est de Bartolomeo Tortoletti, ajoute que, quoique le lieu de l’impression ne soit pas marqué, ce fut cependant à Venise qu’elle se fit ; {a} l’autre édition est intitulée Motus Neapolitanus ob tergiversationem Ducis Ossunæ in Regni præfectura cardinali Borgiæ successori designato tradenda, anno 1623, in 4, {b} cette dernière est d’un caractère plus menu et plus serré que la précédente. Tortoletti devait retoucher à cette relation et en donner une histoire complète, si nous en croyons l’auteur cité ci-dessus, {c} mais je ne crois pas qu’elle ait paru. »
- « Allatius Ap. Urban. pag. 60 » (note de Vitry) : v. infra première notule {a} de la note [68] pour les Apes urbanæ [Abeilles citadines] de Leo Allatius (Rome, 1633) : la bibliographie de Bartolomeo Tortoletti et son commentaire y occupent les pages 59‑62.
- Le titre de cet ouvrage anonyme (lui aussi attribué à Tortoletti par Allati) se traduit par : « L’Émeute napolitaine provoquée par les tergiversations du duc d’Ossone pour céder la direction du royaume au cardinal Borgia, son successeur désigné. »
- « Allatius ibid. » (note de Vitry).
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