Les années 1910 (première partie)
Les cabinets du Dr Petit et du Dr Logan

 

Henri Petit Créateur d’un cabinet des année 1900, dentiste de l’ambulance 1/44 pendant la « Grande Guerre »

Nancy, la Place Stanislas

C’est à Nancy que se situe le cabinet dentaire de la « Belle Époque » d’ Henri Petit que nous avons l’honneur de vous présenter avec son périple professionnel pendant la « Grande Guerre ».

La Lorraine devient française de fait en 1737, quand le dernier duc héréditaire François II, la cède, en échange de la Toscane, à Stanislas Leczinski, roi détrôné de Pologne, avec clause de retour à la France à la mort de celui-ci qui survient en 1766.

C’est déjà pour Nancy une époque heureuse quand, par la volonté de ce dernier souverain, l’urbaniste Emmanuel Heré, y crée avec la Place Royale, un ensemble urbain d’une exceptionnelle qualité.

Mais au début du XXeme siècle, la « Belle Époque » est aussi pour la capitale de la Lorraine une période faste où les Arts connaissent un épanouissement si remarquable qu’ils suscitent la formation d’un important mouvement de rénovation des arts décoratifs qui prend le nom : « d’ École de Nancy » dont on vient de célébrer en grande pompe dans cette ville le centenaire de la création.

Nancy, le Musée
de l’Ecole de Nancy

Pour comprendre ce phénomène, il faut se rappeler qu’après les évènements de 1870 et la signature de traité de Francfort, les lorrains et les alsaciens qui refusent la nationalité allemande, se réfugient dans la capitale de la Lorraine. Cette situation concentre à Nancy énergie et capitaux qui génèrent la prospérité économique et la formation d’une riche bourgeoisie. L’importante clientèle qu’elle engendre va favoriser l’émergence de potentialités créatrices et permettre l’alliance bénéfique de l’Art de la Science et de l’Industrie.

Le cabinet Grüber

Jacques Grüber dans son atelier

Le fameux cabinet dentaire de Réné Barthélemy de Nancy, aménagé en 1903 par Jacques Grüber, illustre Maître verrier de » l’Art nouveau », est un bon exemple de cette mutation.

L’enseignement dentaire à Nancy

Les potentialités créatrices se manifestent encore en Lorraine par l’instauration d’un enseignement dentaire à la Faculté de Médecine de Nancy dont va bénéficier Henri Petit pour sa formation professionnelle et la création de son cabinet dentaire.

Louis XIV

Avec l’Edit Royal de 1699, date majeure de l’odontologie française, Louis XIV fait passer les empiriques sous la juridiction du Premier Chirurgien et crée, entre autre, une nouvelle catégorie de praticiens: les Experts pour les dents. C’est avec la création du Collège Royal de Chirurgie de Nancy en 1770 que débute en Lorraine une formation spécifique pour dentistes. Un enseignement théorique vient ainsi compléter l’apprentissage dispensé auprès d’un Maître en Chirurgie ou d’un Expert-Dentiste. Une liste de ces derniers praticiens sera publiée à cette époque par ce Collège.

Avec la révolution, c’est l’abolition comme partout en France de toute forme d’enseignement. Nancy ne bénéficie pas d’une Faculté comme l’avait promulgué la loi de l’an XI (10 mars 1803) Un enseignement privé de la Médecine est alors mise en place à partir de 1797.

En application de la loi de 1892, la Faculté de Médecine de Nancy est la première à instaurer dès 1901 un enseignement dentaire dans cette ville.

De 1902 à 1910 les stages de clinique sont transférés dans les nouveaux locaux de la Faculté de Médecine, rue Lionnois

La Faculté de
Médecine de Nancy

La Salle
du Conseil

L’Institut dentaire construit en 1910, rapidement trop exigu, sera remplacé par le bâtiment actuel inauguré en 1933.

