À Claude II Belin, le 24 mai 1642, note 6.
Note [6]

« charbon un mal particulier à la province narbonnaise » ; Pline, Histoire naturelle, chapitre iv (et non i) du livre xxvi (Littré Pli, volume 2, pages 196‑197) :

L. Paullo, Q. Marcio censoribus, primum in Italiam carbunculum venisse, Annalibus conscriptum est, peculiare Narbonensis provinciæ malum : quo duo consulares obiere condentibus hæc nobis eodem anno, Julius Rufus, et Q. Lecanius Bassus, ille medicorum inscientia sectus : hic vero pollice lævæ manus evulso acu ab semetipso, tam parvo vulnere, ut vix cerni potest.

« Ce fut, est-il écrit dans les Annales, pendant la censure de L. Paullus et de Q. Marcius (an de Rome 590), que parut pour la première fois en Italie le charbon, maladie particulière à la province narbonnaise. Il est mort de cette affection, dans la même année, et pendant que nous écrivons ceci, deux personnages consulaires, Julius Rufus et Q. Lecanius Bassus : le premier par l’ignorance des médecins qui pratiquèrent des incisions ; le second s’étant fait lui-même une plaie au pouce gauche avec une aiguille, plaie si petite qu’on pouvait à peine l’apercevoir. »

Charbon (carbunculus) était une dénomination réservée au bubon pesteux compliqué (v. note [6], lettre 5). Il s’agissait plutôt ici d’un abcès (apostume) moins malin, appelé anthrax ou furoncle (Furetière) :

« espèce de phlegmon ou tubercule, aigu et pointu, avec inflammation et douleur, qui provient d’un sang gros et vicieux, mais moins bouillant que celui du carboncle. On l’appelle en latin furunculus, ou fervunculum, a fervore, {a} d’où vient que les Grecs l’appellent anthrax. » {b}


  1. « par effervescence » ; au doigt, le furoncle prend le nom de panaris.

  2. Ανθραξ, « charbon », pour désigner la couleur noire du furoncle mûr, prêt à rompre.

Tallemant des Réaux (Historiettes, tome i, page 286) a narré les aboutissants de cette allusion à Pline :

« Le cardinal, {a} qui avait traîné M. de Thou après lui sur le Rhône, eut bien de la peine à gagner la Loire. On le portait dans une machine et pour ne le pas incommoder, on rompait les murailles des maisons où il logeait, et si c’était par haut, on faisait un rampant dès la cour et il entrait par une fenêtre dont on avait ôté la croisée. Vingt-quatre hommes le portaient en se relayant. Une fois qu’il eut attrapé la Loire, on n’avait que la peine de le porter du bateau à son logis. Mme d’Aiguillon {b} le suivait dans un bateau à part ; bien d’autres gens en firent de même. C’était comme une petite flotte. Deux compagnies de cavalerie, l’une deçà, l’autre delà la rivière, l’escortaient. On eut soin de faire des routes {c} pour réunir les eaux qui étaient basses ; et pour le canal de Briare qui était presque tari, on y lâcha les écluses ; M. d’Enghien {d} eut ce bel emploi. Il {e} passa aux bains de Bourbon-Lancy ; mais ce remède ne lui servit guère. On trouva dans Pline que deux consuls romains étaient morts de furoncles qu’ils prirent, comme lui, dans la Gaule narbonnaise. Le cardinal était sujet aux hémorroïdes, et Juif l’avait une fois charcuté à bon escient. » {f}


  1. Richelieu était affligé de furoncles et de fistules au périnée (fondement).

  2. V. note [62], lettre 101.

  3. Chenaux.

  4. Le futur Grand Condé.

  5. Le cardinal.

  6. Jean Juif (v. note [10], lettre 35), chirurgien de Richelieu.

V. note [10], lettre 71, pour un autre récit de ce voyage extraordinaire.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 24 mai 1642, note 6.

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(Consulté le 02/12/2024)

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