Didier GRANIER

L’Hôpital de la Salpétrière au XVIIIe siècle

 

Nous connaissons Robert Bunon essentiellement à travers son œuvre, en particulier le chapitre préliminaire de son traité le plus important : « Expériences et démonstrations faites à l’hôpital de la Salpétrière… » Même si ce n’est pas à proprement parler une autobiographie, cela reste un témoignage important sur l’exercice de la dentisterie au début du XVIIIème siècle et sur les préoccupations des praticiens « éclairés » de l’époque.

Robert Bunon est né en 1702, il y a tout juste 300 ans, à Châlon en Champagne.

Et si ce siècle avait 2 ans, la chirurgie dentaire moderne, elle, n’en n’avait que 3.

C’est en effet en 1699 que Louis XIV crée par édit royal, dans le cadre de la chirurgie, des corps nouveaux : les experts. Experts oculistes, dentistes, herniaires, lithotomistes, etc. qui seront examinés et approuvés par les collèges de chirurgie. »Il promettront de se vêtir décemment, sans bigarrure, ni rien qui ressente le charlatant.Il n’iront point annoncer leur talent dans les rues, les places publiques, les marchés, les foires… »

L’expert pour les dents est un praticien respectable, spécialiste reconnu qui se démarque officiellement de l’arracheur de dents.

Parmi les causes favorables qui ont contribué à l’éclat de la chirurgie au 18ème siècle arrive en tête le rôle de l’Académie de Chirurgie.

En 1731 à l’instigation de son premier chirurgien Louis XV signe l’acte de fondation de la »Société Académique de Chirurgie », sise rue des Cordeliers.

Elle était ouverte à tous les praticiens du royaume : maîtres et experts en étaient membres de droit.

Lors des séances hebdomadaires, le Jeudi, ceux qui désiraient faire connaître leurs travaux disposaient d’une large audience.Publié en 1728 pour la première fois, le »chirurgien dentiste » de Fauchard est commenté et apprécié.

Bunon, Bourdet, puis Jourdain plus tard fréquenteront les séances de l’Académie et leurs noms figureront dans les volumes qu’elle publie tous les ans et que lit l’Europe savante.

Quand Robert Bunon y nait en 1702, Châlon est une ville importante, siège de l’intendance et de la généralité de Champagne.

Ville commerçante, Châlon eut très tôt vocation hospitalière.Châlon était également ville frontière et en ce début de XVIIIème siècle, « l’attention générale était absorbée par cette grande guerre de succession d’Espagne »écrit Édouard de Barthélémy dans son histoire sur Châlon. Il ajoute :

« Durant cette période tous les maux semblaient se réunir pour accabler la France:guerre, disette, émeutes pour le grain ».

La ville se trouvait donc perpétuellement traversée et surchargée de troupes qu’il fallait loger, sans compter la présence continuelle de prisonnier que le roi cantonnait à Châlon et de blessés soignés dans les hôpitaux.

C’est dans cette atmosphère que se déroula l’enfance du jeune Robert.

Pour la suite, c’est au chapitre préliminaire de son dernier livre qu’il faut se référer.

Très jeune, nous dit-il, il reçut »quelques ouvertures sur la partie de la chirurgie qui concerne le dentiste ».

Dans l’intention d’approfondir ses connaissances et de perfectionner son art, il parcourt « différentes provinces, plusieurs ports de mer et les pays étrangers… le pays de Liège et principalement Anvers, Bruxelles, Valenciennes et les villages des Flandres ».

Pendant plusieurs années il travaille ainsi en différentes paroisses, « ôtant sans cesse des dents entièrement cariées ou ébranlées par l’effet du tartre ou autre chose » et il se convainc de plus en plus de l’insuffisance d’un art qui n’allait pas à la source du mal.

Il consulte en vain médecins, chirurgiens, opérateurs.Il se lie avec un « célèbre » dentiste, dont il ne peut découvrir que… l’ignorance.

Il emploie un temps considérable à parcourir, avec l’aide de quelques savants précise-t-il, une infinité d’auteurs latins, italiens, allemands, anglais… qui ne lui en apprennent guère plus.

