Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑2 (1701), note 46.
Note [46]

Curieux propos sur les balayeurs de Saint-Pierre de Rome ; n’ayant jamais voyagé aussi loin, Guy Patin (si c’est bien lui qui s’exprime ici) ne pouvait le tenir que d’un autre (sans doute Gabriel Naudé).

  • Mariée en 1615 à Louis xiii, âgée de 14 ans, Anne d’Autriche était restée inféconde jusqu’à la naissance du dauphin Louis Dieudonné (futur Louis xiv) en 1638.

  • Le Patiniana cite le livre intitulé :

    De l’Immortalité de l’âme. Par Silhon. {a} À Monseigneur l’Éminentissime cardinal-duc de Richelieu. {b}


    1. Jean de Silhon (v. note [6], lettre 692)

    2. Paris, Pierre Billaine, 1634, in‑4o de 1 056 pages.

    Cet épais traité veut notamment montrer qu’Aristote a défendu l’immortalité de l’âme en plusieurs endroits de ses œuvres, contrairement à ce qu’en ont hardiment écrit Pomponace (en 1517, v. note [67] du Naudæana 1) et d’autres auteurs. L’Épître au cardinal de Richelieu est longue de 50 pages ; sa première partie se consacre à fustiger les agissements des Habsbourg d’Espagne et d’Autriche contre la France, avec ce passage (15e page) :

    « Ils se sont coulés dans le Conseil de nos princes, et ont pénétré jusqu’au sanctuaire du Cabinet ; ils ont semé la discorde jusque dans les familles royales ; ils ont troublé la paix du Louvre. {a} Ils ont enlevé avec le poison des enfants de France, {b} par la propre confession des empoisonneurs, et ils sont soupçonnés de quelque chose de pis, dont je ne veux point parler et que je ne veux pas croire. »


    1. Cette attaque visait Anne d’Autriche, que Richelieu détestait et soupçonnait d’intelligence avec l’Espagne, son pays natal.

    2. Possible allusion aux fausses couches à répétition de la reine Anne.

  • Le manuscrit de Vienne (page 42, « Des Espagnols ») est nettement plus explicite :

    « M. de Silhon en la pag. 30, {a} en la grande préface du livre de l’immortalité de l’âme qu’il a fait en francais l’an 1634, impose beaucoup de crimes aux Espagnols que je pense bien qu’ils sont vrais, mais je suis en peine de ce qu’il entend par ces mots : “ Et ils sont soupçonnés de quelque chose de pire dont je ne veux point parler et que je ne veux pas croire. ” Parce que nostre reine d’aujourd’hui a été longtemps sans avoir d’enfants, on disait que les Espagnols nous l’avaient envoyée châtrée, c’est-à-dire que par quelque breuvage ils l’avaient rendue stérile, car autrement une femme ne peut estre châtrée. Et ce second point est peut-être aussi difficile, mais comme enfin elle a eu des enfants, ce passage de M. de Silhon ne peut être ainsi entendu. Il faut donc l’entendre de la pédérastie à laquelle ils sont autant et plus sujets que les Italiens. Ils s’en sentent jusqu’à la brutalité, et sont aussi fort incestueux, vu que souvent les pères y débauchent leurs propres filles (tesmoin Philippe ii avec sa Clara Eugenia Isabella) {b} et que les fils y couchent avec leurs mères et les frères avec leurs sœurs. Et pour preuve de cela vous ne voyez autre chose que des Espagnols s’employer à balayer l’Eglise de S. Pierre à Rome pour penitence de tels pechés. »


    1. Sic.

    2. Pages 217‑218 du manuscrit de Vienne :

      « Les curieux se sont enquis soigneusement pourquoi Philippe ii maria de ses deux filles {i} la puînée la première. On en allègue une raison politique, savoir que le duc de Savoie n’était pas d’assez bonne maison pour avoir l’aînée qui eût hérité de tous les États du roi son père s’il fût mort sans enfant mâle, mais il y a une autre raison naturelle, c’est que Philippe ii était amoureux de cette aînée et couchait avec elle, combien qu’elle ne fût point belle (le Catholicon d’Espagne {ii} l’appelle une grosse garce noire comme poivre). Quelques-uns on dit pour l’excuser que le père tombait du haut mal {iii} (auquel sont sujets tous les princes d’Autriche, aussi bien qu’à avoir la lèvre d’en bas fort grosse) et que, pour cacher ce sien malheur, qu’il la tenait enfermée avec lui quelques fois trois ou quatre jours entiers, afin que personne qu’elle ne le vît dans les convulsions que ce malheureux mal lui donnait. »

      1. Les deux filles de Philippe ii étaient : l’archiduchesse Isabelle Claire Eugénie d’Autriche (1566-1633), mariée à Albert d’Autriche, gouverneur des Pays-Bas, en 1598 (v. notule {b}, note [23] du Grotiana 2) ; et Catherine d’Autriche (1567-1597), duchesse de Savoie en 1585, par son mariage avec Charles-Emmanuel i er.

      2. Autre nom de la Satire Ménippée, v. note [18], lettre 310.

      3. Épilepsie.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑2 (1701), note 46.

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(Consulté le 27/04/2024)

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