À Charles Spon, le 24 septembre 1649, note 5.
Note [5]

« Ce que Christ [l’Église] ne prend, le fisc l’attrape » est le titre d’un emblème d’André Alciat (v. note [19], lettre 229), pages 158 de l’édition latine (Lyon, 1551) et 178 de l’édition française (Lyon, 1549) :

Exprimit humentes, quasi iam madescerat ante
Spongiolas, cupidi Principis arcta manus.
Provehit ad summum fures : quos deinde coërcet,
Vertat ut in fiscum quæ male parta suum
.

« La main d’un prince avare, et allongée
Serre l’éponge avant par lui plongée.
Larrons élève, et punit quant et quant,
À soi le bien mal acquis confisquant. » {a}

Commentaire :

« Les princes commettent aux offices de leurs finances hommes qu’ils pensent être de bon esprit, gens de bien et loyaux ; mais bien souvent aucuns d’iceux, aveuglés par la trop grande resplendeur de l’or qu’ils ont en maniement, s’oublient et deviennent larrons ; puis quand ils sont pleins comme l’éponge, on leur serre le cou en les faisant pendre ; et sont confisqués leurs biens, qui toutefois, par cela, ne reviennent au peuple qui en a été spolié. » {b}


  1. Traduction littérale et prosaïque :

    « La main serrée d’un prince cupide rince l’éponge qu’elle avait préalablement imbibée. Il a élevé aux plus hautes fonctions les voleurs qu’ensuite il châtie ; pour son profit, il transforme en impôts ce qui a été malhonnêtement acquis. »

  2. Une variante du commentaire, dans l’édition de 1583 (Paris, Jean Richer, in‑4o, page 204) attribue ce propos à Suétone (Vie des douze Césars, livre x, chapitre xvi), sur les impôts dont l’empereur Vespasien accablait son peuple, et male partis optime usus est [et faisait excellent usage de ce qu’il avait mal acquis].

V. note [43], lettre 176, pour les ravages des Weimariens d’Erlach dans le Nord-Est de la France.

Montglat (Mémoires, pages 214‑215) :

« Le comte d’Harcourt se campa dans le marais d’Arleux, et l’archiduc à Mortagne, {a} où la Scarpe tombe dans l’Escaut, pour défendre les environs de Tournai ; mais le comte d’Harcourt ne voulait pas aller si avant et avait dessein de se saisir de Condé, petite ville où la Haine se joint à l’Escaut, afin de piller tout le pays qui est au delà. Pour ce sujet, il envoya Villequier et sous lui, le comte de Quincé et Le Plessis-Bellièvre, pour l’investir ; et y étant arrivé ensuite, il battit tellement les murailles de cette ville mal fortifiée qu’elle se rendit le lendemain ; puis ayant passé delà la Haine, il mit tout le pays entre l’Escaut et le Dender {b} au pillage. Ayant demeuré dans ce poste jusqu’au 21 septembre, ne jugeant pas Condé en état d’être conservée durant l’hiver, il l’abandonna et se retira vers la France, près de l’abbaye de Maroilles ; et l’archiduc l’ayant appris, détacha le marquis Sfondrato pour attaquer La Motte-aux-Bois, {c} qu’il battit si vivement que le 10e d’octobre il en fut maître. Le comte d’Harcourt marcha pour le secourir ; mais étant arrivé à Arras, il en sut la prise et perdit les régiments de Fabri, de Grandprè et Bumbach, qui furent défaits dans un parti qu’il avait envoyé à la guerre. Il mit là ses troupes en quartier d’hiver. »


  1. À mi-chemin entre Tournai et Saint-Amand-les-Eaux.

  2. La Dendre.

  3. Aujourd’hui Morbecque.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 24 septembre 1649, note 5.

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(Consulté le 28/03/2024)

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