De cette époque, Bunon a fixé les grandes lignes de sa recherche : prévenir pour conserver au lieu de détruire, et pour cela rechercher et découvrir l’origine du mal grâce, je cite: « à l’expérience et à la réflexion, à cette habitude de réfléchir et au génie observateur qui conduisent aux découvertes ».

Se trouvant à Anvers, il apprend la parution du livre « Le chirurgien dentiste » de Pierre Fauchard, opérateur déjà de grand renom.

Il le cherche en vain chez les libraires d’Anvers puis de Bruxelles.

A Maubeuge, peu de temps après, il voit ce livre dans les mains d’un opérateur qui l’avait apporté de Paris et dont, dit-il « il était si jaloux que j’eus toutes les peines du monde à pouvoir en disposer une heure ou deux seulement ».

Enfin il peut en faire l’acquisition à Givet où il se trouvait alors.Ce livre lui parait le plus complet et le meilleur ouvrage qui eût encore paru sur cette matière, mais pose plus de problème qu’il n’en résout.

Il entreprend donc de rédiger « un grand ouvrage réunissant des observations multiples, exactes, suivies mais confirmées principalement par des faits et des expériences réitérées. »

« Mon plan, écrit-il, était d’observer la naissance et les progrès des dents, avec tout ce qui pouvait y avoir le moindre rapport, depuis leur germe dans le fœtus jusqu’à l’âge le plus avancé. »

Il continue à parcourir les provinces, intéressant à son entreprise médecins et chirurgiens de campagne et d’hôpitaux, sages femmes, maîtresses et maîtres d’écoles et même les curés.

« Je fis, dit-il, par ce moyen un nombre infini d’observations dentaires, tant sur les vivants que sur les morts et je n’en adoptais aucune qu’après bien des répétitions qui m’en garantissaient l’exactitude. » »

Enfin il s’installe à Paris et se présente en 1737 à Saint-Cosme où il est « examiné et reçu chirurgien-dentiste en cette ville »

Il se mariera, aura une fille en 1741, un garçon en 1742 et un second fils en 1744.

C’est alors qu’il rédige, avec l’aide d’un grammairien, son « essai sur les maladies des dents »

Pour se faire connaître il commence par publier en 1741 dans le Mercure deux « dissertations » :

  • « Dissertation sur un préjugé très pernicieux concernant les maux des dents qui surviennent aux femmes grosses. »
  • « Dissertation sur un préjugé concernant les dents œillères. »

Il se dispose ensuite à publier son ouvrage principal et en remet le manuscrit à « l’illustre chef de la chirurgie »M. de La Peyronie. Celui-ci, fort intéressé, garde le manuscrit deux mois et permet à l’auteur de le publier sous ses auspices « aux conditions de faire preuve des vérités physiques qu’il contenait sur les sujets de toute espèces »

Mr Caperon, dentiste de sa Majesté, en prend connaissance et le garde huit jours.

Expériences et démonstrations faites à l’hôpital de la Salpétrière (1746) et Essai sur les maladies des dents (1743)

 

L’Essay paraît en Mars 1743. Le journal de Trêvoux (publié par les jésuites) y consacre une page en Mai 1743.

« Il ne me restait plus, écrit Bunon, qu’à chercher les moyens de satisfaire à ce que M. de La Peyronie avait exigé de moi. »

Il y tient d’autant plus qu’il se heurte à l’incompréhension, l’ironie, la jalousie, l’hostilité même de ses confrères et que, sur ce qu’il avance, il veut convaincre.

C’est à l’hôpital de la Salpêtrière que M.Veyret, alors « gagnant maîtrise en chirurgie » offre de lui donner les entrées libres et de l’aider dans le choix des sujets, du premier âge à la vieillesse.

La Salpêtrière était l’un des cinq établissements rattachés à l’Hôpital Général avec la Pitié, Scipion, Bicètre et La Savonnière.

