Note [50] | |
« J’étais Pasquin, et me voici pierre ; peut-être suis-je une abeille, car je pique. Grands dieux ! si tu dédaignes le dard, j’ai pour toi un sac de cuir. J’enduis aussi de miel ; la vérité en procure les rayons ; et je purge la bile. Si tu es sage, entends ce que dit la pierre, elle est plus badine que jalouse. Jouis follement de mes plaisanteries afin d’être bien sage. Jadis j’ai préféré les souliers aux cailloux, maintenant j’oblige les pieds des autres à marcher droit. Ignore le graveur de pierre si tu méprises ce qu’il grave. » Mon interprétation de cette épigramme sur Pasquin {a} et sur le savetier devenu graveur de pierre a préféré l’intelligibilité à la fidélité ; je ne l’ai pas vue traduite ailleurs car elle est peu commune. Pour son origine, le Moréri renvoie au recueil illustré intitulé : Sculpturæ veteris Admiranda, sive delineatio vera perfectissimarum eminentissimarumque statuarum, una cum artis hujus nobilissimæ Theoria… a Joachimo de Sandrart, in Stockau. Sur la gravure de Pasquinus qui précède le texte de la page 10, les vers cités sont écrits sur la pancarte tenue par le savetier, figurant à droite. Le torse de Pasquin repose sur un socle où est gravé cet autre poème : Lapis loquitur forsan Lapides increpat Tout ce piètre latin, tant en vers qu’en prose, me fait penser que Sandrart en est l’auteur, et qu’il a donc lui-même conçu les épigrammes dont il a orné sa gravure et que, mis à part le Moréri, fort peu d’autres ont reprises. Eustache Le Noble (Troyes 1643-Paris 1711) est un satiriste, auteur de plusieurs pasquinades, dont Le Cibisme. Premier dialogue entre Pasquin et Marforio sur les affaires du temps (Rome, Francophile Alétophile, 1691, in‑12). C’est un de ses dialogues qui parurent ensuite mensuellement (1690‑1691) sous le titre (imité de Traiano Boccalini, v. note [55] du Naudæana 2) de La Pierre de touche politique. Moréri ne mentionne pas ce Pasquin français : il s’agit d’une cordiale référence des rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin à un de leurs confrères. |
Imprimer cette note |
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
Autres écrits : Ana de Guy Patin : L’Esprit de Guy Patin (1709), Faux Patiniana II-7, note 50. Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8220&cln=50 (Consulté le 06/10/2024) |