À Charles Spon, le 3 décembre 1649, note 16.
Note [16]

Jarzé était ce même marquis qui avait eu maille à partir avec le duc de Beaufort aux Tuileries en juin 1649 (soupe frondée, v. notes [3] et [4], lettre 190). Mme de Motteville (Mémoires, page 313), confidente d’Anne d’Autriche, a complété le récit d’autres mémorialistes (v. note [12], lettre 208) sur « cette chimérique entreprise » :

« nous trouvâmes qu’elle était fondée sur ce que Mme de Beauvais […] était amie de Jarzé, qui, n’étant ni belle ni jeune et voulant avoir des amis, avait flatté Jarzé de cette pensée qu’elle le rendrait agréable à la reine et lui ferait de bons offices. Cette promesse, dans l’intention de cette femme, ne regardait que la fortune de Jarzé ; mais comme il avait beaucoup de vanité et d’imprudence, et qu’il ne bornait pas ses désirs dans les justes limites de la raison, il la prit de travers ; et au lieu de prétendre plaire à la reine comme tous les courtisans veulent plaire à leur maître, il fit dessein de lui montrer que son cœur était allumé d’une flamme involontaire. »

Condé, qui avait peut-être monté le scandale, profita de l’occasion pour exaspérer plus encore la régente et le cardinal : le 26 novembre, après avoir durement raillé Jarzé, la reine lui avait dit (Journal de la Fronde, volume i, fo 141 ro) :

« qu’il se retirât et que si on avait < à le > mettre en prison, qu’il faudrait que ce fût dans les Petites Maisons. {a} Le soir du même jour il reçut ordre de se retirer et eut en même temps recours à la protection de M. le Prince qui, étant alors sur le point de s’aller divertir à Saint-Maur avec une douzaine de personnes de condition, y amena ce marquis et lui promit qu’à son retour, il intercéderait pour lui auprès de la reine. Son Altesse étant arrivée à Saint-Maur, ces Messieurs s’y firent une comédie ou plutôt une farce sur le sujet de la disgrâce de ce marquis, les uns ayant fait des vers qu’ils mesuraient avec un compas {b} et les autres des railleries en prose. Au retour de Son Altesse (qui fait maintenant {c} tout ce qu’elle veut à la cour, M. le cardinal n’osant plus s’opposer à ses volontés), < Condé > pria la reine de vouloir pardonner à la folie de M. de Jarzé et fit un accommodement ; mais il n’a pas encore vu Sa Majesté. On croit que celui de Mme de Beauvais se fera dans peu de temps et l’on remarque que l’on n’a pas mis encore personne dans sa charge. »


  1. V. note [29], lettre 97.

  2. Avec grande précision et exactitude (Furetière).

  3. Le 3 décembre.

Retz (Mémoires, pages 605-606) :

« < La circonstance > qui me persuada le plus qu’il y avait de la sincérité en la colère de la reine contre M. le Prince fut que je savais de science certaine qu’elle se prenait à M. le Prince, et à mon opinion, avec fondement, d’une galanterie que Jarzé avait voulu faire croire à tout le monde avoir avec elle »

Cette « amourette de haute gamme » eut le fâcheux effet de faire perdre à la reine toute confiance en Condé, brouille dont les formidables effets ne tardèrent pas à éclater.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 3 décembre 1649, note 16.

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(Consulté le 05/10/2024)

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