Annexe : Les deux Vies latines de Jean Héroard,
premier médecin de Louis xiii, note 75.
Note [75]

De l’Institution du Prince, par Jean Héroard, sieur de Vaugrigneuse, conseiller et secrétaire du roi, médecin ordinaire de Sa Majesté et premier de Monseigneur le Dauphin. À Monseigneur le Dauphin {a} est une recueil de six dialogues (Matinées) entre l’auteur et Monsieur de Souvré {b} sur la manière de veiller à l’éducation physique et morale du dauphin.

Dans le contexte universitaire parisien, l’édition latine m’a plus intéressé :

De Institutione Principis. Liber singularis. Ex Gallico Ioannis Heroardi, Ludovici xiii. filii Henrici Magni, et Galliarum Regis Consilarii et Archiatri, in Latinum vertit Ioannes Degorris, Consiliarius et Medicus Regius.

[De l’Institution du Prince. Livre particulier écrit en français par Jean Héroard, conseiller et archiatre de Louis xiii, roi de France, fils de Henri le Grand, que Jean Des Gorris, {c} conseiller médecin du roi, a mise en latin]. {d}

Datée de Paris, le 24 février 1617, l’épître de Des Gorris à D.D. Heroardo, Ludovici xiii. filii Henrici Magni, et Galliarum Regis Consiliairio et Archiatro [M. Héroard, conseiller et archiatre de Louis xiii, roi France, fils de Henri le Grand] montre que le dédicataire ne répugnait pas à être enseveli sous les éloges :

Nec fucum facio, Vir Amplissime, non palpum obtrudo, hæc mea de tuo libello censio est, cum lectissima, haud ita pridem, eruditorum corona, a quibus laudatis viris laudari, rara est messiss ingenii : Et tuarum insuper laudum cumulus accessisset, si quod ego id ipsum tentasses ; quo nemo melius, ætate nostra, monetam Latiaris eloquii Tulliana incude fingere didicit.

[Je ne vous jette pas de poudre aux yeux, très éminent Monsieur, ni ne vous gave de flatteries : tel est bien mon avis sur votre petit livre, avec la couronne des savants de tout premier ordre qui vous a naguère été décernée, {e} car c’est une rare moisson du génie que d’être loué par de louables personnages. Et l’amoncellement de vos louanges aura encore augmenté, si vous êtes enclin à croire que j’y ai ajouté quelque chose ; matière où nul, en notre siècle, n’a mieux appris à frapper une médaille sur l’enclume cicéronienne de l’éloquence latine]. {f}


  1. Paris, Jean Jannon, 1609 in‑8o de 307 pages.

  2. Gilles de Courtenvaux de Souvré (1540-1626), maréchal de France et précepteur du dauphin.

  3. Jean iii Des Gorris (v. note [3], lettre 225) a été pendant toute sa vie le courageux étendard du minuscule groupe des régents calvinistes au sein de la Faculté de médecine de Paris, où il avait été reçu docteur régent en 1608. En faisant appel à lui pour traduire son livre, Héroard n’avait pas dû tout à fait oublier ses propres racines religieuses.

  4. Ibid. Robert Estienne, 1617, in‑8o de 166 pages, dans une typographie beaucoup plus serrée que l’édition française.

  5. Héroard voulait rendre sa prose lisible par toute l’Europe, mais ne devait ni bien maîtriser le latin (v. infra note [97], pour un distique qu’il a forgé dans cette langue) ni être fort introduit dans le monde lettré pour devoir faire traduire son livre par un jeune docteur régent calviniste parisien (reçu en 1608).Tout premier médecin du jeune roi qu’il était, Héroard eût sans doute fort peiné à trouver un membre catholique de la Faculté de médecine de Paris pour consentir à un tel exercice, car il était gradué et natif de Montpellier.

  6. La charge de premier médecin de Louis xiii en 1610.

  7. Emprunt fort immodeste de Des Gorris au grandiloquent latin de Symmaque (v. note [11], lettre 407), Correspondance, livre i, lettre iv, à son père :

    Unus ætate nostra monetam Latialis eloquii Tulliana incude finxisti.

    [Toi seul, en notre siècle, as frappé une médaille sur l’enclume cicéronienne de l’éloquence latine].


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Annexe : Les deux Vies latines de Jean Héroard,
premier médecin de Louis xiii, note 75.

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(Consulté le 20/04/2024)

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