L. latine 83.  >
À Johann Georg Volckamer,
le 8 juin 1657

[Ms BIU Santé no 2007, fo 58 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Johann Georg Volckamer, docteur en médecine à Nuremberg.

Très distingué Monsieur, [a][1]

J’ai reçu la vôtre datée du 11e de mai et vous en remercie beaucoup. Dieu fasse que vous soient parvenus les livres que je vous avais précédemment adressés pour M. Rolfinck ; [1][2] je le salue de tout cœur, ainsi que les très illustres MM. Conring, Nicolaï, Felwinger et tous ceux qui voient nos affaires d’un bon œil. [3][4][5] Je ne sais rien de neuf sur Riolan ; [6] j’entends seulement que se négocie ou discute activement le lancement d’une nouvelle édition in‑fo des Opera omnia de Riolan le père, avec divers traités encore inédits de venæ sectione, de purgatione, de variolis et morbillis, de lue venerea, de morbis puerorum et mulierum, etc. [2][7] J’ai bien reçu les livres que vous m’avez fait parvenir par M. Pomer, [8] mais point encore vos lettres, portées par M. Wipæus, gentilhomme danois, [3] où vous me dites ce qu’ils vous ont coûté ; j’attends de jour à autre un second paquet que doit me remettre M. Picques, [9] pour alors m’acquitter du tout envers vous. Il ne me reste qu’un seul titre à vous demander de votre Allemagne et j’implore votre aide pour l’obtenir : c’est le petit livre de Lucas Stengel sur l’antimoine, in‑4o, qui contient un traité et quelques opinions contre ce remède ; il s’intitule Apologia adversus Stibii Spongiam, etc., avec en outre cette question, Num idipsum ab ægris citra ullum incommodum per os assumi possit (Augsbourg, 1565 ou 1569, in‑4o). [4][10][11] Riolan m’avait ici fait cadeau de ce livre, mais il s’en est allé avec celui de mes collègues à qui je l’avais prêté. Si on me l’avait rendu, j’aurais aussitôt pris soin de le faire réimprimer. Puisque j’ai perdu tout espoir de le récupérer, j’ai recours à vous pour me l’obtenir enfin. J’ai finalement trouvé le Bruno Seidel et vous n’avez plus à vous tourmenter pour me le procurer ; je m’évertuerai pour de bon à faire réimprimer ici cet opuscule excellent et très utile, en vue de rabattre l’impudence des empiriques et des chimistes quand ils promettent la guérison miraculeuse de maladies absolument incurables. [5][12][13][14] Pour la Géographie du P. Philippe Briet, jésuite de ma connaissance et honnête homme, et si fibulam illam nigramque vestem excipias[6][15][16][17] j’ai de quoi vous raconter et vous informer sur cet ouvrage. Pour vous satisfaire là-dessus, je suis allé voir le libraire en personne, Sébastien Cramoisy, [18] tout comme l’auteur lui-même qui vit à présent dans cette ville. Je voudrais donc vous faire savoir qu’il existe trois tomes in‑4o de cette géographie avec quelques figures en taille-douce : le premier contient une introduction sur les principes de la géographie, et traite ensuite de l’Europe en général, puis des îles britanniques, de l’Espagne, de la France et de la Belgique en particulier ; le deuxième tome contient l’Allemagne ancienne et moderne, et les royaumes du Nord, Suède, Danemark et Norvège, la Sarmatie et la Pologne, l’Illyrie, [7] la Grèce ancienne et moderne, avec la Grèce turque et l’État vénitien ; le troisième tome, qui porte seulement le nom d’appendice au tome 2, décrit l’Italie ancienne et moderne, la Sicile, la Sardaigne et la Corse. Ces trois parties se vendent ici 25 livres tournois, qui valent plus de 8 thalers de votre monnaie. [19] Avec un zèle immense, les pères de la Société recommandent cette géographie à tous les élèves de toutes les classes, de manière à vendre rapidement les exemplaires, et à faire avancer une nouvelle édition qui sera deux fois plus grande et plus vaste. L’auteur lui-même espère qu’on la commencera dans l’année qui vient et que de ces trois parties qui contiennent l’Europe, on fera un tome plus gros in‑fo ; cela fait, il ajoutera l’Asie pour un deuxième tome in‑fo de description très détaillée ; ensuite et enfin, il donnera l’Afrique [20] et l’Amérique. Il a tout cela prêt entre les mains, de sorte qu’on attend plus que le bon vouloir de l’imprimeur. [8] Voilà que vous connaissez toute l’affaire, c’est maintenant à vous de réfléchir et de décider [Ms BIU Santé no 2007, fo 58 vo | LAT | IMG] si vous voulez que je vous envoie ces trois parties qui contiennent la seule Europe, ou si vous voulez attendre la nouvelle édition qui ne tardera pas et qui sera deux fois plus volumineuse. Voyez donc et de votre plein droit à mon égard, commandez et ordonnez.

Mais tant que nous sommes sur la géographie, avant que j’en termine, souffrez, je vous prie, que je vous indique autre chose : on trouve ici les exemplaires in‑fo d’un auteur anonyme (je crois pourtant qu’il est loyolite en raison des multiples miracles qu’on y lit), sans taille-douce, qui décrit toute l’Asie et qui promet que d’autres parties suivront bientôt ; si vous désirez ce livre, je vous l’enverrai sans peine. Nous avons aussi une autre géographie française, et celle-là universelle, in‑8o, prêchée par un certain autre loyolite du nom de Philippe Labbe, qui n’est presque rien d’autre que la traduction de l’abrégé géographique de Cluvier, seulement améliorée en divers endroits. C’est un livre de grande utilité et pour cela, approuvé et honoré par beaucoup de gens. Je vous enverrai les deux, si vous voulez ; on les a pour le même prix et sunt faciles quærentibus herbæ[9][21] Le titre du premier est Asiæ nova descriptio, in qua præter Provinciarum situs, et populorum mores, mira deteguntur, et hactenus inedita. Opus recens exit in lucem, cura L.M.S., Paris, 1656, Sébastien Cramoisy ; [10][22] celui du second est La Géographie royale du P. Labbe, avec le tableau de la France, etc., seconde édition, revue et augmentée, in‑8o, 1652. [11][23][24]

Je vous offre ces livres et les autres que vous voudrez ; je les enverrai sans tarder à notre ami Spon [25] si vous m’écrivez ce qui vous ferait plaisir. Mais en attendant, très distingué Monsieur, vive et vale, et continuez de m’aimer comme vous faites.

Votre Guy Patin pour l’éternité, docteur en médecine de Paris et professeur royal.

De Paris, le 8e de juin 1657.



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Georg Volckamer, le 8 juin 1657

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(Consulté le 24/04/2024)

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