La Faculté dentaire de Nancy

Aujourd’hui, la Faculté dentaire de Nancy, dirigée par le doyen Jean-Paul Louis est la première Faculté à avoir mis en place avec succès, un « module » d’Histoire de la profession, animé par les Drs Jacqueline Carolus-Curien et Francis Houzelot.

Le cabinet d’Henri Petit de Nancy

Le Musée de la Faculté dentaire de Nancy présente une très rare photographie du cabinet dentaire d’Henri Petit des années 1900. C’est grâce aux précieux renseignements fournis par son fils, le Dr Daniel Petit, et aux excellentes photos prises de 1904 à 1918 par Henri Petit lui même, que nous sommes en mesure de vous présenter le parcours professionnel hors du commun de ce praticien.

Le parcours d’ Henri Petit
Henri Petit à 19 ans

Henri Petit entre à la Faculté de Médecine de Nancy en 1901 où il bénéficie de la formation dentaire dispensée sous la direction du Mr René Rosenthal.

Trois années d’études sont concrétisés le 18 juillet 1904 par l’obtention du titre de Chirurgien-Dentiste accordé au jeune homme âgé alors de 19 ans.

Promotion 1904 de
l’Ecole dentaire de Nancy

Avec trois autres jeunes praticiens, il appartient à la première promotion de Chirurgiens-Dentistes de la Faculté de Médecine de Nancy.

Il entre ensuite au cabinet du Dr Gilles à titre d’ « opérateur » pendant 2 ans avant d’être incorporé le 1er octobre 1906.au 79ème régiment d’infanterie pour son service militaire


Henri Petit au service militaire

Libéré seulement le 25 septembre 1908, il ouvrira 5 jours après son premier cabinet le 1er octobre 1908 rue du faubourg St Jean à Nancy en tant que Chirurgien-Dentiste diplômé de la Faculté Médecine de Nancy comme l’atteste sa carte de visite diffusée à l’occasion de l’ouverture de son cabinet.

L’aménagement opératoire

L’exceptionnelle photo du cabinet d’Henri Petit nous permet de faire connaissance avec les conditions d’exercice d’un Chirurgien-Dentiste en France dans les années 1900.

Cette seconde photo a l’avantage de mettre en valeur la tenue opératoire du dentiste dans son cabinet. C’est encore l’époque où l’opérateur travaille en jaquette et pantalon noir. Cette tenue était encore celle de certains praticiens londoniens dans les années 1940.

Le poste de travail

Il comprend :

  • un fauteuil opératoire hydraulique à pompe de type « New Wilkerson »

Ce modèle commercialisé par Samuel S.White en 1899 se différencie par:

  • un débattement vertical important.
  • une pédale unique qui régit à la fois la monté et la descentes de l’assise ainsi que son blocage.
  • un mécanisme à levier unique qui assure le développement horizontal total du corps du fauteuil en quelques secondes
  • un crachoir fontaine sur pied de type Clark à double cuvettes.
    La dédicace « A mon grand Ami K. Logan V. Lorant-Heilbronn 1918 »

  • une tablette aseptique avec bec de gaz et bras mural articulé.

Elle est composée d’une plaque en opaline et de deux tiroirs métalliques.

  • un réflecteur électrique à éclairage buccal attenant à un bras mural télescopique.

  • un tableau de distribution de courant électrique sur un important marbre mural. il est composé de voltmètre et d’ampèremètre et d’un rhéostat à curseur qui alimentent en courant à basse tension une lampe buccale, de nombreux cautère et une poire à air chaud.

  • une table roulante métallique avec deux plateaux en opaline.

  • un siège d’opérateur à potence articulée.

  • un moteur électrique Columbia de Ritter suspendu à une potence murale et équilibré par un contre poids.

  • un tour à polir sur une étagère murale.

Pour compléter l’installation on remarque sur la cheminée de gauche à droite :

  • un four à céramique à pyromètre de Platschick diffusé par la Société Ash.

