À Johann Georg Volckamer, le 6 septembre 1663, note 8.
Note [8]

V. note [13], lettre 407, pour Denis Lambin, dont je n’ai pas trouvé les propos sur la Pucelle d’Orléans.

Les deux autres témoignages cités par Guy Patin n’attestent que de son parti pris (qui rejoignait celui de Gabriel Naudé, v. note [17], lettre 925).

  • Bernard de Girard du Haillan {a} a consacré de nombreuses pages du xxiie des 24 livres de son Histoire de France {b} à louer la sainteté et le courage de la Pucelle. Il faut l’avoir lu avec de singulières œillères pour dire qu’il l’a taxée de duperie ou de sorcellerie, hormis quand il rapporte les avis de ses ennemis, comme aux pages 1187‑1188, sur la condamnation « à prison perpétuelle, au pain de douleur et eau de tristesse » prononcée par les juges ecclésiastiques :

  • « Voilà une belle grâce faite à celle qui méritait plus de louange que de blâme, et de récompense glorieuse que de condamnation tant ignominieuse ; mais attendez {c} la malice de ces juges, car voyant que les Anglais n’étaient point contents que Jeanne fût quitte pour une prison perpétuelle, à cause que follement ils croyaient ce que Catherine de la Rochelle {d} avait dit que si on ne la dépêchait, bientôt elle serait délivrée, lui mirent sus qu’elle était retombée en son premier erreur {e} et avait repris ses habillements d’homme ; et là-dessus, lui y firent faire son procès, l’excommunient et condamnent pour hérétique ; la sentence contre laquelle secondement jetée je laisse, comme ne servant que de redite. Tant y a qu’elle fut livrée par icelle sentence au bras de justice séculière selon que le requéraient les seigneurs anglais, qui menaçaient les docteurs de mort si Jeanne ne leur était livrée ; tel étant le plaisir et la volonté du duc de Bedford {f} et de tous les capitaines. Adonc elle fut brûlée sans autre forme de procès que celle que l’évêque lui avait faite ; {g} et s’en allant de ce monde, laissa la vengeance sur le front des Anglais, et le bonheur qui suivit de mieux en mieux les affaires du roi Charles vii. Alors qu’elle fut condamnée, il y eut un religieux de l’Ordre des frères prêcheurs, nommé frère Pierre Bosquier, lequel dit et prêcha que tous ceux qui avaient assisté et consenti à ladite sentence étaient pervers et mauvais juges, et que la justice de Dieu les punirait de leurs fautes. Contre cestui {h} s’aigrirent Messieurs des officialités et le consistoire des inquisiteurs, de telle sorte que le pauvre Bosquier fut appréhendé, et peu s’en fallut qu’on ne le fît mourir, tant la justice était vivement enracinée au cœur de ces sanguinaires ecclésiastiques, tant ils en voulaient à Jeanne et à ceux qui tenaient le parti du roi ; mais à la fin, il fut quitte en faisant amende honorable et se dédisant publiquement de ce que publiquement aussi il avait proposé ; et fallut qu’il tînt prison au pain et à l’eau jusqu’à Pâques, lui étant fait son procès au mois d’août l’an 1431. Telle fut la fin de cette Pucelle qui était l’épouvantail, le spectre et l’étonnement des Anglais, par lesquels et par les Flamands, alors ennemis des Français, et par le pape Pie ii, et par Antonin, évêque de Florence, {i} elle est grandement louée, bien que quelques-uns interprètent cela à une religion simulée comme ci-dessus nous avons dit. Les habitants de la ville d’Orléans, qui la louent et honorent merveilleusement, dressèrent sur leur pont sa statue armée, mais en l’an 1562, étant ladite ville assiégée par l’armée du feu roi Charles ix sur des protestants qui la tenaient, ladite statue fut emportée d’un coup de canon de ceux de dehors ; et depuis, en a été faite une autre semblable. »


    1. V. note [19], lettre 925.

    2. Paris, Pierre l’Huillier, 1576, in‑fo de 1 302 pages.

    3. Considérez.

    4. Rivale de Jeanne d’Arc auprès du roi, qui condamnait les procédés belliqueux pour le servir.

    5. Ancien emploi du mot erreur au masculin.

    6. Jean de Lancastre, frère puîné du roi Henri v d’Angleterre.

    7. Pierre Cauchon, évêque de Beauvais. L’exécution de Jeanne d’Arc eut lieu le 30 mai 1431.

    8. Cet homme.

    9. V. note[3], lettre 344 pour le pape Pie ii (Enea Silvio Piccolomini) qui a régné de 1458 à 1464.

      Saint Antonin de Florence (Antonino Pierozzi de Forciglioni), archevêque de Florence en 1446, mort en 1459, fut canonisé en 1523.

  • V. note [5], lettre 980, pour ce qu’a dit Étienne Pasquier (Stephanus Pascasius dans le manuscrit) en faveur de Jeanne d’Arc et contre ses détracteurs, dans ses Recherches de la France (1621).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Georg Volckamer, le 6 septembre 1663, note 8.

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(Consulté le 26/04/2024)

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