Marguerite ZIMMER

Le 27 mars 1910, par un temps splendide, a lieu à Paris, place de Etats-Unis, un événement hautement symbolique pour la chirurgie dentaire et pour l’anesthésiologie. L’affaire est de taille puisqu’il s’agit de l’inauguration par la FDI d’un monument dédié à Horace Wells, chercheur malheureux de Hartford dans le Connecticut, dont la découverte est encore contestée de nos jours. Sous le patronage du Président du Conseil et de nombreuses personnalités politiques, du Président de l’Association Dentaire Française, Francis Jean, du Secrétaire général, Maurice Roy, du Directeur de l’Ecole dentaire de Paris, Charles Godon, du physiologiste Dastre, du Président de l’American Dental Club de Paris, Jenkins, du délégué des dentistes allemands, Ernst Jessen, et de plusieurs autres membres de la profession, Horace Wells trouvait enfin par cette manifestation inhabituelle toute la reconnaissance qu’il méritait. Sur la face latérale droite de l’embase du monument, le sculpteur Bertrand-Boutée avait tenu à rendre hommage au grand savant Paul Bert.

Les progrès scientifiques avant la Grande Guerre

Les recherches de Joseph Porter Michaels, de Willoughby Miller, de Léon Williams et de Greene Vardiman Black avaient certes montré que la salive jouait un rôle prépondérant dans l’évolution carieuse. Cependant, les questions relatives à l’étiologie de la carie dentaire, à la prophylaxie de la pyorrhée alvéolaire et aux pathologies pulpaires et sinusales continuaient à alimenter les rubriques scientifiques des revues dentaires de la deuxième décennie du XXème siècle.

L’habitude qu’avaient les animaux de lécher leurs plaies avait fait croire aux propriétés antiseptiques de la salive. En 1908, Black les avait réfutées et le 8 février 1910, Edward C. Kirk (de Philadelphie) réexaminait la question devant ses pairs de l’Etat de New York. Kirk pensait qu’il fallait orienter les recherches vers une voie différente pour expliquer les facteurs d’immunité et de susceptibilité constatés chez certains patients. Il considérait que :  » les changements dans la composition de la salive dus à des variations de l’état de nutrition de l’individu doivent exercer une profonde influence sur la croissance des bactéries dans la bouche entre divers individus ou chez le même à diverses époques « . C’était poser le problème de la consommation des hydrates de carbone ! C’était aussi émettre l’idée de pouvoir solutionner le problème du phénomène carieux en surveillant le régime alimentaire !

En théorie, tous les auteurs admettaient que la pyorrhée alvéolaire dépendait de l’état général du patient. Jusque là, Malassez, Galippe (en 1883-84) et Baume (en 1903) avaient pensé que le seul moyen efficace de remédier aux lésions pyorrhéiques était d’ordre chirurgical. On grattait méticuleusement les racines, puis on les immobilisait, de manière à assurer une consolidation radiculaire. En 1904, W. J. Younger, aux Etats-Unis, transplante un greffon gingival prélevé sur le tissu marginal d’une dent de sagesse et tente de remédier à la perte gingivale occasionnée par la rétraction du parodonte.

Un jour, Joseph Head laissa tomber une dent extraite et entartrée dans un récipient contenant de l’acide fluorhydrique. Le lendemain, il constatait que les calculs sériques avaient été dissous sans que la dent en ait été affectée. Suite à cette expérience, J. Pailliottin et Kritchewski eurent l’idée de porter une attention particulière au bifluorure d’ammoniaque, encore appelé fluoram. Ce composé avait la propriété de décomposer chimiquement les calculs sériques, de favoriser la phagocytose et d’être antiseptique. Pailliotin et Kritchewski pensaient que le fluoram pourrait dans certains cas être un auxiliaire précieux pour lutter contre la pyorrhée alvéolaire.