En 1898 le Dr N.S. Jenkins introduit la porcelaine à basse fusion pour inlays, alors que la céramique à haute fusion sera commercialisée en 1901

  • une étuve à l’aldéhyde formique pour la désinfection des instruments à canaux et le rangement des autres instruments après leur stérilisation. On distingue aussi sur cette étuve un réservoir de chlorure d’éthyle utilisé pour l’anesthésie locale par réfrigération. des meubles avec compartiment de désinfection par produits germicides sont aussi commercialisés comme le modèle de » l’american cabinet N°58″.

  • un stérilisateur à gaz par ébullition d’eau de Reymont frs de Genève

S.S.White commercialise son premier stérilisateur électrique en 1908.

Il faut attendre la fin des années 1910 pour voir apparaître les premiers stérilisateurs à air sec et à vapeur d’eau.


 

Dans la glace au dessus de la cheminée on distingue par réflexion un meuble métallique à tiroirs surmonté d’un trébuchet.

Pour satisfaire les principes de l’asepsie, les meubles de rangement en bois sont progressivement dotés de plaques et d’étagères en verre ou en opalines :

  • meuble « Aseptic Cabinet N° 91 » de l’American Cabinet Co.

Les meubles en métal remplacent ensuite définitivement les meubles en bois.

  • « Steel Cabinet N° 185 » d’Harvard Co.

  • « Steel cabinet » de Lee S. Smith and sons Co de Pittsburgh.

A gauche de la cheminée on peut noter la présence :

  • d’un lavabo surmonté d’une monumentale plaque de marbre.

Au sommet on distingue un petit cylindre contenant un filtre à porcelaine qui alimente en eau deux bocaux destinés à recevoir des liquides antiseptiques, et en dessous un chauffe eau à gaz et plusieurs verres à eau.

  • d’un tour à pédale, nécessaire pour les interventions à faible vitesse de rotations.
  • d’une vitrine métallique de Reymond Frère.

Les activités professionnelles d’Henri Petit dans ce cabinet vont malheureusement s’interrompre en 1914 avec l’assassinat de l’Archiduc héritier d’Autriche-Hongrie François-Ferdinand à Sarajevo qui va plonger l’Europe dans l’effroyable conflit de la Première Guerre Mondiale.

L’Archiduc François Ferdinand
et sa famille

Henri Petit, à l’ambulance 1/44 pendant la « Grande Guerre »

De 1916 à 1918 Henri Petit participe au Groupement des brancardiers divisionnaires de la 74ème division d’infanterie de l’ambulance 1/44. Ce groupement comprend:

  • les cabinets dentaires de garnison ,

  • les centres hospitaliers avec services de chirurgie et de prothèse maxillo-faciale, installés à proximité du front,

  • les ambulances à cheval et quelques camions Berlier chargés de porter secours aux blessés mais aussi de transporter les morts .

La mobilisation (2 août 1914)

Henri Petit, mobilisé le 2 août 1914, rejoint aussitôt le dépôt du 79ème régiment d’infanterie de Nevers avant de participer aux combats de la somme où il est blessé à Cappy le 25 septembre 1914. Il est touché aux poumons par des éclats d’obus qu’il conservera toute sa vie.

Le Centre dentaire du D.A.L. ( août 1915)

Nommé infirmier le 18 mars 1915, il est affecté pour sa convalescence au D.A.L. (Dépôt des armées de Lorraine) de Landremont à Nancy de mars 1915 à juin 1916.

Le cabinet dentaire 

Caserne de Landremont
Le cabinet dentaire

Le dentiste dispose d’un équipement relativement moderne avec un fauteuil hydraulique à pompe Ritter  » New Columbia » de 1893 , un moteur électrique suspendu à une potence murale équilibré par un contrepoids, une tablette en bois d’Holmes et un tour à pédale de dépannage. A droite un assistant est entrain de remplir une seringue A la vue de ce magnifique document on est impressionné par l’atmosphère détendue du cabinet encore accentuée par l’attitude apaisante … du chat perché confortablement sur la vitrine de gauche !

