< L. 908.
> À André Falconet, le 19 avril 1667 |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À André Falconet, le 19 avril 1667
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Mme Talon, [2] mère de l’avocat général, [3] est morte. On dit qu’elle a laissé dans sa maison un grand procès pour avoir fait un insigne avantage par son testament à une de ses filles [4] aux dépens des autres enfants ; et ainsi est vrai ce qu’a dit Alciat [5] en ses Emblèmes, Quod non capit Christus, rapit fiscus. [1] M. Talon, son fils aîné, qui est vraiment un illustre personnage et avocat général au Parlement, est, à ce qu’on dit, fort malcontent de ce testament et prétend le faire casser par un arrêt solennel qu’il en veut obtenir. Le roi [6] veut faire la revue à ses 10 000 hommes, quatre ou cinq jours durant, dans la plaine de Houilles, [7] entre Saint-Germain, [8] Sartrouville [9] et Argenteuil, [10] où il fera voir une belle représentation de la guerre aux dames de la cour qui aiment de tels combats où l’on s’échauffe jusqu’à la fureur même, mais où l’on ne tue personne. Après cette revue faite, on dit que les troupes auront ordre de marcher au rendez-vous qui leur sera assigné ; mais où sera-ce ? [2] Personne ne le sait que ceux qui commandent et je ne puis encore me persuader que ce soit en Flandres, [11][12] et plût à Dieu que ce fût plutôt contre le Turc. [13] Nous avons ici un de nos jeunes médecins très malade, nommé Jacques Boujonnier. [14] Il avait un frère aîné [15] qui mourut il y a tantôt deux ans. Leur père [16] est encore vivant, âgé de 78 ans. [3] J’ai ici un médecin de Laon, [17] nommé M. Cotin, [18] qui a la pierre et que je ferai tailler [19] demain matin ; Dieu lui en donne bonne délivrance. Deux frères laquais ont ici fait un grand vol depuis peu chez leur maître, secrétaire du roi. L’un des deux a été attrapé avec 700 pistoles dont il était chargé, l’autre en a davantage. Celui qui est pris sera pendu bientôt apparemment, l’autre fera bien de se sauver en Amérique [20] et d’y devenir roi, de peur d’être ici puni comme son frère. Le vers de Juvénal n’a-t-il pas parlé d’eux : [21] Ille crucem pretium sceleris tulit, hic diadema ? [4] Je vous baise les mains et suis de tout mon cœur votre, etc. De Paris, ce 19e d’avril 1667. | |||||||||||||
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Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr | |||||||||||||
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