L. 941.  >
À Charles Spon,
le 28 août 1668

Monsieur, [a][1]

Pour répondre à votre belle et obligeante lettre du 21e d’août, je vous dirai que je n’ai rien reçu de M. Pelissari [2] ni vu ce livre de M. Bonet [3] de Genève ; [4] et qui plus est, je ne sais à qui le demander. [1] J’espère que vous aurez bientôt le livre de M. Le Vasseur. [5] M. de La Sale Drel[incourt] [6] s’apprête pour s’en aller à Leyde. [2][7] Je vous remercie de ce qu’avez baillé pour moi les Conclaves de M. Huguetan [8][9] à M. Anisson, [10] que j’attendrai patiemment avec son Febrilogia[3][11] Le fils de M. Anisson [12] m’a parlé céans de votre dessein sur le Galien grec de MM. Hofmann [13] et Volckamer, [14] quod utinam vobis succedat, pro communi totius medicæ bono[4] Pour ce que m’écrivez des Notes de G. Hofmann, sur le Galien grec, que vous dites être dans la Bibliothèque du roi, [15] je pense que c’est de ce M. Gaffarel, [16] et rien davantage ; je m’en enquerrai à la première commodité. [5] Pour votre Massaria [17] in‑fo, je m’en passerai puisque je l’ai de Lyon in‑4o et de Francfort in‑fo ; et ce même traité de Abusu theriacæ in febribus pestilent. in‑4o, je l’ai céans, imprimé in‑4o à Padoue l’an 1591, qui en a pour compagnon un autre intitulé De Theriacæ abusu in febribus pestilentibus, Vincentii Calzaveliæ, medici Brixiani, in‑4o Brixiæ, 1570, et hæc omnia [6][18][19] à votre service.

Pour l’affaire de MM. de Tournes, [7][20] je vous assure qu’ils sont tout à fait déraisonnables de me refuser le rabais de 50 livres, vu que tout le compte est de plus de 800 livres et que leur prix est tout à fait excessif. Je vous jure qu’il est tout à fait injuste, ce que je prouverai facilement à tout juge qui sera capable d’en juger par connaissance de cause ; et m’étonne fort de les voir dans cette obstination qui n’est nullement raisonnable. Il n’est pas jusqu’à un petit paquet de ces thèses d’Allemagne in‑4o qu’ils ont taxé à douze livres ; et tout ce qu’ils m’ont envoyé, je l’aurais eu à meilleur marché à Paris. C’est pourquoi je vous prie d’obtenir d’eux qu’ils se contentent de mes 50 écus, que je suis prêt de délivrer à vous à Lyon, ou à Paris à M. Hebert, qui est leur correspondant ; et puis après, nous jouerons sur nouveaux frais et recommencerons sur d’autres livres que je paierai sur-le-champ pour éviter cette chicane qui me déplaît bien plus qu’ils ne pensent. Quand ils disent qu’ils ont tiré leur prix au plus juste, ils n’en sont pas les juges et ils se moquent. Ils en sont les parties et ils veulent en être les juges. Il y en a d’autres qu’eux dont j’aurai meilleur marché et qui jugeront plus équitablement ce différend. Je sais bien ce que m’avez proposé pour l’accord, mais je ne le puis autrement : qu’ils prennent mes 50 écus et me donnent une bonne quittance, et puis nous demeurerons bons amis ; et leur ferai réponse sur le dernier catalogue qu’ils m’ont envoyé et je serai leur très humble serviteur comme par ci-devant. Je vous demande cette grâce et pardon de la peine que je vous donne. Ces MM. de Tournes se doivent bien souvenir que jusqu’ici je les ai toujours bien payés et n’ai eu de ma vie tel différend avec personne. Vale,

Tuus ex animo, G.P. [8]

Ce 28e d’août 1668.

Bis fuit secta vena in cholera morbo, regi nostro, unde feliciter evasit[9][21] On dit d’aujourd’hui que le roi [22] s’en va diminuer la taille [23] de la moitié.



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 28 août 1668

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(Consulté le 01/12/2024)

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