V. note [16] du mémorandum 19 pour le court-pendu.
La calville est une autre variété de pomme, « fort rouge par la pelure, et qui est même rouge en une partie de la chair » (Furetière).
Gilles Ménage en a beaucoup rajouté sur l’étymologie :
« L’origine de ce mot ne m’est pas connue. Comme plusieurs fruits – le besie d’Héry, la virgouleuse, la Saint-Lezin, les poires d’Angoisse – {a} ont pris leur dénomination du lieu d’où ils nous sont venus, il peut être aussi que les pommes de calville aient été ainsi appelées de quelque lieu appelé Calville. {b} Et à ce propos, il est à remarquer que dans le voisinage de Lyon, du côté de la Bresse, il y a un lieu appelé Calville. Les Anciens ont fait mention d’une sorte de noix qu’ils appelaient noix chauve. Caton, ch. 8. Nuces calvas, avellanas Prænestinas et Græcas. {c} Ils ont aussi fait mention d’une vigne chauve : le même auteur, chapitre 22, Si vinea a vite calva erit ; Pline, livre xvii, chap. xxii, Si vinea a vite calvata erit. {d} N’aurait-on point aussi appelé les pommes de calville poma calvilla, par rapport à mala cotonea, qui sont les coings, lesquels sont cotonneux ; et par rapport aux pêches, qui sont velues, dont quelques-unes, pour cela, s’appellent veloutées ? J’ajoute à ces considérations que nous avons une sorte de pêches que nous appelons lisses, et que les pommes de calville étant extrêmement lissées, ne représentent pas mal une tête chauve. {e} Il me reste à remarquer que dans le Languedoc on dit pommes de calvire au lieu de pommes de calville. »
- Ménage a lui-même pris soin de définir chacun de ces rares fruits.
- Besie d’Héry : « sorte de poire, ainsi appelée du mot besie (qui, dans la Bretagne, dans l’Anjou et dans le Poitou, signifie poire sauvage, et qui, comme je crois, est un mot bas-breton) et de Héry, qui est une forêt de Bretagne entre Rennes et Nantes, où ces poires ont été trouvées. De sorte que c’est parler improprement que de les appeler poires de besie d’héry. En Bretagne, en Anjou et à Paris, on dit du besie d’héry. »
- Virgouleuse : « sorte de poire. J’apprends de l’Abrégé des bons fruits de M. Merlet que cette poire a été ainsi appelée du village de Virgoulée, prés de Limoges, et que dans le pays on l’appelle aussi la chambrette, à cause que ce village appartenait au baron de Chambray. Ce fut un nommé M. de Laborie, secrétaire du roi, qui l’apporta à Paris vers l’an 1625 ou 1630 ; ce qui l’a aussi fait appeler par d’autres poire de Laborie. On la nomme dans le Limousin poire de glace. »
- Saint-Lezin : « sorte de poire ; de la chapelle Saint-Lezin près d’Angers, dans le jardin de laquelle on commença en Anjou à greffer de ces poires. En Anjou, nous prononçons Lezin ; à Paris, on dit plus communément Lézin. »
- Angoisse : « sorte de poire. J’avais toujours cru que ces poires avaient été ainsi appelées à cause qu’elles sont de mauvais goût et qu’elles prennent à la gorge. Et c’est aussi la pensée de Charles Estienne dans son de Re hortensi ; mais je viens d’apprendre dans la Chronique manuscrite de Geoffroy, prieur de Vigeois, chap. 27, laquelle m’a été communiquée par M. Dupuy, conseiller d’État et garde de la Bibliothèque du roi, qu’elles ont été ainsi nommées d’un village du Limousin appelé Angoisse. His diebus (an. 1094) repertum est genus piri agrestis a rustico in ejus agro. Fructum vero nominant pyras d’Angoisse. Vicus enim sic vocatur, et est in Lemovicino, non longe a Monasterio Sancti Aredii, quod dicitur St Iriez [Récemment (en l’an 1094) un paysan a trouvé dans son champ un genre de poire agreste. Ils nomment ce fruit poires d’Angoisse, qui est le nom d’un village du Limousin proche du monastère de Saint-Iriez (aujourd’hui Saint-Yriex- la-Perche en Haute-Vienne)]. »
- Probablement Caluire, dans la banlieue nord-est de Lyon aujourd’hui.
- « des noix chauves, des avelines de Préneste [aujourd’hui Palestrina près de Rome] et de Grèce » (Caton l’Ancien, De l’Agriculture, v. note [5] de Guy Patin contre les consultations charitables de Théophraste Renaudot).
- « Si les ceps sont rares dans votre vigne » citation de Caton l’Ancien (chapitre 33 et non 22), reprise par Pline dans son Histoire naturelle, à l’endroit indiqué.
- Fort tourmenté par cette énigme étymologique et peu convaincu par le lien avec Calville/Caluire, Ménage se demandait si calvilla ne pourrait pas être un diminutif de calva, chauve.
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