Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-4, note 2.
Note [2]

« Cette loi n’est pas avinée, mais fort violente. »

Ce curieux latin, qui joue sur les adjectifs vinolentus [aviné] et violentus [violent], n’a pas de source que j’aie su identifier.

Le propos qui précède se lit dans l’opuscule de François i de La Mothe Le Vayer intitulé De la Santé et de la Maladie {a} (tome second, pages 103‑104) :

« Quant à cette prétendue royauté qui s’est trouvée conjointe à la médecine, nous voyons à la vérité qu’encore à présent il n’y a si petit galéniste qui ne commande au plus grand monarque lorsqu’il est alité. Les médecins étaient si absolus, et avaient un pouvoir si despotique dans Locres des Épizéphyriens que, par une des lois de leur législateur, Zaleucus, {b} le malade qui avait bu du vin pur sans l’ordonnance de son médecin était coupable de mort, encore qu’il eût recouvré la santé {c}. Et l’histoire du dernier siècle nous apprend que Fracastor obligea les pères assemblés à Trente, par la crainte d’une contagion future dont il les menaçait, de transférer le concile à Bologne. » {d}


  1. Œuvres, Paris, 1662, v. note [26], lettre 557.

  2. Zaleucus, ou Zaleucos, est le législateur grec, de réalité historique incertaine, qui aurait établi les lois des habitants de Locres Épizéphyrienne (aujourd’hui Locri en Calabre) au viie s. av. J.‑C.

  3. Dans la marge, Le Vayer cite sa source, Æl. L. 2. var. hist. c. 37, c’est-à-dire Élien (v. note [2], lettre 618), Histoires diverses, livre ii, chapitre 37 :

    « Entre plusieurs lois sages et utiles que Zaleucus donna aux Locriens, celle-ci ne doit pas tenir le dernier rang : si quelque malade, chez les Épizéphyriens, buvait du vin pur sans que les médecins l’eussent ordonné, et s’il recouvrait la santé, il encourait la peine de mort, pour avoir pris une boisson qui ne lui avait pas été prescrite. »

  4. Écrivant cette note le 13 juin 2020, pendant la timide levée du confinement général lié à la pandémie du coronavirus 19, je n’ai pas résisté au plaisir de transcrire ce bref supplément, que Le Vayer a emprunté à L’Histoire universelle de Jacques-Auguste i de Thou (livre i, règne de Henri ii, année 1547, Thou fr, volume 1, page 284).

    V. notes [2], lettre 6, pour Fracastor, le premier à avoir conçu la notion de contagion au début du xvie s., et [4], lettre 430, pour le concile de Trente (1545-1563).


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-4, note 2.

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(Consulté le 19/03/2024)

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