Cette anecdote puise dans deux autres sources antiques, qu’a aussi réunies l’article du Grand Dictionnaire de Louis Moréri (v. supra note [15]) sur le mot Mausolée (Amsterdam, Utrecht et La Haye, 1694, tome troisième, page 472).
- Valère Maxime, Faits et dits mémorables (v. note [7], lettre 41), livre iv, chapitre vi, De amore conjugali [De l’amour conjugal] (extension 1) :
Gentis Cariæ regina Artemisia virum suum Mausolum fato absumptum quantopere desideraverit leve est post conquisitorum omnis generis honorum monumentique usque ad vii miracula provecti magnificentiam argumentari : quid enim aut eos colligas aut de illo inclito tumulto loquare, cum ipsa Mausoli vivum ac spirans sepulcrum fieri concupierit eorum testimonio, qui illam extincti ossa potioni aspersa bibisse tradunt ?
[La reine de Carie, Artémise, eut le plus vif chagrin de la perte de son mari. {a} Toute preuve de l’intensité de ses regrets serait faible après les honneurs de toute sorte qu’elle rendit à sa mémoire et la construction du monument que sa magnificence fit mettre au rang des Sept Merveilles. {b} Mais à quoi bon énumérer ces honneurs et parler de ce fameux tombeau ? Ne voulut-elle pas devenir elle-même le tombeau vivant et animé de Mausole, à en croire les témoignages selon lesquels, après la mort de son époux, elle en but les cendres mêlées dans un breuvage ?]
- Diogène Laërce, Vies des philosophes illustres (v. supra note [32]), Anaxagore (Anaxagoras, v. notule {c}, note [51], du Faux Patiniana II‑2), livre ii, § 10 :
« Quand il vit le tombeau de Mausole, il dit : “ Un tombeau somptueux, c’est le fantôme d’une fortune pétrifiée. ” » {c}
- Artémise ii était l’épouse de Mausole, roi ou satrape de Carie (en Asie Mineure), mort en 353 av. J.‑C., immortalisé par son tombeau qui est à l’origine du mot mausolée. Il avait été construit à Halicarnasse, capitale de la Carie antique (v. notule {b}, note [6] du Faux Patiniana II‑1).
- Chronologiquement, le tombeau de Mausole a été la cinquième des Sept Merveilles du monde antique. Je ne sais pas expliquer pourquoi L’Esprit de Guy Patin le qualifie ici de « seconde Merveille du monde » (quand Moréri ne la numérote pas).
- Ταφος πολυτελης λελιθωμενης εστιν ουσιας ειδωλον.
Tous les commentateurs de Diogène Laërce ont remarqué qu’Anaxagore, mort en 428 av. J.‑C., n’a pu voir le tombeau de Mausole : ou bien cet apophtegme lui est attribué à tort, ou bien il l’a prononcé dans une autre occasion.
Cet article réunit donc trois citations antiques ; toutefois, bien que la première (celle de Sénèque le Tragique, v. supra note [44]) demeure « orpheline » (mais fort banale), je l’attribue tout entier et sans état d’âme aux rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin. |