Le rôle de l’Hôpital Général n’était pas d’héberger des malades, c’était alors la vocation de l’Hôtel-Dieu, mais de lutter contre les désordres et l’insécurité.

Voici les termes de l’édit royal de 1657 portant création de l’Hôpital Général :

« Le mal s’étant accru par la licence publique et le dérèglement des mœurs, à la suite des désordres et des malheurs des guerres, agissant par le seul motif de la charité…les pauvres mendiants, valides et invalides, de quelque âge qu’ils soient, seront renfermés et employés aux ouvrages, manufactures et autres travaux…Voulons que les lieux servant à enfermer les pauvres soient nommés Hôpital Général. » Et le 14 Mai 1657, à la suite d’une « rafle » bien organisée, furent renfermés tous ceux dont l’existence pouvait perturber l’ordre social:pauvres, vagabonds, mendiants…et bientôt les enfants trouvés. Au XVIIIéme Siècle La Salpêtière est une véritable ville dans la ville, avec église, ateliers, manufacture, boutiques, école et prison.On peut estimer sa population de 10 à 15 000 personnes.

C’est donc là que Bunon commence ses observations.Tant qu’il s’agit d’enfants, tout alla bien. »Mais, dit-il, la scène changea bien vite dans les autres salles remplies de sujets plus âgés et d’une pétulante jeunesse…Les uns prétendaient, qu’abusant de l’état des pauvres, je venais faire un abattis de leurs dents et en arracher à discrétion ad hoc pour trouver, à force d’expérience, les moyens d’en ôter aux riches, sans leur faire de mal.D’autres pensaient que le but de mes visites était de choisir des sujets propres à peupler les îles et qu’à l’inspection de leurs bouches je discernerais les sujets les plus sains.Ce qui le prouvait, selon eux, était l’attention d’inscrire leur âge, leurs noms et surnoms ».

Impossible donc de continuer dans ces conditions.Il lui faut se munir d’une autorisation officielle émanant d’une autorité supérieur.

Il adresse une demande à M.le Procureur Général.

Quelques mois plus tard, il reçoit de M. le Procureur Général un courrier le convoquant en son Hôtel le jour même à six heures du soir.

Bunon, qui exerçait à son domicile, avait ce jour là à l’heure indiquée la salle pleine de monde et était occupé par M.le Comte de Mortemar et un autre seigneur.

Présenté officiellement aux administrateurs, aux chirurgiens, aux officières et femmes de salle, il lui est maintenant possible de se livrer aux expériences et aux observations qu’il projette.

« Mais, écrit-il, j’eus besoin de tout mon courage pour achever cette pénible entreprise…Je ne trouvais de toutes parts que de nouveaux dégoûts à essuyer…On comprend tout le danger où j’étais exposé par rapport aux incommodités dont la contagion est presqu’inévitable avec des sujets tels que ceux que j’avais à manier…Je ne les approchais point sans frémir.Je ne conçois pas encore moi-même comment j’ai pu éviter un mal aussi communicatif parmi 4 à 5000 sujets…que je touchais et retouchais, suivant qu’il était nécessaire pour reconnaître l’état de leur bouche ».

Autre difficulté:plusieurs des sujets examinés, par crainte, déguisaient leur nom ; d’autres mouraient ou quittaient l’hôpital.Il fallait donc refaire de nouvelles visites pour remplacer les sujets manquants.

Enfin, tout est prêt et il ne reste plus qu’à convier M.de La Peyronie.

« Le 10 Avril 1744, écrit Bunon, M.de La Peyronie me fit avertir que le lendemain il se transporterait à la Salpêtrière pour voir mes démonstrations, entre neuf et dix heures du matin et qu’il y resterait jusqu’à midi.Je me rendis à l’instant dans cet Hôpital pour disposer tout…

Les sujets de la Salpêtrière ayant été tous assemblés dès huit heures du matin, je les fis
ranger dans la salle de la façon la plus commode pour les faire promptement paraître et je n’attendis plus, après ces préparatifs, que l’arrivée de M.de La Peyronie…qui arriva vers midi.

