Programme de la prochaine séance

Réunion du 17 mai 2024

Académie nationale de médecine, 16, rue Bonaparte, Paris VI, 14h-17h

    • Conférence invitée (une heure)

      Jacques GONZALES : Selman Waksman et Robert Debré : de la pédologie à la pédiatrie, la streptomycine, premier traitement antituberculeux

      L’histoire de la tuberculose a fait l’objet d’une abondante littérature, même en dehors de la sphère médicale. Beaucoup croient, notamment chez nous, cette maladie disparue. La pandémie de Covid a créé un émoi mondial. Il est passé. La tuberculose, elle, fait 1,3 million de morts chaque année dont 200 000 enfants. Le nombre de nouveaux cas atteint 7,5 millions annuellement. De plus en plus de formes se révèlent résistantes à la plurithérapie classique. Le public l’ignore, et la vaccination n’est plus obligatoire en France à quelques exceptions près. L’Organisation mondiale de la Santé lance régulièrement des alertes visant à avoir éradiqué la tuberculose en 2030. Selman Waksman, découvreur du premier antituberculeux, la streptomycine, avait pourtant prédit sa disparition prochaine sur la planète. Il est mort, il y a cinquante ans, en 1973.

      2024 offre l’occasion de revenir d’abord sur l’histoire de cette découverte, il y a 80 ans. Waksman, avec de prestigieux élèves, comme René Dubos, a étudié, en pionnier, les microorganismes présents dans le sol, responsables de la décomposition des déchets enterrés. Cette pédologie est quasiment méconnue, même par les fervents de l’écologie qui fabriquent du compost. La terre contient des diamants, a écrit Waksman, un Ukrainien émigré aux États-Unis. Avec son équipe, il a en effet montré que les actinomycètes présents dans le sol produisent des substances antibiotiques, dont la néomycine ou la streptomycine. Quel coup de tonnerre lorsqu’ont été mises en évidence les vertus antituberculeuses de ce produit du Streptomyces griseus en 1944 !

      La méthode employée a été originale, faisant appel pour la première fois à un essai randomisé sur des cobayes. Sur l’homme, le pronostic vital étant en jeu, les essais qui datent de 1945 peuvent alimenter aujourd’hui encore des débats éthiques, d’autant que ce médicament potentiellement salvateur s’était rapidement avéré toxique pour l’oreille interne, l’audition et l’équilibre.

      Waksman, non médecin, devenu américain, a reçu le Prix Nobel de médecine ou physiologie en 1952, comme « bienfaiteur de l’humanité », bien que Schatz, un de ses étudiants, ait contesté sa découverte tout au long de sa vie. Il est apparu tôt que la streptomycine efficace dans les tuberculoses pulmonaires, urinaires, ne sauvait pas les enfants atteints d’une méningite. Les Américains avaient du reste renoncé à son emploi abandonnant ces petits à leur destin fatal ; mais Waksman accepta d’accorder quelques doses pour que trois équipes pédiatriques européennes poursuivent des essais. Robert Debré, avec quelques collaborateurs, obtint les premiers succès en ajoutant aux intramusculaires des injections intrathécales. Ce succès français reste largement méconnu. J’en suis pourtant un des témoins, comme un des premiers survivants de cette méningite dans le monde. Soigné à l’hôpital des Enfants malades durant plus d’un an, par l’équipe de Debré, la streptomycine a détruit mes vestibules mais, allongé plus de quatre ans pour un mal de Pott, la découverte que je deviendrai un mal marchant – un handicap invisible – pour le restant de mes jours, a demandé quelques mois. Devenu médecin, j’ai pu connaître tous les dessous de cette révolution médicale et suivre jusqu’ici l’actualité de la « peste blanche ». Je viens d’en publier un livre.

      Aujourd’hui, la tuberculose reste une menace planétaire, et elle est à notre porte. La recherche de médicaments nouveaux même pour vaincre les formes pharmacorésistantes, détectables par la génétique, en proportion croissante, a été stoppée pendant des décennies. L’accès aux thérapeutiques manque dans bien des pays. L’exposition forte des malades immunodéprimés par le VIH ou par une chimiothérapie, la prolifération actuelle des conflits armés entraînant des crises humanitaires obèrent encore les chances de venir rapidement à bout de ce fléau persistant. Un réveil collectif des consciences est indispensable pour agir enfin efficacement dans la lutte contre la tuberculose.

    • Communications (20 minutes)

      1. Anne DENEUVE : De l’herbe de la joie des Sumériens à l’opioid free anesthesia d’aujourd’hui : 5000 ans d’utilisation des opiacés en médecine

        De tout temps, le soulagement de la douleur a été une préoccupation des médecins. L’opium, issu de Papaver somniferum, est connu depuis des millénaires. Les premières traces écrites remontent au peuple sumérien, 30 siècles avant notre ère. Égyptiens, Grecs et Romains ont depuis utilisé l’opium comme antalgique, mais aussi comme antidiarrhéique. Le peuple arabe, très avancé dans le domaine des sciences et notamment de la médecine, préconisait également ce remède, largement mentionné dans le Canon d’Avicenne, préparé de multiples façons. Son utilisation sous forme de laudanum permit sa large diffusion, mais aussi son mélange à la thériaque, panacée utilisée notamment par Galien, et qui apparaissait encore dans le Codex de 1908 en France. Malheureusement, l’usage détourné de l’opium mena à une toxicomanie de masse, notamment en Chine au XIXe s., mais aussi en Europe, avec l’apparition de la forme inhalée, mais aussi injectable de son principal alcaloïde, la morphine. Aujourd’hui opiacés et opioïdes sont prescrits par tous les médecins pour soulager efficacement la douleur, y compris au cours des anesthésies générales. La persistance d’effets secondaires a mené à mettre au point de l’opioid-free anesthesia, petite révolution dans le monde de l’anesthésie moderne.

      2. Patrick VINCELET : François Jacob compagnon de la Libération écrivain

        L’honneur me fut donné par l’Association des compagnons de la Libération et des écrivains combattants d’écrire quelques lignes à propos de François Jacob (1920-2013, prix Nobel de médecine ou physiologie en 1965), l’un des 150 d’entre eux qui ont laissé des écrits. Nous fûmes 79 auteurs à être sollicités. L’ouvrage est paru sous la direction d’Alfred Gilder et François Broche, Compagnons de la Libération écrivains (Éditions Glyphe, 2024). J’ai développé mes trois pages initiales pour proposer cette présentation devant la SFHM.

      3. Vincent RELIQUET : L’utilisation des sérums marins en médecine, dentisterie et art vétérinaire

        [Résumé en attente].