À Claude II Belin, le 4 novembre 1631

Note [16]

« je le connais jusqu’au bout des ongles » : ad populum phaleras ! ego te intus et in cute novi [Clinquant bon pour le peuple (À d’autres, mais pas à moi) ! je te connais jusqu’au bout des ongles] (Perse [v. note [16], lettre 81], Satire iii, vers 30).

Intus et in cute [Dedans et sous la peau] est un adage d’Érasme (no 889) : « c’est connaître sous tous les rapports, c’est comme dire connaître du dehors comme du dedans. »

Achille Chéreau, Bibliographia Patiniana (page 9) :

« Le Traité des fièvres […] est-il bien d’Ambroise Paré, et le manuscrit en a-t-il été réellement trouvé dans les papiers de l’illustre chirurgien ? Si non, serait-il de la façon de l’anonyme si bien notus intus et in cute de Guy Patin ? Enfin, cet anonyme serait-il Patin lui-même ? Dans ce cas, la supercherie serait bien habile, car le texte du Traité des fièvres rappelle un peu le langage naïf et plein de charme de Paré. Nous disons un peu, ne pouvant y trouver une similitude complète. D’ailleurs dans la préface de ce même Traité, {a} il y est parlé en telles louanges de la Faculté de médecine de Paris, laquelle “ nourrist et esleve les plus beaux esprits qui soient en la Medecine, qui distribuë la pure et la vraye doctrine d’Hippocrate et de Galien ”, {b} qu’il n’est guère possible de reconnaître la plume de celui que la Compagnie de la rue de la Bûcherie {c} avait constamment poursuivi de sa haine et de ses sarcasmes. Jamais Ambroise Paré n’eût trouvé dans son cœur, à l’égard de ses ennemis, ces paroles qui terminent ladite préface : {d} “ Je proteste icy que ce n’a pas été par ambition de paroistre docte ny sçavant, sçachant tres bien que tout ce qu’il y a de bon dans tout ce Traicté des Fiebvres a esté compilé par moy des bons Medecins, ausquels après Dieu, je suis tenu de ce peu de cognoissance que j’ay en la Medecine et en la Chirurgie. ” Nous croyons fermement que ce “ compilateur ” n’est < autre > que Guy Patin lui-même. »


  1. Préface au lecteur du Traité, page 1229‑1230.

  2. Citation qui se continue par : « et pour mon particulier, qui m’a enseigné et donné ce peu de sçavoir que je desire communiquer aux autres ».

  3. La Faculté de médecine de Paris (v. note [14] des Décrets et assemblées de 1650‑1651 dans les Commentaires).

  4. Sic pour « ledit traité » (page 1320).

  5. Il reste tout de même difficile d’admettre qu’un docteur régent reçu en décembre 1627 ait eu les relations et les connaissances requises pour écrire lui-même et faire publier un Traité des fièvres, épais de 101 pages, paru en 1628. Il ne figure pas dans l’édition latine (Opera Ambrosii Parei, traduites par Jacques Guillemeau, Paris, 1528, v. note [15], lettre 219).

    À la fin de l’exemplaire des Œuvres d’Ambroise Paré (1628) que conserve la BIU Santé est attaché, juste après la Table, un cahier manuscrit (qui n’est pas de la plume de Guy Patin) intitulé Livre des Fièvres recueilli de Galien, Fernel et autres auteurs par Ambroise Paré, conseiller et premier chirurgien du roi (11 feuillets recto et verso). Un chercheur intéressé par l’énigme du traité de Paré pourra sans doute l’examiner avec profit.


Dans sa lettre du 11 juin 1649 (note [19]), Patin me semble avoir levé tous les doutes quant à sa propre implication dans la rédaction des Œuvres d’Ambroise Paré en confiant à Charles Spon que leur collaborateur caché, qu’il connaissait intus et in cute, avait été Jean Haultin, « un de nos anciens » (mort en 1615).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 4 novembre 1631, note 16.

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(Consulté le 19/04/2024)

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