On passa sur le champ dans la salle où devaient se faire les démonstrations. J’avais avec moi deux hommes, l’un pour faire l’appel des sujets inscrits sur mon catalogue et pour annoncer successivement les cas dont j’avais à faire les preuves, l’autre pour faire la lecture des articles de mon Essay(s’y rapportant)…

M.de La Peyronie recommanda aux chirurgiens en chef des hôpitaux de me faire donner tous les cadavres dont j’aurai besoin pour former la preuve la plus complète du cas singulier de l’érosion dont les assistants paraissaient désirer un plus ample éclaircissement…et, comme ses affaires l’appelaient ailleurs, il chargea M. Louis, Maître ès Arts, Chirurgien Aide Major des Camps et Armées du Roy, de continuer l’examen des sujets que son temps ne lui permettait pas de suivre ».

Il lui faut ensuite communiquer et faire vérifier ses expériences à l’Académie Royale de Chirurgie. Ces nouvelles expériences eurent lieu à partir du 21 avril au collège de chirurgie de Saint-Côme. Le rapport des commissaires de l’Académie est soumis à Bunon en Octobre. Ses observations sont prises en compte puisqu’il écrit: »Je les amenai au point de me rendre toute la justice que j’attendais de leur lumière et de leur équité ».

Le rapport est soumis à l’Académie au cours de sa séance du 5 Novembre.

Après délibération, le Directeur déclare que: « L’Académie donne authentiquement son approbation à ses découvertes, ainsi qu’aux démonstrations et aux expériences faites pour les justifier ».

L’approbation de l’Académie, signée par Quesnay, alors secrétaire de l’Académie, est délivrée à Bunon au début Février 1745. Un an plus tard paraîtront ses « expérience et démonstration faites à l’hôpital de la Salpétrière… »

En 1747 il est nommé dentiste de Mesdames, il meurt un an plus tard, le 25 Janvier 1748 « Célèbre dentiste, que la mort a trop tôt enlevé pour l’honneur de l’Art du dentiste »écrira Anselme Jourdain, important dentiste de la fin du XVIIIème siècle.

A-t-il été victime d’une de ces maladies dont il brava la contagion pour faire ses observations à la Salpétrière? Je ne peux l’affirmer…

Il laisse une femme et trois enfants.Il ne semble pas qu’il ait amassé une grande fortune.
Sa veuve continua le commerce de quelques dentifrices et en 1769 céda ses droits à son fils.

SON ŒUVRE

L’oeuvre de Bunon est essentiellement consacrée à l’étude des causes premières des malformations et des maladies, ainsi qu’aux techniques de prévention.

On peut reconnaître en Bunon un précurseur de la pédodontie.

Si Bunon n’est pas le premier à dire que les enfants en bonne santé percent leurs dents facilement et que la santé de l’enfant est liée à celle de la nourrice, il est bien le premier à signaler que, je cite: »Tous ces accidents-à la sortie des dents-seraient moins fréquents si on les prévenait de longue main et si les femmes qui se trouvent enceintes avaient pendant leur grossesse un peu plus d’attention sur elles-même… Il est sûr que la constitution de la mère, qui influe sur toutes les parties de l’enfant à mesure qu’elles se formes et s’accroissent, fait le même effet sur le germe des dents ».

Il met également en évidence la relation entre les maladies de l’enfance et les anomalies de
structure dentaire qu’il nomme érosion.

Fauchard avait déjà décrit ce phénomène mais Bunon est le premier à en rechercher les causes. Après avoir observé à la Salpétrière de nombreux cas d’érosion, il conclue que, je cite: « L’érosion est un des effets les plus ordinaire des maladies de l’enfance, outre les rikais(les enfants rachitiques) et ceux qui ont eu la rougeole, la petite vérole ou le scorbut… je ne veux pas dire que l’érosion soit inévitable à tous ceux qui ont eu ces mêmes maladies, je soutiens seulement qu’elle en est une suite et l’effet le plus ordinaire.C’est avant la sortie des dents et dans le temps que la couronne est encore sous la gencive et dans l’alvéole que se forme l’érosion ; les racines n’en sont jamais atteintes ».

