L. latine 391.  >
À Philipp Jakob Sachs von Lewenhaimb,
le 10 février 1666

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Philipp Jakob Sachs von Lewenhaimb, le 10 février 1666

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1424

(Consulté le 23/04/2024)

 

[Ms BIU Santé no 2007, fo 204 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Philipp Jakob Sachs, docteur en médecine, à Breslau.

Très distingué Monsieur, [a][1]

J’ai reçu avec joie votre bien agréable lettre. Avant d’aller plus loin, je voudrais pourtant solennellement et catégoriquement vous déclarer que je suis désireux d’apprendre, tant de vous que de tous les savants qui vous ressemblent, et d’être toujours avantageusement instruit ; mais loin de moi l’idée que je puisse instruire quiconque ! Conveniunt cymbæ vela minora meæ[1][2] J’apprends tous les jours en écrivant et en lisant, et même en enseignant publiquement au Collège royal ; [3] acceptez donc seulement de moi ce témoignage authentique de ma sincérité : je ne prends pas en mains votre Ampelographia ni ne la referme sans avoir été rendu plus intelligent et plus savant, par [Ms BIU Santé no 2007, fo 204 vo | LAT | IMG] la diversité de sujets et la riche érudition curieuse que vous y avez partout semée à pleines poignées, par l’infini savoir dont vous regorgez, surpassant de loin en cela les autres écrivains de notre époque. Voilà en peu de mots ce que je pense de vous et de votre livre, voulant que vous les teniez pour une preuve certaine et éclatante de ma candeur. Quant à la circulation du sang, je ne vois aucune fin aux disputes : [2][4][5] les doutes m’assaillent de toutes parts, quelle que soit l’hypothèse envisagée, harveyenne ou riolanique ; [6][7] et à vrai dire, j’approuve l’une comme l’autre. Bien que je ne mette pas en doute le mouvement du sang, je ne comprends ni son ressort ni son cadre, non plus que son extrémité, son début et sa fin. C’est pourquoi, sans parler à la légère ni discourir vainement, je me comporterai en sceptique et dirai seulement : επεχω, και ουδεν οριζω, donec veniat Elias qui revelabit[3][8][9][10][11] et expliquera l’énigme anatomique ou philosophique que tant de difficultés enveloppent. Alors, en effet, j’accorderai ma pleine confiance à qui aura dévoilé un si profond mystère, surtout si l’éclaircissement d’une si grande question, qui a jusqu’alors défié tant de talents, apporte quelque profit ou avantage à nos études, pour favoriser la guérison des maladies internes, à laquelle je m’applique tout entier depuis plus de 42 ans. Je n’accorde presque aucune importance à ces innovations, et ne le ferais pas même si j’en avais le loisir, car il ne nous est pas permis d’être beaux parleurs, nous qui cultivons des Muses plus sublimes et plus sérieuses. Dieu aidant, je ferai mon profit de votre Gammarologia, que j’attends impatiemment, et en tirerai quelque fruit après que je l’aurai reçue ; [4] ce qui, j’espère, me parviendra par l’entremise de mon grand ami, M. Johann Georg Volckamer, docteur en médecine à Nuremberg. [12] Nous avons toujours ici votre compatriote, l’excellent et remarquable M. Joachim Elsner ; [13] de retour en votre pays, il vous assurera de ma particulière considération envers vous. Vale, très distingué Monsieur, et aimez-moi en retour, moi qui vous aime beaucoup et vous suis entièrement dévoué.

De Paris, le 10e de février 1666.

Vôtre, etc.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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