À Charles Spon, le 14 mai 1649, note 35.
Note [35]

Louis de Vendôme (Paris 1612-Aix-en-Provence 12 août 1669), duc de Mercœur, était le fils aîné de César de Vendôme (v. note [17], lettre 54) et de Françoise de Lorraine-Mercœur, et donc petit-fils de Henri iv et de Gabrielle d’Estrées (v. note [7], lettre 957). Louis avait fait ses premières armes en Piémont aux côtés de Louis xiii en 1630, puis avait servi en Hollande avant de revenir en France après la mort de Richelieu (1642). La fidélité de Mercœur à la Couronne ne faillit jamais, du début à la fin de la Fronde. Duc et pair de France en 1649, il fut nommé vice-roi et commandant des troupes françaises en Catalogne (1649-1651). En 1651, il épousa Laure Mancini dans la chapelle du château de Brühl où son oncle, Mazarin, se trouvait provisoirement en exil. Le cardinal confia en avril 1653 le commandement de Provence à Mercœur ; il y enleva Toulon aux derniers frondeurs et fut ensuite nommé, jusqu’à sa mort, gouverneur de cette province. Après la mort de son épouse, qu’il aimait profondément, il entra chez les capucins et reçut le chapeau de cardinal en 1667 (R. et S. Pillorget).

Laure (ou Vittoria) Mancini (Rome 1636-Paris 8 février 1657), fille aînée de Michele Lorenzo Mancini et de Girolama Mazzarina (Hiéronyme Mazarin, sœur du cardinal), était arrivée à Paris le 11 septembre 1647. Avec son frère Paolo, sa sœur Olympe et sa cousine Anne-Marie Martinozzi, elle devint la compagne de jeux de Louis xiv et de son frère Philippe. Son mariage avec le duc de Mercœur ne put se faire qu’en 1651 à cause de la farouche opposition du prince de Condé. Après la Fronde, Laure mena une vie très pieuse, tantôt à la cour où elle était très appréciée par Anne d’Autriche, tantôt au château d’Anet où elle tenait compagnie à sa belle-mère, Françoise de Lorraine. Elle mourut brusquement à Paris. Son époux confia ses deux jeunes fils à Marianne Mancini, la plus jeune des quatre sœurs de Laure, et se retira de la cour.

Mme de Motteville (Mémoires, page 274) :

« En même temps se fit l’accommodement du duc de Vendôme, qui n’était point venu à la cour depuis qu’il en avait été chassé par l’établissement du cardinal Mazarin. {a} Il avait profité de ces désordres {b} en montrant qu’il n’approuvait pas le procédé audacieux de son fils le duc de Beaufort et qu’il désirait infiniment de devenir ami du ministre. Pour marque de ce désir, il proposa le mariage de son fils le duc de Mercœur avec l’aînée Mancini, nièce du cardinal. Cette proposition ne fut point refusée : elle était avantageuse au ministre et pouvait donner de grandes commodités à ce prince qui en désirait l’exécution afin de rentrer dans la faveur.
Cette guerre civile, où le cardinal Mazarin avait été maltraité, lui avait déplu. Il {c} trouva que des places et des alliances le rendraient plus considérable, et le mettraient en état de se pouvoir défendre par lui-même, sans mendier continuellement la protection du duc d’Orléans et du prince de Condé. En changeant de conduite, il devint plus intéressé qu’il n’avait été jusqu’alors et les mauvais tours de ses ennemis lui firent désirer de se faire redouter de ceux qui lui avaient fait beaucoup de peur. Par ces raisons, il traita avec le duc de Vendôme comme son ami ; et ce prince fut même reçu par la reine avec beaucoup de démonstration de bonne volonté. »


  1. 1643, cabale des Importants, v. note [15], lettre 93.

  2. La guerre de Paris.

  3. Mazarin.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 14 mai 1649, note 35.

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(Consulté le 09/12/2024)

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