Note [27] | |
Le richérisme est la doctrine d’Edmond (ou Émond Richer) Richer, théologien français (Emundus Richerius, Chaource 1560-Paris 1631), qui enseigna la littérature, la rhétorique, la philosophie au Collège du Cardinal Lemoine, prit le grade de docteur en théologie et devint syndic de l’Université de Paris (v. note [27] des Décrets et assemblées de 1650-1651 dans les Commentaires de la Faculté de médecine de Paris). Vers 1587, il professait dans ses thèses l’opinion qui dominait alors en Sorbonne, « qu’on pouvait ôter le gouvernement aux princes indignes ». En 1611, il publia d’abord anonymement son : De Ecclesiastica et Politica Potestate, Liber unus. Ecclesia est Politia Monarchica, ad finem supernaturalem instituta : regimine aristocratico, quod omnium optimum et naturæ convenientissimum est, temperata a summo animarum pastore Domino nostro Iesu Christo. Cet ouvrage contenait la doctrine, connue sous le nom de gallicanisme, prônée par l’ancienne École de Paris touchant les libertés de l’Église gallicane, c’est-à-dire du royaume de France : postulant que c’est à l’Église, mais non pas à Pierre que le Christ a conféré le « pouvoir des clés », Richer affirmait que celui de gouverner et d’instruire les fidèles réside non pas dans la personne du pape, mais dans la communauté des chrétiens ; celle-ci, pour l’exercer, dispose d’un organisme, l’Ecclesia sacerdotalis, c’est-à-dire le Clergé institué par Jésus dont la hiérarchie repose sur la transmission du sacerdoce à certains hommes, les évêques successeurs des apôtres, les prêtres successeurs des 72 disciples réunis au concile de Jérusalem ; la puissance sacerdotale est la même chez les uns et chez les autres ; tous font partie du « Sénat » de l’Église ; ils constituent une aristocratie, « le régime le meilleur et le plus conforme à l’humaine nature » ; ils exercent un pouvoir de législation, par le concile général, à l’échelle de la chrétienté, et par le synode, au niveau du diocèse. Richer affirmait aussi que le principe de la liberté chrétienne doit inspirer une résistance aux ordres que l’on estime injustes, même lorsqu’ils émanent du pape, et que l’appel comme d’abus, en particulier, constitue un recours tout à fait légitime. Ce livre eut un succès considérable, mais fut pour son auteur la cause de persécutions sans nombre. Forcé de se démettre du syndicat (1612), il put à peine obtenir une place de chanoine, fut enlevé par ordre du duc d’Épernon, partisan des jésuites, et se vit enfermer dans les prisons de l’abbaye Saint-Victor d’où l’intervention du Parlement le fit sortir (G.D.U. xixe s. et R. et S. Pillorget). V. notes [40] et [41] du Patiniana I‑2, et [39] du Grotiana 1 pour des compléments sur cette affaire. |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À Charles Spon, le 30 janvier 1654, note 27.
Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0337&cln=27 (Consulté le 14/11/2024) |