Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑3 (1701)
Note [36]
Au cours des dix années qu’il a passées à Paris, Dominicus Baudius (v. note [30], lettre 195) s’est adonné avec plus ou moins de succès à la profession d’avocat : il a été reçu au barreau du Parlement en 1592, mais ses débauches et la maigreur de sa bourse l’ont mené plusieurs fois en prison (Bayle, note C). Guy Patin ne pouvait pas avoir personnellement connu Baudius, mort à Leyde en 1613.
Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 64). Les trois pièces latines qui y sont citées font partie du Farrago variorum poematum [Fatras de poèmes divers] qui forment la dernière partie de la Domenici Baudii Poematum nova editio [Nouvelle édition des Poèmes de Dominicus Baudius] (Leyde, Thomas Basson, 1607, in‑8o de 611 pages).
[Le premier s’enorgueillit de son plumage, il n’y a pourtant rien de plus vain que ses plumes : ce paon ne chérit pas l’oiseau de Junon, {a} mais la sénilité et la pourriture de la déchéance chérissent ce cracheur et ce vieillard languissant].
[Le deuxième est un pigeon, tout en stupeur et en torpeur ; il aurait ravi son renom à la corneille, si son cri n’avait sonné comme celui d’une chouette].
[Le dernier, ce tout jeune novice, se croit peut-être le gentil petit-fils de Vénus, quand il est issu de la famille de Vulcain].
Ces trois personnages (à en croire le Patiniana) pouvaient être les trois frères Séguier, tous officiers du Parlement de Paris (v. note [13] du Borboniana 8 manuscrit) : Jean (mort vers 1600), conseiller puis maître des requêtes, père du Chancelier Pierre iv Séguier ; et les deux frères de Jean, Louis i (mort en 1610), conseiller clerc puis président aux Enquêtes, et doyen de Notre-Dame, et Antoine (mort en 1624) , maître des requêtes et président au mortier.
Longo quòd usu sum tibi devinctior,
Patrone summe, quàm tuorum cætera
Plebes clientum, propter id benignius
Mecum experiris, atque liberalius
Quàm cum quibus vis : quippe cùm loces fidem
Pluris licenti, nec caninam scilicet
Ulli sine ossâ commodes loquentiam,
Gratis dedisti verba splendidè mihi.
Pro qua profusa largitate, quamdiu
Vitalis auræ vescar usurâ, memor
Munisque grates maximas agam tibi,
Remetiarque verba non pari modo,
Sed auctiore, iustus ut vates iubet.
Nec ore solùm, quatenus vocis meæ
Vigor valebit, prædicabo qui sies,
Sed et stylo, versuque fors superstite
Laudes per orbem differam latè tuas.
Mysteriumque horribile posteri scient,
Te, quem fatetur omnis, et res arguit
Os non habere, verba vendere et dare.[Plus que le menu fretin de tes clients, un long usage m’a attaché à toi, éminent avocat, car tu éprouves pour moi plus de d’amabilité et de générosité que pour quiconque : tu m’as splendidement et gratuitement gratifié de paroles, puisque tu mets ta confiance en qui paie le mieux et ne prêtes ta canine éloquence {c} à personne s’il ne te procure des os. Aussi longtemps qu’un souffle de vie me nourrira, je me souviendrai de ton immense largesse et, par des présents, marquerai mon immense gratitude envers toi ; comme un juste poète se doit de le faire, je te paierai de mots en retour, et le nombre n’en sera pas égal, mais plus élevé. Je ne vanterai pas seulement qui tu es en usant de ma bouche, dans la mesure où la vigueur de ma voix en sera capable, mais aussi et surtout en usant de ma plume, et par mes vers qui vivront peut-être après moi, je propagerai largement tes louanges de par le monde. La postérité connaîtra cet étonnant mystère : tu vends et donnes des paroles, toi qui, comme chacun reconnaît et les faits en témoignent, n’as point de bouche]. {d}
- Père d’Auguste ii Galland, v. note [18], lettre 255.
- En juillet 1607 (tome huitième, page 318), Pierre de L’Estoile a noté dans ses Mémoires-journaux (Paris, 1879, v. note [95] des Deux Vies latines de Jean Héroard) : « On m’a donné aussi des vers latins de Baudius à M. Galland, l’avocat, qui le gallent [grattent] un peu. »
- Tes aboiements.
- L’épigramme qui suit celle-ci, In eundem [Contre le même], n’identifie pas non plus nommément sa cible.