À Charles Spon, le 24 septembre 1658, note 13.
Note [13]

« sont purs mensonges. »

Carnosité : « petite excroissance de chair, bourgeon, ou tubercule, ou verrue qui se forme dans la verge et qui bouche les conduits de l’urine. Les nodus et les carnosités sont difficiles à guérir. On ne les connaît guère que par la sonde qui est introduite dans ce passage et qui trouve de la résistance. Elle vient ordinairement de quelque maladie vénérienne mal pansée [soignée] » (Furetière).

En attribuant toutes les obstructions urinaires basses (au niveau de la vessie et de l’urètre) à la pierre, Guy Patin se méprenait évidemment : les « carnosités » existent bel et bien et sont capables d’entraver l’écoulement de l’urine ; il s’agit principalement des tumeurs bénignes (adénomes) ou malignes (cancer) de la prostate, et plus rarement de certaines tumeurs du col de la vessie ; s’y ajoutent les rétrécissements de l’urètre qui sont les séquelles de la blennorragie (gonorrhée virulente ou chaude-pisse, infection vénérienne due au gonocoque, v. note [14], lettre 514).

Il faut croire que les chirurgiens du xviie s. se réfugiaient derrière cette excuse de carnosités quand, lors de l’opération de la taille (lithotomie, v. note [11], lettre 33), l’ouverture de la vessie ne trouvait pas de pierre, ou quand l’obstruction revenait sitôt après une opération apparemment réussie.

On a aussi accusé la malaria (ou paludisme) d’avoir causé la mort de Cromwell, mais la forme qui sévissait alors en Angleterre n’était que très rarement fatale ; un empoisonnement a même été invoqué. L’autopsie trouva une suppuration de la rate, qui pouvait être la conséquence d’une septicémie à point de départ urinaire, mais le diagnostic exact n’a jamais été définitivement établi par les historiens (Fraser, page 843).

Blaise Pascal a été de la même opinion que Patin (Pensées, section ii, série xxvi, Lafuma 750, Brunschvicg 176) :

« Cromwell allait ravager toute la chrétienté ; la famille royale {a} était perdue, et la sienne à jamais puissante, sans un petit grain de sable qui se mit dans son uretère. {b} Rome même allait trembler sous lui. Mais ce petit gravier s’ayant mis là, il est mort, sa famille abaissée, tout en paix, et le roi rétabli. »


  1. Britannique.

  2. Sic pour urètre (l’uretère étant le long conduit qui, de chaque côté, mène l’urine du rein à la vessie).

V. note [4], lettre de Charles Spon, le 11 septembre 1657, pour les chirurgiens surnommés docteurs de la petite spatule.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 24 septembre 1658, note 13.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0539&cln=13

(Consulté le 12/12/2024)

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