Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 5 manuscrit, note 23.
Note [23]

« comme raconte Sleidan, page 630 ».

  • Nicolas Perrenot de Granvelle (Besançon 1486-Augsbourg 1550), d’abord avocat au parlement de Besançon, s’attacha à la personne du jeune empereur Charles Quint dès son élection, en 1519 (il était duc de Bourgogne depuis l’âge de 6 ans). Conseiller du souverain, il devint son chancelier, puis son garde des sceaux. Nicolas eut 15 enfants et assura une avantageuse carrière aux onze qui atteignirent l’âge adulte : v. supra note [19] pour Antoine, le cardinal, et [21] pour Thomas, comte de Cantecroix.

  • Les Mémoires de Dunod de Charnage (Nobiliaire du comté de Bourgogne, pages 169‑171) m’ont principalement renseigné sur la famille du cardinal de Granvelle. Les origines de Pierre Perrenot (mort en 1537), père de Nicolas, sont embrumées par la prétention de sa descendance à avoir de nobles racines, et par l’acharnement de leurs adversaires à la nier : pour les uns, Pierre Perrenot était gentilhomme, châtelain d’Ornans et lieutenant des sauneries à Salins, mais pour les autres, maréchal-ferrant.


    1. Mémoires pour servir à l’histoire du comté de Bourgogne, contenant l’idée générale de la Noblesse et le Nobiliaire du dit comté, l’Histoire des comtes de Bourgogne des maisons de Valois et d’Autriche ; de l’Administration de la justice, de son parlement et de sa réunion au royaume de France ; l’Histoire de toutes les révolutions et faits remarquables arrivés en cette province jusqu’au temps présent. Avec figures en taille-douce. Par M. F.I. Dunod de Charnage, {i} écuyer, ancien avocat au parlement et professeur royal en l’Université de Besançon. {ii}

      1. François-Ignace Dunod de Charnage (Saint-Claude 1679-Besançon 1752), juriste et historien.

      2. Besançon, Jean-Baptiste Charmet, 1740, in‑4o de 783 pages

  • Johann Philippson Sleidan {a} a illustré le pouvoir de Nicolas Perrenot de Granvelle en au moins deux endroits de son Histoire de l’état de la religion et république, sous l’empereur Charles v. Par Jean Sleidan. {b}

    1. Fin du livre douzième et début du treizième, année 1540 (page 197 ro‑vo), sur la réception de la Confession d’Augsbourg (v. note [20], lettre 77) par Charles Quint :

      « Le quatorzième de mars, l’empereur donna réponse aux ambassades des protestants par Corneille Scepper, {c} qui était assez bénigne mais tellement ambiguë qu’on n’eût su entendre s’il voulait leur donner la paix. S’étant donc un peu retirés par le congé de l’empereur, ils retournent et le prient de suspendre le procès de la Chambre, et de leur octroyer la paix. À quoi l’empereur fit réponse qu’il n’avait autre chose à leur dire pour lors, et qu’il y aviserait davantage. Cette réponse fut récitée dix jours après à Smalcalde. {d} Le lendemain de Pâques, qui était le vingt-neuvième de mars, les princes vinrent là.

      De ce temps, l’envie et inimitié s’enflammaient entre Granvelle et Helde, qui prirent fin parce que Helde, {e} chassé de cour, fut renvoyé en sa maison ; car Granvelle était en plus grand crédit et accusait Helde de ce que, en ses délibérations et dépêches, il était trop véhément, et avait quasi mis l’empereur en guerre malgré lui, sans y penser. Et parce que ledit Granvelle montrait apertement qu’il demandait la paix et tranquillité publiques, étant requis des protestants, il mania tellement l’empereur qu’il le fléchit à désirer la paix. […] Les demandes {f} étaient assez raisonnables ; et toutefois, elles donnaient à entendre que l’empereur se persuadait presque qu’ils n’avaient égard à la religion et ne demandaient la paix de bon cœur ; mais prétendaient seulement à s’emparer des biens ecclésiastiques, se repaissant d’écrits et de contentions, ayant mauvais vouloir contre l’empereur, et enclins au parti de ceux qui manifestement sont ses ennemis. Ces choses lui avaient été rapportées, partie par les adversaires, partie par les Français, comme on tient pour tout vrai. Car du temps que l’empereur passait par France, et qu’il semblait que l’amitié fût indissoluble, {g} on lui révéla quelques secrets, et lui présenta-t-on les lettres des protestants adressées au roi. Aucuns disent que le roi fit cela ; les autres en accusent le connétable {h} qui lors gouvernait tout, et avait grand désir de les mettre d’accord, étant cependant mal intentionné envers les protestants, pour la religion.

