À Charles Spon, le 19 octobre 1655, note 45.
Note [45]

Guy Patin se méfiait d’une nouvelle propre à réjouir les moines (victoire des catholiques polonais sur les luthériens suédois), mais elle était fausse, comme il allait en convenir dans sa lettre suivante (v. sa note [1]). Il se perdait néanmoins dans les dates car, si le 20 octobre 1655 fut bien un mercredi, l’ordinaire suivant de la Gazette (le « même moule ») parut (comme de coutume) le samedi 23 (no 142). Patin put y lire deux relations de ce qui se passait en Pologne.

  • De Graudenz {a} en Pologne, le 20 septembre 1655 (page 1190‑1191) :

    « Le roi de Suède {b} s’étant présenté le 8 de ce mois, sur les neuf heures du matin, devant Varsovie, {c} elle se rendit aussitôt sans attendre un seul coup de canon, et reçut garnison de six cents hommes. On y a trouvé cent cinquante pièces d’artillerie, deux cents quintaux de poudre et des armes en si grande quantité qu’on en pourrait équiper une armée de trente mille hommes. Le roi de Pologne prit ensuite son poste à huit lieues de Cracovie, {d} avec dix mille soldats, attendant l’arrivée des Tartares qui viennent pour le secourir, au nombre de soixante et dix mille ; dont l’approche ne donne pas moins d’épouvante aux habitants de Pologne que si c’étaient des ennemis déclarés, à cause des cruautés qu’ils font partout où ils passent. Cependant, le colonel Weissenstein, qui commande la garnison suédoise en la ville de Bramberg, {e} ayant eu avis que quelques troupes polonaises étaient assemblées de l’autre côté de la Vistule, avec la milice, pour s’approcher de sa place, se mit en bon état de les recevoir ; et après les avoir longtemps attendus, il prit enfin la résolution de les aller surprendre, comme il fit avec deux cents fantassins et trente chevaux, qui les chargèrent si brusquement dès la pointe du jour que, ne leur donnant aucun loisir de se reconnaître, ils furent contraints de se sauver de leurs retranchements et d’abandonner à leurs ennemis trois belles pièces de canon de fonte et deux de fer, avec grand nombre de boulets et autres munitions de guerre ; les Suédois leur ayant aussi pris quelques drapeaux et plusieurs officiers, du nombre desquels était un capitaine de cavalerie, qui assura que cette troupe polonaise était de plus de mille hommes. »

  • De Varsovie en Pologne, le 16 septembre 1655 (page 1191) : {f}

    « Le 17 de ce mois, le général Wittemberg surprit, dès la pointe du jour, une partie de l’armée polonaise qui gardait un passage fort important ; et après en avoir tué plus de mille hommes sur la place, parmi lesquels se trouvèrent quelques castellans, {g} il contraignit le reste à se retirer et d’abandonner aux Suédois l’artillerie, tentes et bagages, qu’on fait monter à 3 000 chariots. Depuis, on a eu nouvelles que le roi de Pologne se sentant trop faible pour résister aux Suédois, s’est retiré en Silésie, et que la ville de Cracovie a été ensuite obligée de se ranger sous l’obéissance du roi de Suède : qui ne laisse pas d’avoir toujours beaucoup d’inclination pour la paix, de laquelle il veut que les commissaires traitent en cette ville. Le grand-duc de Moscovie {h} s’est rendu à Grodna, après avoir fait démolir à Vilna {i} la chapelle du château, et celle de Saint-Casimir, brûler l’église des jésuites, appelée de Saint-Jean, profaner la plupart des autres, qu’il fait servir d’écuries, et emporter en son pays toutes les cloches et les plus précieux ornements. »


    1. Nom allemand de la ville polonaise de Grudziadz, sur la Vistule, à 200 kilomètres en aval de Varsovie.

    2. Charles x Gustave (v. note [28], lettre 345) conquit la Pologne en trois mois.

    3. V. note [26], lettre 418.

    4. V. note [11], lettre 421.

    5. Sic pour Bromberg, nom allemand de la ville de Bydgoszcz (Bidgostie en français), sur la rive gauche de la Vistule, à environ 270 kilomètres au nord-ouest de Varsovie.

    6. Sic pour le 26 septembre.

    7. Petits sénateurs du royaume de Pologne, équivalant aux lieutenants généraux des provinces et les lieutenants de roi en France (Trévoux).

    8. Alexis ier, en guerre avec la Pologne (v. note [12], lettre 378).

    9. Grodno et Vilnus, en Lituanie.

Hans Kristofer von Königsmark fut fait prisonnier lors de cette campagne, mais mourut à Stocholm en 1663 (v. note [3], lettre 402).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 19 octobre 1655, note 45.

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(Consulté le 24/04/2024)

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