Je vous remercie très humblement de l’honneur que vous m’avez fait de m’écrire et de la peine qu’avez prise de recommander l’affaire pour laquelle je vous avais écrit à M. le prévôt de la maréchaussée. [1][2] Voilà une lettre que je vous envoie de M. Mercier, [3] mon ami, [2] pour vous en remercier pareillement, et vous supplie de vous employer derechef envers M. le prévôt pour obtenir de lui l’envoi des sacs d’informations au greffe de la Cour, comme il l’a spécifié dans sa lettre ; et voilà ce de quoi je vous supplie très humblement.
Pour nouvelles de deçà, je vous dirai que M. de Balzac [4] est mort à Angoulême, [5] dans les Capucins le 8e de ce mois, [3][6] et qu’il a laissé plusieurs ouvrages de morale et de politique à imprimer. Il a donné tout son bien à des hôpitaux. M. le prince de Conti [7] est ici arrivé de lundi dernier ; [4] on dit qu’il sera aujourd’hui au soir fiancé et marié demain à la Martinozzi, nièce du Mazarin. [8][9][10] Le traité des Anglais et Hollandais [11] est fait tout entièrement et a été ici arrêté que l’on reconnaîtra la République d’Angleterre par un ambassadeur que l’on y enverra exprès ; et que le roi d’Angleterre, [12] qui est ici avec le duc d’York [13] son frère s’en iront en Danemark. On parle ici d’un voyage du roi dans 15 jours à Fontainebleau, [14] et que delà il pourra bien aller à Châlons [15] pour faire passer des troupes dans l’Alsace contre le comte d’Harcourt [16] qui, avec Brisach [17] qu’il tient, ne veut pas se remettre à l’obéissance du roi aux conditions qu’on lui offre. Le prince de Condé [18] a découvert une conspiration dans Stenay [19] où plusieurs ont été pendus. Je me recommande à vos bonnes grâces, à M. le lieutenant criminel, à MM. de Courberon et Allen, et à tous nos autres amis, et suis, Monsieur, votre très humble et obéissant serviteur,
Guy Patin.
De Paris, ce samedi 21e de février 1654.