L’atelier de prothèse 

Caserne de Landremont
L’atelier de prothèse

Les Cinq praticiens travaillent activement dans l’atelier de prothèse où Henri Petit prépare un modèle.

Le Centre dentaire du Château de Morey
(Meurthe-et-Moselle, juin-juillet 1916)
Morey : le château

Suite au décret du 26 février 1916 qui crée un corps de dentistes militaires, Henri Petit est nommé le 10 juin 1916 adjudant-dentiste militaire de l’Ambulance 1/44 installée au Château de Morey en Meurthe et Moselle.

Morey : le personnel du
cabinet dentaire

Le service du cabinet dentaire de garnison, dont les membres apparaissent sur cette photo, est doté d’un équipement plus sommaire qu’à la caserne de Landremont.

Le cabinet dentaire 

Morey : le service dentaire

Un fauteuil pliant d’Ash et deux tours à pédale remplacent le fauteuil à pompe et le moteur électrique mural du cabinet de Landremont.

Un stérilisateur, une vitrine renfermant des daviers et des élévateurs, une cuvette sur une petite table et un fauteuil d’oto-rhino complètent l’installation.

Sur l’armoire de gauche on distingue une lampe à pétrole.

L’atelier de prothèse 


Morey : le matériel pliant

Il est composé d’éléments en bois démontables et pliants et du matériel nécessaire pour la confection de prothèses en vulcanite : presse, tour à polir et vulcanisateur.

Le Centre hospitalier de Dugny (Meuse, octobre 1916)
Dugny : le parc de la Maison Navel

Situé au sud de Verdun, le Centre hospitalier de Dugny est composé de tentes pour l’hospitalisation des blessés et de plusieurs salles d’opérations installées dans la Maison Navel ou dans des baraquements.

Dugny : montage de la
salle d’opération

Après le montage d’une salle d’opérations, un infirmier, face au chirurgien, injecte sur une compresse un mélange de Schleich (2 parties de chlorure d’ethyle, 4 de chloroforme et 12 d’ether).


Dugny : les salles d’opération

Dugny : la salle de stérilisation

Après la salle de stérilisation, voici le parc aux ambulances à cheval,

et un véhicule sanitaire Berliet de radiographie.

Cette photo, avec les quatre soldats en arme qui rendent les honneurs aux mourants que l’on extirpe de l’ambulance à cheval est certainement la plus émouvante de ce reportage.

 

Le Centre hospitalier de Verdun (février 1917).
Verdun : la rue Mazel

Verdun évoque à tous un des plus violent affrontement de cette guerre où le courages des combattants fut sans pareil. Rien qu’à Douaumont l’ossuaire réunit dans un même repos les restes non identifiés d’environ 130.000 hommes français et allemands recueillis dans le chaos des champs bouleversés par 51 mois de combats effroyables.

Verdun : le Palais de Justice

Verdun : Salle de
garde au Palais

Au centre hospitalier du Palais de Justice de Verdun, de nombreux blessés s’entassent dans les sous-sols du Palais avec sa salle de garde, et dans ceux de la Maison Nathan avec sa salle de « triage » où l’on sépare les morts des blessés.

Verdun : Triage à la maison Nathan
(on remarque le toit détruit
par un bombardement)

Verdun : la Salle de triage

Verdun, la Maison Nathan :
le cabinet dentaire

Verdun, la Maison Nathan :
le cabinet de prothèse

Le service dentaire est aussi aménagé dans la Maison Nathan où l’on retrouve le fauteuil d’oto-rhino et le stérilisateur du château de Morey. L’atelier de prothèse est ici installé sur une machine à coudre qui fournit la force motrice au tour à polir.