En février 1912, G. B. Harris, de Detroit, suggère de préparer des vaccins autogènes et de faire des injections locales dans le cas de pyorrhées à staphylocoques pyogènes aureus et à staphylocoques albus. Vers la fin de la même année, G. D. Laymon et J. K. Kingsburg, d’Indianapolis, se pencheront sur le mode de préparation, puis d’administration, de ce vaccin américain. Rappelons cependant que la priorité de ce type de vaccination revient plutôt à Goadby (de Londres), qui en avait déjà prôné l’emploi en 1906. Après 1913, une grande partie de la profession va se ruer un peu trop hâtivement sur cette vaccinothérapie buccale (stockvaccins, autovaccins et bactériophages) ; force est de constater que la méthode n’aura qu’une vogue éphémère car elle fut rapidement déconsidérée.

Au même moment, Tacail (de Paris) inventait un nouveau masseur gingival pour le traitement local de la pyorrhée.

Le masseur gingival
de Tacail

 

Pour expliquer la pathogénie des abcès pyorrhéiques péricémentaires sur dent vivante, diverses théories seront émises. Kirk pensait que ces abcès étaient dus à une évolution de l’infection des pseudo-glandes décrites par G. W. Black. En 1914, Maurice Roy démontre que la gencive et l’attachement marginal du cément des dents saines atteintes d’un abcès  » serpigineux  » ne sont jamais intacts et qu’il y a toujours une ouverture au niveau du cul-de-sac pyorrhéique, même si cet espace ne dépasse pas un millimètre de profondeur.

En histologie, il faut également citer les recherches menées par J. Howard Mummery (de Londres). En 1911, l’auteur étudiait l’innervation de la pulpe dentaire et put établir péremptoirement que la dentine était abondamment pourvue de nerfs pénétrant dans les canalicules de ce tissu et les traversant jusqu’à leurs extrémités périphériques aux bords de l’émail et du cément.

Innovations réalisées dans le monde industriel

L’air comprimé

C’est à partir de 1910 que l’air comprimé fait son entrée dans les cabinets dentaires. Dans certains quartiers de Paris, on pense même à se brancher sur les colonnes montantes d’air chaud des ascenseurs à air comprimé. Quel avantage de pouvoir soulager le patient en soufflant de l’air chaud sur les cavités, quelle commodité de pouvoir chasser les gaz et les matières putrides qui encombrent les canaux, quel privilège de pouvoir favoriser l’absorption des matières médicamenteuses, voire même de stériliser les parois d’une cavité du second degré ! Lucien Eilertsen considère que l’air chaud est la base de la thérapeutique dentaire; à cet effet, il invente plusieurs variétés de seringues à air chaud. A noter qu’en matière de prothèse, le même auteur propose également de remplacer les vulcanites vermillonnées, trop poreuses, par de la vulcanite carminée.

La seringue à air chaud de Lucien Eilertsen 1910.

 

Le stellite

En février 1911, Ellwood Haynes invente un nouvel alliage métallique à base de cobalt et de chrome, qu’il désigne sous le nom de stellite. C’est un métal de choix pour les instruments de chirurgie, les instruments des laboratoires de physique et de chimie, et de l’horlogerie.

Les films radiologiques dentaires

Deux usines fournissent maintenant des films spéciaux pour les radiographies dentaires aux rayons X : Ilford & Cie et Eastman & Cie. Les films Eastman sont recouverts de l’émulsion utilisée pour les films cinématographiques ; ils sont livrés par paquets de deux. Ceux de Ilford sont conditionnés par paquets de douze films ou séparément, un par un. Plus maniables que les plaques de verre, ces films avaient pour objectif de confirmer le diagnostic du praticien. Mais la manipulation de l’ensemble était fort compliquée. Dans la pratique, il fallait multiplier les clichés et finalement le praticien continuait à faire des radiographies du maxillaire inférieur en utilisant la méthode extra buccale à l’aide de trois plaques de verre. Il faut bien reconnaître que les nouveaux tirages sur papier ne révélaient pas encore tous les détails qu’on avait l’habitude de voir sur la plaque photographique.

Le tube de Coolidge

The K.K. Dental and Bedside X-Ray Unit

Technique radiographique selon Dieck, à Berlin (1909).

