« si vous oubliez cette agrafe et ce vêtement noir » : réminiscence possible de Virgile, aurea purpuream subnectit fibula vestem [une agrafe d’or fixe son habit de pourpre] (Énéide, chant iv, vers 139), pour brocarder la tenue des jésuites.
L’habit de la Compagnie de Jésus ne se distinguait de celui des autres prêtres que par la manière de fermer la soutane, à l’aide d’agrafes (fibulæ) au lieu de boutons. Le Discours de Jean Passerat, Troyen {a}, prononcé au Collège Royal de Paris en 1594, qui sert (traduit du latin) de préface aux anonymes Sièges de Troyes par les Jésuites, ou Mémoires et pièces pour servir à l’histoire de Troyes pendant le xviie siècle, {b} qualifie les jésuites de « bipèdes sans plumes, qui se servent d’une agrafe pour attacher leur robe noire ». {c} La suite en fait un objet de rude dérision.
- Pages xxix‑xxx :
« On dit encore : les jésuites tiennent école de bonnes mœurs et de chasteté. De prime abord, à leurs dehors sévères, vous les prendrez pour des hommes de bien ; mais parce qu’ils portent une agrafe, ce ne sont pas des Hippolytes ; {d} et parce qu’ils castrent les bons auteurs, ce n’est pas un motif pour que les révérends paraissent meilleurs aux yeux des honnêtes gens, aux yeux des Français surtout, qui naturellement n’aiment pas les faiseurs d’eunuques. {e} Grande est la gloire, sans doute, et le fait mérite récompense, de transformer un bélier en mouton, un poulet en chapon. Les habiles gens ! Plût à Dieu qu’ils eussent pour toujours infibulé ceux qui les ont engendrés ! {f} nous ne les aurions pas aujourd’hui parmi nous, dépravant les esprits les plus droits sous prétexte de corriger ceux qui sont faux ; ils n’apprendraient pas à leurs adeptes l’art du mensonge et toutes les fourberies qu’ils décorent du nom d’habileté. Des renards enseigneraient-ils une autre doctrine que les jésuites, s’ils ouvraient une école ? C’est de cette manière que ces caméléons, ces polypes, {g} ces reptiles aiment la vérité. »
- V. note [2], lettre 21.
- Paris, chez les marchands de nouveautés, 1826, in‑16, avec ces précisions empruntées à l’Avertissement :
« Pithou {i} et Passerat ont fourni plusieurs pièces à ce recueil, ouvrage du savant et modeste Grosley, qui en publia deux éditions que les jésuites firent presqu’entièrement enlever. {ii} […]
Pour compléter ce recueil, j’y joins le discours par lequel le Collège royal fut rouvert après l’entrée de Henri iv à Paris. Ce discours appartient à la ville de Troyes et à ce recueil par l’orateur qui le prononça. Cet orateur était Jean Passerat, troyen, un des auteurs de la Satire Ménippée, {iii} et intimement avec messieurs Pithou. À tous ces titres, Passerat ne devait pas être bien favorablement prévenu pour les jésuites qui sont le principal objet de ce morceau. Je le donne ici d’après l’édition de 1594. {iv} J’ai d’autant moins cru devoir en séparer les épigrammes qui y osnt jointes dans cette édition qu’il y a lieu de présumer qu’elles sont de Passerat lui-même »
- Pierre i Pithou, v. note [4], lettre 45.
- Pierre-Jean Grosley (1718-1785), avocat et historien de Troyes, est le compilateur de ce recueil, dont une des éditions a paru en 1756.
- V. note [18], lettre 310
- Probable lapsus calami : je n’ai pas trouvé trace de cette édition et ce texte ne figure pas dans les Orationes et Præfationes [Discours et Préfaces] de Passerat (Paris, 1606, v. note [9], lettre 33) ; connaissant son histoire, il appartient à chacun d’en estimer l’authenticité.
- Page xxv, expression que Passerat a reprise ailleurs : v. notule {b}, note [9], lettre 33.
- Hippolyte, fils de Thésée, aimait si passionnément la chasse qu’il n’était sensible à aucun autre plaisir. Il répugna aux avances amoureuses de sa belle-mère, Phèdre, qui se vengea de l’indifférent en induisant fallacieusement Thésée à prier Neptune de tuer son fils. « Le malheureux père n’est que trop écouté ; un monstre affreux suscité par le dieu des mers effarouche les chevaux ; Hippolyte est renversé de son char et périt, victime des fureurs d’une marâtre et de la crédulité d’un père » (Fr. Noël). V. seconde notule {c}, note [1], lettre latine 167, pour la résurrection d’Hippolyte.
- Les Turcs.
- L’infibulation (mot dérivé du latin fibula, agrafe) est l’« opération par laquelle on réunit, au moyen d’un anneau, les parties dont la liberté est nécessaire à la génération. L’infibulation se fait en tirant le prépuce en avant ; on le perce et on le traverse par un gros fil que l’on y laisse jusqu’à ce que les cicatrices des trous soient faites ; alors on substitue au fil un anneau qui doit rester en place » (Littré DLF).
- Mollusque d’eau douce, le polype « a cette propriété qu’étant coupé et partagé en deux, trois ou quatre parties, il se reproduit tout entier dans chacune » (Académie). V. note [25] du Faux Patiniana II‑6, pour le caméléon.
- Pages xxxii‑xxxiii :
« Épigramme iie, Au pape Paul iv. {a}
Ah ! réjouissons-nous ! les maris débonnaires
De leurs enfants à présent seront les pères ;
Vous verrez qu’avant peu
De les tromper on ne fera plus jeu.
On te doit ce bonheur, grand pontife romain,
Aux fils de Loyola, ta loi sage et sévère
Fait porter une agrafe et grâce à toi, saint père,
Ils seront continents ; on en est bien certain. »
- Le jésuite Vincenzo Carafa, v. note [5], lettre 132.
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