Le centre dentaire de Pévy près de Reims (août- septembre 1917).
Pévy : le poste de secours

Pévy : le cabinet

Pévy : l’atelier

Pévy : le laboratoire

Le 11 septembre 1917 Henri Petit est décoré de la croix de guerre, ordre N°234 du 74 ème R.I. A Pévy, Henri Petit a pris les photos du poste de secours, du cabinet dentaire avec son atelier de prothèse dont l’agencement opératoire comprend les mêmes éléments qu’à la Maison Nathan de Verdun. Un document, qui ne fait pas partie de l’album de photos d’Henri Petit, pris au « Chemin des dames » au cours du même mois, nous révèle que les interventions dentaires pouvaient se tenir à l’extérieur dans de meilleures conditions qu’a l’intérieur d’une casemate.

Cabinet dentaire au
Chemin des Dames

 

Au cours de ces furieux combats, la cathédrale de Reims n’a malheureusement pas été épargnée par les bombardements.

La cathédrale de
Reims bombardée

L’ambulance de Stomatologie N°2 à Ambly sur Meuse (octobre 1917)

Ambly est située au sud de Dugny au niveau des Éparges de sinistre mémoire.

Henri Petit présente le véhicule sanitaire de Stomatologie N° 2 à la porte du garage et l’intérieur de la voiture.

Ambly : la voiture
de stomatologie n° 2

Le fauteuil à pompe est doté d’un crachoir métallique amovible et d’un tuyau souple qui traverse le plancher du véhicule et dont les déchets aboutissent au récipient situé à même le sol !

L’installation est complétée par un tour à pédale et un évier situé entre les deux meubles de rangement.

La démobilisation
Ville en Tardenois : le colombier

Après avoir été nommé chirurgien-dentiste de 1ère classe au grade de lieutenant et participé en 1918 aux combats de Monchy-Humières près de Compiègne, son congé de démobilisation survient le 12 mars 1919. Il est suivi par l’ouverture de son second cabinet au 48 rue Gambetta.

Conclusion

Pour conclure, nous pensons que dans l’évolution de l’aménagement opératoire du cabinet dentaire le cabinet d’Henri Petit peut être assimilé à une installation de transition où les équipements, conçus pour satisfaire les règles de l’asepsie comme le stérilisateur à la vue du malade, cohabitent avec des éléments qui conservent encore les principes de l’antisepsie comme le monumental lavabo.

le cabinet d’Henri Petit

L’élément phare de l’équipement est cependant le fauteuil opératoire « New Wilkerson » le plus performant de cette époque tant sur le plan ergonomique que sur celui du confort.

La présence d’un four à céramique et d’une étuve germicide dans son cabinet, attestent par ailleurs l’intérêt d’Henri Petit pour des techniques d’avant garde encore peu vulgarisées en France.

Les conditions d’exercice favorables de la « Belle Époque » à Nancy, matérialisées par ce cabinet d’exception, auront été de courte durée pour Henri Petit.

Pendant quatre ans, il va travailler dans l’armée avec des installations de fortune qui respectent néanmoins les principes élémentaires d’asepsie.

Le personnel du service de santé des armées n’a pas été épargné par les combats comme l’atteste une visite au Cimetière National de Dugny où le général Aimé commandant la 67ème division, le médecin chef Bruat, le médecin-auxiliaire Mas et 124 infirmiers sont inhumés dans cette vieille terre de Lorraine.

La conduite édifiante d’Henri Petit pendant ce conflit est révélée par sa Croix de Guerre décernée en 1917 et par l’une de ses citations ainsi rédigée :

« Dentiste régimentaire qui, au cours des opérations offensives de 1918, a secondé en toutes circonstances le médecin chef, se prodiguant sans compter dans le service qui lui avait été confié ».

