Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 5 manuscrit, note 31.
Note [31]

Ludovico Iusto xiii Regi Christianissimo. Ad Christianæ rei Patrocinium. Dedicat Fr. Thomas Campanella, Ordin. Prædicat. tres hosce libellos, videlicet : Atheismus triumphatus, seu Contra Antichristianismum, etc. De Gentilismo non retinendo. De Prædestinatione et Reprobatione et auxiliis divinæ gratiæ Cento Thomisticus.

[Le Frère Tommaso Campanella {a} de l’Ordre des prêcheurs, {b} pour la protection qu’il exerce sur la chrétienté, dédie ces trois opuscules au roi très-chrétien, Louis xiii le Juste, à savoir : L’Athéisme triomphalement vaincu, ou Contre l’Antichristianisme, etc. ; Le Rejet du Paganisme ; un Centon {c} tiré des œuvres de saint Thomas d’Aquin sur la Prédestination, la Réprobation et les secours procurés par la grâce divine]. {d}


  1. V. note [12], lettre 467.

  2. Dominicains.

  3. Florilège de citations.

  4. Paris, Toussaint Dubray, 1636, in‑4o en deux parties de 273 et 334 pages.

Cette citation est tirée du premier des trois traités, chapitre xiii (première partie, page 184) ; {a} un plus long extrait (à la fin duquel j’ai mis en exergue l’emprunt du Borboniana) permet de mieux cerner le propos de Campanella :

Qui autem ab Astutia vel a Diabolo missi sunt, conveniunt. Inter Philosophos, vidi Protagoram, Gorgiam, Aristotelem, Epicurum, Hippiam, Homerum, Arium, Calvinum, Lutherum, et consimiles, qui ut lucrarentur honores vanos, ac divitias, et maioribus imcommodarent, scripserunt : et loquuti sunt de rebus, quas ignorabant. Religionem ludibrio exposuerunt ; et quicquid ipsi nescierunt, falsitatem, et vanitatem esse existimarunt : Quin et fraudulentiam, persimilem vafritiei ipsorum. Inter Legislatores, plurimos astutos invenio, qui aut ex ambitione propria, aut quia existimarunt, acta aliorum Legislatorum ex astutia manasse, et simulationes prudentum esse miracula, quo Populos in officio detinerent, deceptione quadam amorosa, aut perniciosa, finxerunt et ipsi sese a Deo missos esse, et miracula falsa fecerunt, et legem dederunt. Itat sentit Varro de cunctis Legislatoribus, et Prophetis. Averroes quoque, et Aristoteles putant, Legislatores omnes esse simulatores vafros, et prudentes propter sui utilitatem, aut populorum excitos. Hanc sententiam mordicus tuetur Machiavellus et liber de Tribus impostoribus impiissimus fovet.

[Mais ceux que la Ruse ou le Diable {b} a envoyés sont d’accord entre eux. Parmi les philosophes, j’ai lu Protagoras, Gorgias, Aristote, Épicure, Hippias, Homère, Arius, Calvin, Luther et leurs semblables, {c} qui ont écrit pour bénéficier de vains honneurs et de richesses, et pour importuner leurs prédécesseurs ; mais ils ont parlé de choses qu’ils ignoraient. Ils ont tourné la religion en dérision, et estimé que tout ce qu’ils ne savaient pas n’était que vanité et fausseté ; mais que dire de leur fourberie, qui n’a d’égale que leur subtilité ! Parmi les législateurs, {d} je trouve plusieurs fourbes : mus soit par leur ambition personnelle, soit par l’idée que la duperie avait seule permis de répandre les accomplissements des autres législateurs, et que leurs miracles n’étaient que feintes de gens bien avisés, pour tenir les peuples en respect, ceux-là, par quelque aimable ou pernicieuse tromperie, ont imaginé avoir été les envoyés de Dieu, et ont accompli de faux miracles et prononcé une autre loi. Voilà ce que Varron a pensé de tous les législateurs et de tous les prophètes. De même Averroès et Aristote estiment que tous les législateurs sont de rusés simulateurs, sagement animés par leur propre intérêt ou par celui des peuples. Machiavel défend cette opinion, qu’encourage le livre des trois Imposteurs, le plus impie de tous]. {e}


  1. Intitulé :

    Proponitur examen de persona Christi, aliorumque Legislatorum Nationum cæterarum : et inquirendas esse notas : quibus, quem Deus miserit, quem Diabolus, quem ratio, aut astuta propria, pernoscatur.

    [Où sont présentés un examen portant sur la personne du Christ et sur celles d’autres législateurs des autres peuples, ainsi que des questions à explorer, parmi lesquelles : qui Dieu ou le diable ont-ils envoyé ? comment discerner entièrement la bonne raison ou la malignité particulière qu’ils lui ont conférée ?]

  2. Le diable, ou malin, personnifie la ruse.

  3. À l’exception d’Arius, fondateur de l’arianisme (v. note [15], lettre 300), l’index de notre édition renvoie vers les notes qui concernent tous ces auteurs, que Campanella jugeait impies, comme tous ceux qu’il a cités plus loin.

  4. Mot à prendre au sens de ceux qui fondent les doctrines religieuses.

  5. V. infra note [32].

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 5 manuscrit, note 31.

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(Consulté le 24/04/2024)

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