« Ci-gît Sigæa. Cela suffit : qui ignore le reste est un rustre, car il ne cultive pas les belles-lettres. »
- L’auteur de cette épitaphe est Andreas Rescondius (Fra Andrea Rescondio), moine historien, poète et prédicateur qui œuvrait à la cour des rois de Portugal au xvie s.
- L’Espagnole Luisa Sigea ou Sigeia de Velasco (Tarancon, province de Tolède 1522-Burgos 1560) s’est rendue célèbre par son immense érudition littéraire et sa grande beauté. Elle connaissait notamment le latin, le grec, l’hébreu, le syriaque et l’arabe, mais n’a laissé que quelques poèmes et lettres en latin, sous le nom de Aloysia Sygæa Toletana.
- L’article de L’Esprit de Guy Patin reprend le chapitre que les Éloges d’Antoine Teissier {a} ont consacré à cette remarquable Castillane (tome premier, pages 191‑192). Une addition y vante ses mérites, cite son épitaphe (en l’attribuant aussi à Rescendius, au lieu de Rescondius), puis conclut ainsi :
« Au reste, il n’est pas nécessaire de s’arrêter à faire voir que Louise Sigoia {b} n’a pas composé un livre abominable qui a paru en ce siècle sous son nom, car il est constant qu’elle n’a donné au public aucun ouvrage, et celui qu’on lui veut attribuer est entièrement indigne de cette illustre femme, qui ne fut pas moins recommandable par sa chasteté et par sa vertu, que par son érudition. »
- À la fin du xviie s. parut en effet un ouvrage scandaleux intitulé :
Aloisiæ Sigeæ Toletanæ Satyra sotadica, de arcanis amoris et veneris. Aloisia Hispanice scripsit : latinitate donavit J. Meursius.
[La Satire sotadique {c} d’Aloysia Sigæa de Tolède, sur les arcanes de l’amour et de la luxure. Aloisa l’a écrite en espagnol, et J. Meursius {d} l’a traduite en latin]. {c}
- Genève, 1683, v. supra note [13].
- Sic pour Sigeia.
- Dans le genre de Sotadès, poète grec obscène du iiie s. av. J.‑C.
- Johannes Meursius (Jan Van Meurs, v. note [9], lettre 443) a depuis été innocenté dans la production de ce livre.
- V.C., sans nom ni date, in‑12 de 171 pages.
Il s’agit d’un recueil de dialogues, de lettres et de poèmes érotiques extrêmement crus, que certains critiques qualifient de premier texte entièrement pornographique jamais publié. Les curieux pourront s’en faire une idée en feuilletant l’édition française anonyme attribuée à Nicolas Chorier (v. note [9], lettre 625), sous le titre de L’Académie des dames, ou les sept entretiens galants d’Alosia (Cologne, Ignace Le Bas, 1691, in‑12 de 324 pages, Gallica, sans les illustrations).
- V. note [34] du Patiniana I‑4 pour les talents intellectuels précoces d’une autre Espagnole, dénommée Juliana Morella.
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