Lors des fêtes de l’armistice à Nancy de 1930, la reconnaissance de la Nation envers Henri Petit s’est enfin concrétisée par la remise de la Légion d’Honneur à titre militaire pour sa conduite exemplaire.

bibliographie

1 MICHEL Gaston.  » Le pays lorrain « , Revue régionale mensuelle illustrée, mai 1930. pp 193-212.
2 L’enseignement de la médecine-Encyclopédie illustrée de la Lorraine, Histoire des sciences et techniques; période 1870-1946 pp 197-209- Ed. Serpenoise, Nancy 1993
3 LOPPINET-MEO Sophie. L’oeuvre universitaire de Jean Bourgon, architecte nancéien (1895-1959) Le pays lorrain, Vol 80, 1999, N°1 pp 39-46
4 La documentation et l’iconographie sur Henri Petit nous a été confiée par son fils Daniel Petit.
5 PANAU R. » Tavannes, Lieu historique sur la route du fort de Vaux. Les éditions lorraines FREMONT – Verdun

Le premier cabinet de Kenneth Logan

Vue générale du Cabinet

La dédicace « A mon grand Ami K. Logan V. Lorant-Heilbronn 1918 »

Une exceptionnelle aquarelle signée V. Lorant-Heilbronn (illustrateur et affichiste, 1875-?) et datée de 1918, reproduit le cabinet de Kenneth Logan situé 36 avenue de St Cloud à Versailles. Créé en 1900, ce cabinet fut transféré en 1920 au 9 Boulevard du roi de cette même ville.

Né en 1875 Kenneth Logan, d’origine écossaise, était le fils du directeur de la firme de « Claude Ash and sons » pour la France. Il obtint son diplôme de Chirurgien-Dentiste et celui de l’École dentaire de Paris en 1897.

Quelques marches nous permettent d’accéder dans un somptueux cabinet aménagé dans l’esprit du Grand Siècle de Versailles avec plafonnier en cristal, boiseries murales, console du XVIIIème surmontée d’un grand miroir.

L’aménagement opératoire
Le poste de travail

C’est le tout nouveau fauteuil « Idéal Columbia » de Ritter qui accroche d’emblée le regard avec sa masse noir au sein d’un environnement où dominent les tons pastels. Une potence fixée sous l’assise du siège supporte un crachoir « fontaine ». Ce fauteuil contraste néanmoins avec le reste de l’installation de conception plus ancienne.

De part et d’autre de la fenêtre, des bras à fixations murales soutiennent :

  • à droite, un tour électrique et une tablette à instruments.
  • à gauche une tablette en bois avec un bec de gaz et un réflecteur globe sur bras à parallélogramme articulé.

Ce réflecteur buccal apparaît dans un catalogue d’Ash and sons.

Le réflecteur globe

La lumière est fournie par un bec de gaz ou une lampe électrique mobile, réfléchie par un miroir métallique et concentrée par le globe d’eau.

A droite de la fenêtre, un meuble de rangement en noyer est adossé au mur. Il s’agit du modèle N°12 d’Ash commercialisé à le fin du XIX ème siècle.

Sur le mur du fond, un marbre monumental apparenté à celui du cabinet d’Henri Petit, supporte un filtre à eau, deux grands bocaux pour produits antiseptiques, une tablette avec flacons et verres à eau et une vasque lave-mains.

  • à gauche un stérilisateur et une bouilloire sur un réchaud à gaz reposent sur une petite table à roulettes.
  • à droite, une petite table en bois avec différents récipients.
Conclusion

Le premier cabinet de Kenneth Logan s’avère inégalé sur le plan du raffinement décoratif. Par contre les principes de l’asepsie sont moins développés que dans le cabinet d’Henri Petit. On remarque, certes, la présence d’un stérilisateur et d’un très beau marbre avec son poste d’eau, mais la tablette et le meuble de rangement n’ont pas encore été remplacés par des modèles métalliques.

Remerciements
Les Drs. Marie-Madeleine Lavaste-Touraille et Claude Lavaste nous ont très aimablement autorisé à photographier la très belle aquarelle du cabinet de Kenneth Logan de l’avenue de St Cloud ainsi que les photographies des cabinets du 9 Boulevard du roi que nous évoquerons dans l’article concernant les années 1920.
Il nous ont aussi présenté de précieux documents concernant ce confrère écossais.
Nous tenons à leur présenter nos très sincères remerciements.