« et “ obligé de vivre aux dépens d’autrui ”, il finit par mourir à Paris, l’an 1579. Voyez à son sujet de Thou, tome 3, page 356, {a} et Sainte-Marthe. {b} “ Je n’ajouterai qu’une chose : je puis tout supporter, mais je ne peux supporter un jugement pédantesque ” (Joseph Scaliger, livre i des Ausonianarum lectionum, page 81). » {c}
- Histoire universelle de Jacques-Auguste i de Thou (livre lxviii, règne de Henri iii, nécrologie de l’année 1579, Thou fr, volume 8, page 155) :
« J’ajouterai à ces savants hommes Louis Le Roy de Coutances. Comme à une connaissance parfaite qu’il avait de la langue grecque et de la latine, il joignait beaucoup d’habileté dans toutes les sciences, il consacra tous ces talents à l’ornement et à la perfection de notre langue, et il apprit à Platon et à Aristote à s’exprimer en français, par les belles traductions qu’il donna de leurs ouvrages, qu’il enrichit encore de notes très curieuses. Enfin, le caractère de ce génie élevé, incapable des soins vils que demandent les besoins ordinaires, lui ayant fait négliger ses affaires domestiques, cet homme, qui jusqu’alors n’avait vu personne au-dessus de lui, obligé de vivre aux dépens d’autrui {i} dans sa vieillesse, termina sa course par une mort digne du regret de tous les gens de lettres, mais qui ne pouvait lui être que fort agréable. »
- Latin d’origine : quadra vivere coactus (Thuani Historirarum sui temporis, Paris, 1614, tome 10, page 266).
- L’éloge de Louis Le Roy par Scévole i de Sainte-Marthe (livre iii, pages 269‑271) {i} éclaire le vers de Jochim Du Bellay : {ii}
« Mais je ne puis taire ici que cet homme, tout habile qu’il était, se rendit insupportable dans le jugement qu’il faisait des ouvrages d’autrui. Il n’y eut presque point d’auteur de son temps qui fût exempt de ses mordantes censures. Et comme cette odieuse liberté qu’il prenait de reprendre chacun l’eut porté un peut trop témérairement à critiquer les œuvres de Jochim Du Bellay, cet excellent poète, qui s’était acquis une grande réputation dans le monde, ne demeura pas sans repartie. Il composa contre lui des vers si gaillards et si piquants que ce fameux critique servit longtemps de jouet et de risée à toute la cour. Si bien que, d’homme louable qu’il était, il ne passa plus depuis, parmi les courtisans, que pour un homme insolent et ridicule. »
- Traduction de Guillaume Colletet, Paris, 1644, v. note [13], lettre 88.
- V. supra note [28].
- Iosephi Scaligeri Iul. Cæs. F. Ausonianarum lectionum libri duo. Ad optimum et eruditissimum virum Eliam Vinetum Satonem
[Deux livres de Leçons de Joseph Scaliger, fils de Jules-César, sur Ausone. {i} Dédiés à l’excellent et très savant Élie Vinet, {ii} natif de Saintonge]. {iii}
La page 81 du livre i, chapitre xx, traite de poèmes dont certains discutent l’attribution à Ausone, mais il n’y est question ni de Regius ni de Du Bellay :
Nam ut illa sine nomine auctoris in veteribus libris reperta, Virgilio diu attributa fuerunt : ita hoc delicatum elegidion non nisi veteri cuidam, ac etiam ultra ætatem Virgilii poetæ adscriptum fuisset. Sed non omnium est de his sententiam ferre. Odi profanum vulgus, et arceo ; quid mirum si mysteria hæc non norunt, qui ad eorum penetralia nunquam accesserunt ? Quare taceant, si sapiunt ; quorum ego iudicia Poetis non pluris facio, quam ipsorum poemata ; quanquam, ut ingenue fatear, pro illis manum quidem verterim. Eos igitur missos faciamus. Unum addam : omnia ferre possum, pædagogicum iudicium ferre non possum.
[Étant donné que, dans les vieux livres, ont les trouve sans nom d’auteur, on a longtemps cru qu’ils étaient de Virgile. De même a-t-on pas attribué cette délicate élégie à quelque ancien, et même à Virgile, bien qu’il fût d’un tout autre âge. Je hais le peuple inculte et le fuis : pourquoi s’étonner si ceux qui n’ont pas accédé à la profondeur de ces sanctuaires ignorent ces mystères ? Qu’ils se taisent donc s’ils ont quelque entendement : je ne fais, moi, pas plus de cas de leurs jugements sur plusieurs poètes, que de leurs propres poèmes. Toutefois, avouerais-je ingénument, je ne me soucie pas même d’eux. Oublions-les donc. Je n’ajouterai qu’une chose : je puis tout supporter, mais je ne peux supporter un jugement pédantesque]. {iv}
- V. note [9], lettre 335.
- V. note [61] du Borboniana 2 manuscrit.
- Sans lieu ni nom, 1588, in‑8o de 255 pages.
- Mise en exergue de la phrase citée par le Borboniana.
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