L. 910.  >
À André Falconet,
le 3 mai 1667

Codes couleur
Citer cette lettre
Imprimer cette lettre
Imprimer cette lettre avec ses notes

×
  [1] [2] Appel de note
  [a] [b] Sources de la lettre
  [1] [2] Entrée d'index
  Gouverneur Entrée de glossaire
×
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 3 mai 1667

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0910

(Consulté le 05/12/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Si j’étais à Lyon auprès de vous, tête à tête, je pourrais bien vous dire plusieurs choses particulières que l’on dit ici et que je ne puis vous écrire, aussi ne le faut-il pas. [2] M. de Roquesante, [3] conseiller au parlement de Provence [4] et à la Chambre de justice, [5] qui parla si fortement et si heureusement pour M. Fouquet, [6] est ici de retour de Bretagne où il a été exilé quelque temps. Il est malade, j’y ai été appelé en consultation, [7] j’espère qu’il guérira. Je le trouve fort habile homme, et plus que ne sont ordinairement les Provençaux, car ces gens-là pipent plus en esprit ou en fourberie qu’en science ; ils sont trop glorieux pour apprendre avec peine et par étude. Celui-ci passe tous ceux que j’ai connus. Je l’ai un peu entretenu en secret et en particulier, je le trouve fort résolu et fort savant. C’est ce qui m’en a bien plu et qui m’a fait refuser son argent, bien que sa femme [8] m’en ait fort pressé et qu’elle ait fait tout ce qu’elle a pu pour m’en faire prendre ; mais je lui ai dit que la vertu de son mari, que j’honore très fort, m’empêcherait de faire cette faute. Cette dame provençale a fort bonne grâce et parle fort agréablement, et en vérité, elle est digne de louange pour le soin qu’elle a eu et pour la peine qu’elle a prise de solliciter la liberté de son mari, à présenter tant de requêtes au roi, [9] et à lui parler si sagement et si pathétiquement comme l’on dit qu’elle a fait. Vivent les gens de bien qui ont du courage et de l’esprit ; il y en a bien qui n’ont ni l’un, ni l’autre. [1]

On ne parle plus ici que de guerre, on dit que les troupes marcheront le 15e de ce mois vers la Flandre, [10] mais on ne dit encore rien de la déclaration de cette guerre, [11] etc. [2] On dit que la reine [12] demeurera à Compiègne, [13] que Mme la duchesse d’Orléans [14] demeurera avec la reine sa mère [15] à Colombes, que M. le duc d’Orléans [16] suivra le roi, que M. le maréchal de Turenne [17] sera le grand commandant duquel les quatre lieutenants généraux recevront les ordres, que M. le duc d’Orléans a reçu 200 000 livres pour son voyage, que Mlle de La Vallière [18] demeurera à Versailles. [19] Je viens de recevoir avec beaucoup de joie une lettre de notre bon ami M. Spon. Dieu soit loué de ce qu’il se porte mieux, je vous remercie du soin que vous avez pris de lui. [20] Messieurs du Parlement furent assemblés samedi dernier. On dit qu’il y eut trois de ces Messieurs qui parlèrent bien hardiment, savoir MM. Miron, [21] de La Grange [22] et de Nointel, [3][23] ce qui n’a pas plu à M. Colbert. [24] J’ai peur pour M. Miron de quelque exil, qui d’ailleurs n’a pas de santé ; les deux autres sont pareillement fort honnêtes gens. O mores ! o tempora ! [4] Je vous baise très humblement les mains et suis de tout mon cœur votre, etc.

De Paris, ce 3e de mai 1667.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
Licence Creative Commons "Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.
Une réalisation
de la BIU Santé