      Les protestants firent réponse bien au long à ces demandes, l’onzième d’avril, sous tels propos : en premier lieu, nous remercions Granvelle, qui a toujours induit l’empereur de vider cette cause par raison, qui est une vertu grandement louable ; et prions Dieu lui accroître et conserver ce tant bon et noble courage ; car y a-t-il chose plus singulière que d’appointer les fâcheries et contentions publiques par prudence et modestes conseils, sans effusion de sang ? Nous prions tous en général n’estimer que prenions plaisir aux inimitiés et dissensions des Églises, ou qu’y cherchions quelque profit particulier ; ou bien que, par quelque obstination, nous soyons séparés des autres et, par insolence et rébellion, ayons rejeté la coutume invétérée par plusieurs centaines d’ans. Nous ne sommes tant dépourvus de sens, d’endurer témérairement et sans raison la haine si aigre des adversaires, tant de travaux et fâcheries, tant de frais et pertes, tant de périls par plusieurs ans. Mais quand le différend de la doctrine s’est élevé aux Églises (chose par le passé souvent advenue), il ne nous a été loisible de résister à la vérité, pour entrer en la bonne grâce des hommes, et beaucoup moins, d’approuver les faits de ceux qui, par cruauté excessive, tourmentent les innocents. Pour ces causes de si grande importance, force nous est leur résister et nous séquestrer d’eux. Car il est tout notoire qu’ils défendent de grandes et intolérables erreurs, non seulement par parole, mais aussi par violence d’armes. Or, l’office du magistrat est de conserver les siens contre les injustes efforts ; et parce que nous sommes dénigrés et blâmés, comme si nous prétendions à notre profit et commodité, et non à l’amendement de l’Église, nous supplions Granvelle de nous en purger envers l’empereur. »


      1. V. supra note [8].

      2. Sans lieu, Jean Crespin, 1557, in‑4o de 947 pages : traduction du latin par Robert Le Prévost.

      3. Cornelius de Schepper (mort en 1555), conseiller et ambassadeur de Charles Quint.

      4. Schmalkalden en Thuringe.

      5. Rivalité entre Nicolas Granvelle et Matthias Helden, autre conseiller de Charles Quint.

      6. Les demandes des confessionnaires (luthériens).

      7. Durant la trêve de deux ans conclue entre Charles Quint et François ier en 1538, qui permit aux troupes espagnoles de traverser pacifiquement la France pour aller apaiser les troubles des Pays-Bas.

      8. Anne de Montmorency, v. note [7], lettre 522.

    2. Livre vingt-deuxième, année 1550, page 387 vo, La mort de Granvelle :

      « Sur l’issue du mois d’août, Granvelle, qui ne faisait qu’arriver de Besançon à Augsbourg, alla de vie à trépas, au grand regret de l’empereur, selon qu’on dit. Il avait succédé au cardinal Mercurin, comme il a été dit au septième livre : < dé>jà par vingt ans, il avait été le plus avancé et savait, quasi tout seul, les secrets et le profond du cœur de l’empereur. Antoine, son fils, évêque d’Arras, homme de grande érudition, tint sa place et succéda à son office ; lequel avait déjà accoutumé de manier les affaires en l’absence du père, et était fort prisé de l’empereur. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 5 manuscrit, note 23.

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(Consulté le 26/04/2024)

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