 

 

Dispositions gouvernementales prises
à la veille de la Première Guerre Mondiale

Au début de l’année 1913, la Chambre des députés de l’Etat du Massachusetts est saisie d’un projet de loi tendant à créer un titre d’infirmière dentaire. Auxiliaire du dentiste, l’hygiéniste dentaire aurait pour mission d’enseigner le brossage aux patients et de leur nettoyer les dents à intervalles réguliers (tous les deux mois).

Au même moment, le Service de santé de la marine des Etats-Unis crée 30 postes de chirurgiens-dentistes assistants et en Allemagne, l’Administration de l’armée pourvoit les hôpitaux de garnison de services dentaires et nomme des chirurgiens-dentistes civils pour assurer le fonctionnement de ces centres de soins. Ainsi, entre 1911 et 1912, 35000 hommes de troupe allemands bénéficient de soins dentaires et environ 2500 militaires sont appareillés avec des prothèses. Les rapports d’Ernst Jessen (à Strasbourg), de Kirschner et de Walkoff (en Bavière) témoignent de l’intérêt particulier pris par le gouvernement allemand pour assurer une propagande efficace en matière d’hygiène dentaire. Sur l’ensemble du territoire allemand, on dénombre environ 200 cliniques dentaires scolaires. Parallèlement, les statistiques militaires des différentes nations montrent qu’il existe une relation évidente entre une bonne hygiène dentaire, des dents saines, et une excellente condition physique des jeunes recrues.

La première guerre mondiale et ses
conséquences pour la chirurgie dentaire

Le 29 juillet 1914, la Russie lance un ordre de mobilisation. Le 1er août, cette mesure entraîne la déclaration de guerre de l’Allemagne. Elle sera suivie, le 4 août, de la déclaration de guerre de la Grande-Bretagne à l’Allemagne.

L’enchaînement des événements et la situation politique catastrophique allaient rapidement contraindre les autorités à mobiliser l’ensemble des praticiens. En France, un millier de dentistes sont affectés au service de santé militaire. Sur l’initiative du Bureau de l’Ecole dentaire de Paris se constitue très rapidement une  » Commission sur les services dentaires militaires pendant la guerre « . Le 21 décembre 1914, à la suite d’une circulaire ministérielle, un dentiste-prothésiste est affecté à chaque hôpital d’évacuation. Ce praticien est chargé d’appliquer pansements spéciaux et appareils provisoires de contention aux blessés atteints de mutilations de la face et des mâchoires. Par cette mesure d’urgence, les soldats pourront être évacués dans de meilleures conditions vers les centres de soins qui, faut-il le rappeler, avaient déjà été mis en place en novembre 1914. On assiste alors à une multiplication incroyable du nombre d’appareils de contention, et à fortiori, au développement de nouvelles méthodes de traitement des fractures du maxillaire inférieur. Paul Martinier et G. Lemerle, de l’Ecole dentaire de Paris, proposaient d’utiliser les appareils de Gunning et de Hammond, ou d’associer, une fois la fracture réduite, les procédés d’immobilisation aux méthodes de réduction de Claude Martin (ce dernier utilisait les gouttières métalliques en aluminium coulé et percées de trous). En Allemagne, H. Schröder préconise l’emploi de l’attelle de Port et modifie l’attelle de Sauer que les Japonais avaient déjà utilisée pendant la guerre russo-japonaise. Les blessures de la région maxillo-faciale sont si nombreuses que l’Ecole dentaire de Paris, qui avait créé un Comité de Secours aux blessés des maxillaires et de la face le 5 août 1914, doit traiter 625 blessés entre le 5 septembre 1914 et le 30 décembre 1915. De même, du 15 juillet au 30 décembre 1915, 400 blessés et mutilés de la face seront soignés à l’hôpital Michelet à Vanves. Parallèlement, et cela dans les quinze premiers jours des hostilités, l’Ambulance Américaine de l’Hôpital militaire américain de Paris, dirigée par Georges B. Hayes et W. S. Davenport, assure les soins de 150 blessés. En Alsace, dès le début des hostilités, Römer réussit à installer un lazaret spécialement affecté aux blessures et aux maladies de la bouche. 55 personnes y travaillent gratuitement.

Voiture de stomatologie aux Armées N°2 ayant fonctionné du 15 octobre 1816 au 15 avril 1917.

