À Sebastian Scheffer, le 24 mai 1665, note 54.
Note [54]

Pages 250‑251 (Paris, 1646), toujours sur le safran (v. supra note [52]), modifier comme suit la dernière ligne de la page 250 (§ 20) :

Fuit mulier quædam, inquit, quæ aliquot diebus la borarat in partu, et dedi illi in potu ʒ ij. Croci, et peperit statim. Et expertus fui postea sæpe, et semper ita. Hui, dicis in dosi tanta ! Mihi suspecta semper fuit fides librariorum, qui ʒ pro ℈ j. scripserint. Quis enim nisi audacissimus, daret ʒ ij. qui sciat ʒ iij. interficere ? Putarim igitur Rhasin heic potuisse summam dosin ℈ ij. et postea in hoc casu subsisti, vel in ℈ j. vel in ℈ ß [in hac dosi vel substitisse, vel ad ℈ ß. vel descendisse ad ℈ ß aut ad ℈ j. ascendisse] præsertim si quis det, ut Crato, cum ℈ ij ß. dictamni Cretici in vino odorifero.

[Je vis, dit-il, {a} une femme qui était en travail d’enfantement depuis quelques jours ; je lui fis boire 2 ʒ {b} de safran, et elle accoucha aussitôt. J’ai depuis souvent expérimenté ce traitement, avec toujours le même succès. Eh quoi, dis-tu, à une si forte dose ! J’ai toujours tenu pour peu dignes de confiance les libraires qui impriment ʒ au lieu de ℈. Qui donc, en effet, à moins d’être extrêmement téméraire, donnerait 2 ʒ en sachant que 3 ʒ sont mortelles ? {c} Je penserais donc que Rhazès a pu < administrer > la dose extrême de 2 ℈, puis, dans une telle situation, y a substitué soit 1 ℈, soit une demie ℈ (puis a substitué à cette dose soit une demie ℈, soit il l’a réduite à une demie ℈, soit il est monté jusqu’à 1 ℈) ; {d} surtout si, comme Crato, {e} on l’administre avec 2 ℈ et demi de dictame de Crète {f} en vin aromatique].


  1. Propos attribué à Rhazès (v. note [24], lettre 101).

  2. Une drachme (ou dragme, ʒ, 3,9 grammes) contient trois scrupules (℈, 1,3 grammes).

  3. La toxicité du safran est cérébrale (Henri-Simon-Pierre Gissey, Dictionnaire des aliments, vins et liqueurs…, Paris, 1750, tome iii, pages 313‑314) :

    « […] il faut prendre garde d’en abuser car il peut produire des effets dangereux. On a vu un homme qui en faisait trafic qui, pour en avoir trop mêlé parmi ses viandes, tomba dans un excès de rire qui pensa lui coûter la vie. Pris avec excès, il jette aussi dans des assoupissements dangereux ; et on a même trouvé des personnes mortes sur des sacs de safran, pour s’y être endormies pendant la nuit. »

  4. Cette correction ne deviendrait à peu près intelligible que si on y retirait vel ad ℈ ß., pour aboutir à « soit il l’a réduite à une demie ℈, soit il est monté jusqu’à 1 ℈ ».

  5. Johann Crato (v. note [2], lettre 845).

  6. Dictame (ou dictamne) : herbe crétoise très aromatique ; « ses feuilles, qui sont couvertes d’un certain coton épais, ont une vertu singulière pour délivrer promptement les femmes qui sont en travail d’enfant. […] Dioscoride [v. supra notule {c}, note [10]] dit que les chèvres, en mangeant de cette herbe, font sortir les flèches dont elles ont été percées et se guérissent » (Thomas Corneille). Outre le vrai dictame de Crète, il existait un faux dictame, ou dictame bâtard, dont les vertus vulnéraires étaient moindres.

La réédition de Francfort (1667, page 201) a intégralement appliqué la correction de Guy Patin, bien qu’elle fût inintelligible, tandis que le texte de 1646 semblait assez clair. Tout cela paraît bien léger, s’agissant d’un remède toxique qu’on prescrivait à des parturientes. Le point important est la confusion des imprimeurs entre les symboles de la drachme (ʒ) et du scrupule (℈).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Sebastian Scheffer, le 24 mai 1665, note 54.

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(Consulté le 04/12/2024)

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