À André Falconet, le 15 août 1651, note 6.
Note [6]

À la fin de juin 1651, le duc de Mercœur, fidèle au parti de la reine, avait quitté Paris pour une destination incertaine (Dubuisson-Aubenay, Journal des guerres civiles, tome ii, page 87, 10 juillet 1651) :

« Ce soir, nouvelle est arrivée que le duc de Mercœur était à Brisach ; {a} le lendemain fausse, mais la vraie est qu’il était à Brühl, près Cologne, où il a publiquement épousé la demoiselle Mancini, nièce du cardinal. » {b}


  1. V. note [8], lettre 40.

  2. Laure Mancini.

Le duc était revenu à Paris à la fin de juillet et la double trahison dont on le soupçonnait fut immédiatement soumise à l’avis du Parlement. Mercœur ayant promis de s’y rendre, y arriva le 7 juillet « dès six heures du matin, accompagné d’une vingtaine de ses amis pour le défendre en cas d’insulte du peuple. M. le duc d’Orléans s’y trouva deux heures après, avec M. le Prince » (Journal de la Fronde, volume i, fo 457 ro et vo). À la suite d’un premier interrogatoire infructueux :

« sur l’avis de M. de Champrond, {a} qui fut suivi de 117 voix, il fut arrêté et ordonné que M. de Mercœur répondrait catégoriquement s’il était vrai qu’il fût marié et en quel temps, et si c’était du consentement du roi, de la reine, de M. le duc d’Orléans et de M. le Prince ; s’il avait fait le voyage de Cologne et ce qu’il y avait fait. Après quoi, le premier président l’ayant derechef interrogé sur tous ces chefs, il voulut encore biaiser dans les réponses, ce qui fut cause d’un grand murmure qui se leva contre lui ; en sorte qu’il fut obligé de dire tout haut qu’on ne l’interrompît point et qu’il répondrait. Ce murmure ayant cessé, il déclara qu’il était vrai qu’il était marié, que ç’avait été huit jours devant le départ du cardinal Mazarin, {b} que son contrat de mariage était signé par le roi et la reine, et par ses parents, et fait en bonne forme, que M. le duc d’Orléans même en avait été le promoteur et lui en avait parlé avant qu’il eût songé à Mlle Mancini ; à quoi Son Altesse Royale répondit que véritablement, pendant la guerre de Paris, {c} la reine l’avait fait prier par l’abbé de La Rivière et par le maréchal dEstrées de proposer ce mariage et d’y consentir, et qu’elle {d} ne voulut pas alors désobliger Sa Majesté qui le souhaitait ; qu’on lui en parla derechef au dernier voyage que la cour fit à Compiègne {e} et qu’elle ne s’en éloigna pas encore ; mais qu’au retour du voyage de Bordeaux, {f} le cardinal Mazarin lui en ayant parlé, elle retira sa parole et n’y voulut point consentir, ayant connu la mauvaise conduite et la décadence des affaires de ce cardinal ; et que même, elle en parla ensuite à M. de Vendôme et à M. de Beaufort {g} < pour dire > qu’elle n’approuvait ce mariage, et que depuis, elle n’en avait point ouï parler ; à quoi M. le Prince ajouta qu’il ferait voir le lendemain à la Compagnie, par une lettre écrite de la main du cardinal Mazarin, que Son Altesse Royale n’avait pas consenti à ce mariage. Quant au voyage de Cologne, M. de Mercœur le nia absolument et soutint qu’il n’était point sorti de France ; et après plusieurs contestations, l’on remit au lendemain la délibération qu’on avait à faire là-dessus ; […] et à la sortie l’on cria dans la salle du Palais, “ Point de Mazarin ! Point de race de Mazarin ! ” M. de Mercœur sortit par derrière la Grand’Chambre et par le logis de M. le premier président. »


  1. V. note [28], lettre 391.

  2. Pour Le Havre, le 6 février 1651.

  3. Janvier-mars 1649.

  4. Son Altesse Royale, le duc d’Orléans.

  5. En juin 1650.

  6. En octobre 1650.

  7. Le père et le frère cadet de Mercœur.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 15 août 1651, note 6.

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(Consulté le 19/04/2024)

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