Dentiste militaire canadien assurant des soins en 1819

Voiture dentaire de la Croix Rouge Américaine au Montenegro. L’équipe soignante comprenait le Capitaine Bruce Wolff (Boston), Melle Olivia Hamilton (Philadelphie) et le Lieutenant E. Ralph Adams (Lake Forest, Michigan).

Le 31 juillet 1915, Justin Godart, Sous-Secrétaire d’Etat au Ministère de la Guerre, inspecte les nouvelles voitures automobiles destinées aux divers services militaires sanitaires.

Justin Godart

 

L’une d’elles, dont le modèle avait été imaginé par le chirurgien-dentiste Gaumerais, est aménagée en cabinet de chirurgie et de prothèses dentaires. A partir du milieu de l’année 1917, ce véhicule, destiné à une division d’infanterie, sera conduit de cantonnement en cantonnement d’infanterie par le dentiste militaire du régiment. Il servira aux opérations dentaires les plus variées.

Caisse de stomatologie de campagne du Service de Santé de l’ambulance de cavalerie en 1917.

 

Entre le 15 octobre 1916 et le 15 avril 1917, le point de stationnement du cabinet dentaire de la Division se rapprochera des lignes de combat. Il se trouve généralement dans un village qui sert de cantonnement aux troupes au repos. Les combats s’intensifiant, les pertes humaines seront de plus en plus importantes, les blessés de guerre affluent et le nombre de véhicules sanitaires s’avère rapidement insuffisant ; les lignes de chemin de fer sont trop peu nombreuses, les routes sont impraticables suite aux mauvaises conditions climatiques de l’hiver, les commandes de matériel dentaire ne suivent plus. Pour le transport des blessés du front vers les hôpitaux de l’arrière, on utilise maintenant des voitures légères à ressort, des systèmes de brancards portés par des chevaux ou, dans les régions montagneuses, des traîneaux ou des lits de fûts de pins juxtaposés. Les roulottes dentaires, dont la première fut inaugurée le 31 mars 1916, sont encore tirées par les chevaux, mais à partir de mai 1918, face à l’intensification des bombardements, il ne reste plus que la brouette pour déplacer d’une tranchée à l’autre pansements et instruments chirurgicaux médicaux. Il faut se souvenir qu’à la fin de l’année 1916, la pénurie en ouvriers mécaniciens dentistes est si grande qu’on pense à confier à une main-d’œuvre féminine la coulée des modèles en plâtre, la confection des cires d’articulé, les mises en articulation, la finition et le polissage des prothèses. L’aide apportée par ces femmes va permettre de doubler le nombre de prothèses réalisées par les dentistes qui auront survécus aux bombardements. A noter qu’en 1918, au Centre de prothèse dentaire de la 4e région, Charbonneau remet en honneur le vieux procédé de maintien des prothèses complètes par succion en y ajoutant du caoutchouc mou vulcanisé.

Sur le front la situation est tellement catastrophique, qu’en décembre 1918 les autorités françaises attribuent à l’American Friend’s Service Committee (un département de la Croix-Rouge Américaine) le soin de s’occuper d’un secteur de 39 villages situés entre Clermont-en-Argonne et Verdun. La firme S.S. White équipera le premier cabinet dentaire de Grange-le-Comte, près de Clermont. Ce cabinet sera dirigé par John W. Dorland, de Pasadena, Californie.

 

