V. note [28], lettre 293, pour Nicolas Richard. Ce paragraphe répondait sans doute à une question que Charles Spon avait posée dans sa dernière lettre sur l’activité anatomique de Jean ii Riolan, et que Guy Patin n’a pas jugée utile de répéter.
Les dissections anatomiques n’avaient lieu qu’en hiver, le froid permettant de conserver le cadavre dans des conditions acceptables pendant la quinzaine de jours nécessaire à son exploitation didactique complète (P.‑É. L.M., pages 254‑255) :
« Médecins, chirurgiens et barbiers avaient un égal besoin de cadavres pour enseigner l’anatomie à leurs philiatres. Cette distribution de cadavres avait été réglée par maints arrêts du Parlement. Tout d’abord on ne pouvait disséquer que les cadavres des suppliciés, et ces cadavres ne pouvaient être enlevés sans la permission du doyen de la Faculté qui donnait au bourreau trois livres pour chaque cadavre. De plus, un docteur régent devait assister à chaque anatomie, dissertant {a} et guidant de ses conseils le barbier chirurgien qui disséquait. »
- Haranguant.
Le docteur régent haranguait en latin (Maurice Raynaud, pages 289‑290) :
« Donc, les barbiers demandèrent un beau jour {a} à étudier l’anatomie, mais ici se présentait une difficulté. Les règlements universitaires étaient précis : les leçons publiques ne pouvaient se faire qu’en latin. Parler latin à des barbiers, cela ne les avançait guère. On décréta donc que l’enseignement serait donné en latin et les explications en français. Ce fut alors qu’au grand scandale des puristes, on vit s’introduire dans les Écoles, mais pour ce cas particulier seulement, ce latin bizarre, mis à la portée des ignorants, véritable langage macaronique {b} parlé, chose surprenante, par d’excellents latinistes ! Qui fut le plus indigné ? Naturellement, ce furent les chirurgiens. Ils suscitèrent de nouvelles chicanes, soutinrent que l’enseignement de l’anatomie leur appartenait en propre. Il se trouva des magistrats conciliants qui crurent tout arranger par une de ces demi-mesures qui ne satisfont personne : ils décidèrent que dans l’amphithéâtre de la Faculté, un docteur {c} enseignerait l’anatomie sans toucher au cadavre, qu’un chirurgien serait chargé des dissections, que les barbiers assisteraient aux leçons et tâcheraient de comprendre. C’était mettre les trois partis en présence et préparer pour l’avenir de nouveaux désordres. Cet arrêt maladroit fut rendu en 1498. »
- Au xve s.
- V. note [19], lettre 488.
- Régent de la Faculté de médecine ; v. note [10], lettre 8, pour l’amphithéâtre de la Faculté.
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