Il montre que les dents des enfants atteintes d’érosion sont prédisposées à la carie: »il est important, écrit-il, de faire examiner les dents des enfants le plus tôt possible, pour en reconnaître l’état et prévenir ou arrêter la carie par le moyen du plomb et par l’opération de la lime ».

Bunon signale le risque de contamination de la carie.Je cite: »Lorsque les molaires de lait sont cariées par leur partie latérales, elles peuvent produire beaucoup de désordre par la communication de leur carie sur les dents voisines …Celles-ci produisent le même effet sur les secondes dents et la carie circule ainsi, quoiqu’elle ne se fasse sentir ou apercevoir que plusieurs années après.On peut éviter cette contagion et ses suites en ôtant à propos les dents de lait cariées, ou en les limant suivant l’exigence des cas ».

Il comprend très bien le risque de mortification pulpaire et conseille de conserver, autant qu’il est  possible, l’intégrité de la pulpe et dans ce but il met au point une thérapeutique de dernier recours semblable aux actuels « coiffages pulpaires » en utilisant des essences de cannelle ou de girofle.

Bunon consacre un important chapitre à ce qu’il appelle »le bon arrangement des dents ».

« il est très important, écrit-il, d’abord de procurer aux dents un bon arrangement dans le temps de la chute des dents de lait ».

Les règles qu’il préconise, les techniques qu’il emploie sont très proches des nôtres.

  • Maintenir en place les dents de lait le plus longtemps possible tant qu’elles ne nuisent pas à la pousse des secondes dents.
  • Mais dès que l’on remarque que les mâchoires d’un enfant n’ont pas l’étendue suffisante, il convient de retirer les dernières molaires de lait.
  • Et si les mâchoires de l’enfant ne se développent pas suffisamment, on procédera à l’extraction de quelques prémolaire car , écrit Bunon, « il vaut mieux avoir une dent ou deux en moins dans chaque mâchoire, pourvu qu’il en soit dédommagé par un arrangement convenable, que d’avoir toutes ses dents complètes, mais rangées confuséments et mal à l’aise ».
  • Si nécessaire, on recourra aux fils, aux cordonnets, aux lames d’or ou d’argent.

Il insiste sur l’importance d’une bonne occlusion et il décrit avec précision ce que nous appelons aujourd’hui le SADAM. Pour y remédier, il pratique des meulages sélectifs.

Enfin, le chapitre qu’il a intitulé: »inconvénients à éviter dans l’enfance pour la conservation des dents », pourrait encore être lu avec profit par les parents et par les dentistes.

Aux premiers il conseil d’inspirer à leurs enfants « de bonne heure du goût pour la propreté de la bouche et l’aversion que l’on doit avoir pour les dents sales et mal rangées ».

Et à l’homme de l’art, il conseil d’apporter un soin très particulier aux bouches des enfants.

Pour conclure, je citerai les quelques lignes par lesquelles Bunon termine son « essay sur les maladies des dents »

« Après avoir établi les moyens de prévenir dès l’âge le plus tendre les maladies des dents, si funestes au repos et à la tranquillité de la vie, je n’ai plus que des vœux à former pour que des moyens si sûrs et si simples ne soient pas négligés par les pères et mères que mon ouvrage intéresse principalement.

J’écris dans le sein d’une grande ville où les secours de toute espèce ne manquent point ; mais comme j’ai offert gratuitement ceux de ma main et de mes remèdes à toutes les personnes hors d’état de se procurer un soulagement qui, dans un situation difficile, coûte toujours trop cher ; en réitérant encore les mêmes offres, j’invite surtout les pères et mères, qui pourraient se trouver dans le cas, de ne point épargner à leurs enfants les secours qui dépendront de moi.

J’observerai toujours inviolablement cette espèce d’engagement que j’ai contracté avec le public, à l’exemple de plusieurs de mes confrères ; et je ne diminuerai jamais rien, ni de mon désintéressement, ni de mon attention ».