Au maxillaire inférieur, les pertes de substance de grande étendue posent des problèmes variés et nombreux. Parmi eux, on retiendra surtout toutes les complications liées à la conservation et à l’emploi des brides cicatricielles ou encore les difficultés inhérentes à la rééducation orthophonique des victimes de la guerre. On assiste aussi au développement des greffes ostéopériostées dont l’indication deviendra de plus en plus fréquente. Les grands brûlés de la face sont traités en combinant les techniques de massage et d’électrothérapie aux séances de radiothérapie ou encore aux applications de radium. Les revues professionnelles présentent les résultats favorables obtenus dans le domaine de la chirurgie plastique de la face et les succès enregistrés en matière de prothèse auriculaire. Les cas traités par le médecin aide-major de 1er classe A. Pont sont tout à fait remarquables. Quoique ses prothèses n’aient pas eu la prétention d’être des prothèses de longue durée, Pont deviendra le protagoniste et le vulgarisateur des restaurations prothétiques plastiques réalisées à partir d’une pâte à base de gélatine (Notons que l’adaptation du celluloïd aux prothèses dentaires datait en réalité de 1859 ; elle était due à Mac Intosh. L’odeur persistante du camphre qui entrait dans sa composition l’avait alors fait abandonner. La méthode renaîtra en 1912 lorsque Henning la remettra en usage dans le domaine de la chirurgie plastique). L’esthétique des prothèses maxillo-faciales évoluera avec l’introduction en prothèse maxillo-faciale de l’acétate de cellulose. En 1917, Bozo soumet l’acétate de cellulose aux même manipulations que le celluloïd et confectionne une oreille de remplacement qui répondra à tous les critères esthétiques. Signalons par ailleurs qu’en 1930 le stomatologiste J. Tellier et le directeur du Centre Anticancéreux de Lyon, L. Béclard, utilisent toujours l’acétate de cellulose pour les restaurations auriculaires, alors que Henri Chenet donnera sa préférence aux prothèses gélatineuses.

L’immédiat après guerre

La chirurgie dentaire européenne doit maintenant faire face à une grande pénurie de praticiens qualifiés. Dès août 1918, le gouvernement belge prend un arrêté instaurant le simple examen de 1899. Cette décision marque un retour en arrière de plus de vingt ans. Des candidats presque illettrés peuvent se présenter aux autorités et obtenir un certificat de capacité professionnelle sans être en possession d’un quelconque diplôme médical. Dans le même ordre d’idées, à partir de l’été 1919, le Gouvernement prussien autorise les Facultés de Médecine à conférer le titre de docteur en chirurgie dentaire à tous les chirurgiens-dentistes approuvés qui possèdent ce qu’on a appelé le certificat de maturité d’un lycée allemand d’enseignement classique ou moderne ou d’une école primaire supérieure allemande (Oberrealschule). Reconstruire l’Europe n’était pas chose facile, réorganiser l’ensemble du système de soins dentaires non plus  ! De l’autre coté de l’Atlantique, l’Amérique peut se montrer confiante : reconnue par son gouvernement et par le monde médical, elle concentre toute son énergie au développement scientifique tout en assurant une propagande intensive en faveur de l’hygiène bucco-dentaire.

Les travaux d’Eugène S. Talbot sur l’histo-pathologie des mâchoires et sur les tissus apicaux de la dent, l’introduction de l’arc de C. A. Hawley et de toute une série de données anthropologiques en orthodontie (notamment la définition du plan horizontal ou plan de Camper), l’invention du  » gnathomètre  » par L. Ruppe, puis du  » gnathostat  » par Paul W. Simon, l’énoncé du plan de Francfort par van Loon, les études de A. J. Louis Brocq sur le lichen plan, les recherches de Ed. Retterer et de B. Gottlieb sur la structure et l’évolution de l’émail, vont donner une impulsion nouvelle à la profession et apporter une contribution essentielle au développement scientifique de cette branche si particulière de la médecine qu’est l’exercice de l’art dentaire.

Répercussions de la guerre dans le
domaine de la médecine légale

Au lendemain de la guerre de 1914-1918, les familles des victimes tenteront inlassablement de localiser, puis d’identifier les corps des victimes, et tout particulièrement de ceux de leurs proches. Le personnel qui effectue les recherches sur les corps exhumés des cimetières n’était pas toujours en mesure de reconnaître avec certitude celui du défunt. L’identification pouvait se faire, soit à partir de l’examen de la denture, soit à l’aide des fiches dentaires si la famille ou le dentiste traitant fournissaient ces documents. Le procédé n’était pas nouveau car, rappelons-le, ce mode d’identification avait déjà été utilisé lors de l’incendie du Bazar de la Charité, à Paris, le 4 mai 1897. Reconnaissons que ces examens anthropologiques à grande échelle auront largement contribué au développement de la médecine légale.