À Charles Spon, le 22 juin 1655, note 20.
Note [20]

« c’est une foudre aveugle » ; Brutum fulmen est une expression que Pline a employée au pluriel (bruta fulmina) dans son Histoire naturelle (livre ii, chapitre xliii ; Littré Pli, volume 1, page 120) :

Sed hæc omnia esse fortuita : hinc bruta fulmina et vana, ut quæ nulla veniant ratione naturæ ; his percuti montes, his maria, omnesque alios irritos jactus.

« De là des foudres aveugles et vaines toujours, n’étant le produit d’aucune des lois de la nature : elles frappent les monts, elles se précipitent dans les mers et portent tant d’autres coups inutiles. »

Cette expression renvoie aussi au violent orage provoqué par la bulle d’excommunication que le pape Sixte Quint avait prononcée en 1585 par contre le roi de Navarre et le prince de Condé. {a} Jacques-Auguste i de Thou l’a commentée dans le livre lxxxii de son Histoire universelle (Thou fr, volume 9, page 378) :

« Dans la suite, François Hotman écrivit aussi contre cette bulle. Celui-ci choisit un style badin et donna pour titre à son livre Brutum Fulmen, {b} c’est-à-dire la foudre sans effet. »


  1. V. note [18] du Borboniana 4 manuscrit.

    Furetière donne pour premier sens au verbe fulminer : « vérifier, exécuter une bulle ou autre récrit de cour de Rome ; “ Ces bulles, cette dispense se doivent fulminer par l’official d’un tel lieu, qui est un de ceux auxquels elles sont adressées ” ; on dit aussi “ fulminer une excommunication. ” »

  2. François Hotman (v. note [19], lettre 176) :

    Brutum fulmen Papæ Sixti v. adversus Henricum Sereniss. Regem Navarræ, et illustrium Henricum Borbonium, Principem Condæum. Una cum protestatione multiplicis nullitatis.

    [La Foudre aveugle du pape Sixte Quint contre le sérénissime roi Henri de Navarre et l’illustrissime Henri de Bourbon, prince de Condé. Avec protestation de multiples causes de nullité]. {i}

    1. Rome, héritiers d’Antonius Bladius, 1585, in‑8o anonyme de 234 pages.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 22 juin 1655, note 20.

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(Consulté le 19/03/2024)

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