L. 777.  >
À André Falconet,
le 18 avril 1664

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 18 avril 1664

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0777

(Consulté le 24/04/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Le marchand de dentelles et point de Venise [2] nommé Salar [3] est toujours dans le cachot noir du grand Châtelet. [4] Il est accusé de plusieurs faussetés, il promet à ses juges de leur révéler bien des vérités et d’accuser beaucoup de complices, pourvu qu’il ait la vie sauve. On dit néanmoins qu’il sera pendu. [1] Il y a ici des femmes de marchands prisonnières pour la fausse monnaie [5] et pour l’avoir débitée. L’affaire de Chartres [6] est tout à fait mauvaise : le fils de M. Grenet, [7] procureur du roi, et le vice-bailli son gendre [8] sont tous deux en fuite. Il y a une femme prisonnière et deux valets. Tout est pris et saisi. M. de Fortia, [9] maître des requêtes, commissaire député et envoyé sur les lieux, est ici attendu dans trois jours. [2] La Chambre de justice [10] fait bien des recherches sur plusieurs particuliers et en fait mettre beaucoup en prison.

On imprime ici les Conciles en 15 tomes in‑fo, le Balzac [11] tout entier en deux tomes, le Mézeray [12] en quatre tomes, etc. [3] On espère de voir bientôt ici une nouvelle pièce de défense pour M. Fouquet, [13] laquelle, à ce qu’on dit, s’imprime hors du royaume et qui surpassera en beaux raisonnements tout ce qui jusqu’ici a été fait pour sa défense. Enfin M. Morisset [14] revient, un de ses particuliers amis vient de m’en assurer ; c’est qu’il est d’accord avec ses créanciers par le moyen de M. Vallot [15] qui lui a obtenu du terme et de l’assurance contre tant de demandes. Ô misérable vanité, que tu fais de mal au monde !

Il y a ici une nouvelle criminelle, c’est une femme d’environ 50 ans qui a toujours fait la belle, veuve d’un marchand de passements [16] de la rue au Fer et fille de Boussingaut, [17] fameux marchand de vin, et que j’ai autrefois traité malade. Elle est prisonnière pour avoir eu intelligence avec des faux monnayeurs [18] qui faisaient des lis d’or [19] de 7 livres, et elle les distribuait et faisait passer pour bons, moyennant 15 sols de profit sur chaque pièce. [4] Mon Dieu, que les méchants sont malheureux ! Maudit argent, que tu fais de mal au monde ! L’avarice et la vanité sont les démons qui le gouvernent aujourd’hui. Cette veuve s’appelle Mme Le Fèvre, [20] elle a une fille mariée à un nommé M. Gervais de La Marche qui a été officier du roi. On dit que le cardinal-légat [21] vient, qu’il arrivera à Fontainebleau [22] où le roi [23] se rendra le 25e de mai pour l’y recevoir. [5][24] Je vous baise les mains et suis de tout mon cœur votre, etc.

De Paris, ce 18e d’avril 1664.

Le roi ira au Palais bientôt pour quelque suppression contre les jansénistes. [6][25][26] Quand le roi sera à Fontainebleau, la Chambre de justice sera à Moret [27] et les prisonniers à Montereau-fault-Yonne. [7][28] M. l’archevêque de Rodez [29] a ses bulles [30] pour l’archevêché de Paris dont il prendra demain possession. [8]


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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