À Claude II Belin, le 16 février 1635, note 8.
Note [8]

Grand centre d’échanges entre Paris et le nord-est de l’Europe, Châlons (aujourd’hui Châlons-en-Champagne dans le département de la Marne) était alors souvent appelée Châlons-sur-Marne « parce qu’elle est sur cette rivière, et pour la distinguer de Chalon-sur-Saône [v. note [27], lettre 227]. L’Évêque de Châlons est un des six pairs ecclésiastiques du royaume, et l’un des trois comtes et pairs » (Trévoux).

François Alfeston (Alpheston), né à Châlons vers 1595, n’est connu que pour le complot qui lui valut une mort infamante à Metz le 22 septembre 1633. La Biographie châlonnaise d’Amédée Lhote, « employé à la bibliothèque de Châlons-sur-Marne » (Châlons, T. Martin, 1870, in‑8o, page 6) n’en apprend guère plus :

« […] soi-disant seigneur en Champagne, écuyer, fils de bonne maison. Sa vie avait été aventureuse, il avait servi sous Marillac et, durant l’emprisonnement du maréchal à Sainte-Menehould, on l’avait entendu proférer des menaces contre le cardinal. {a} Il n’en fallut pas tant pour le condamner. […] Ses bien furent confisqués. Au 10 juillet 1597, nous trouvons un sieur Pierre Alfeston, écuyer, seigneur de Montois et Francheville, gouverneur municipal de Châlons et bailli en 1617 et 1622. » {b}


  1. V. note [17], lettre 10, pour le maréchal de Marillac, dont Richelieu avait obtenu l’exécution capitale le 10 mai 1632.

  2. V. note [24] du Borboniana 7 manuscrit pour ce Pierre Alfeston, père de François.

Le Recueil de Hay du Chastelet contient un Extrait des procès criminels faits aux nommés Alpheston, Blaise Ruflet, se faisant appeler baron de Chavaignac, le père Chanteloupe, la Roche et complices. Avec les arrêts de condamnation de mort donnés contre eux au parlement de Metz. Le tout envoyé à Paris le premier d’août mil six cent trente-quatre (édition sans lieu ni nom de 1643, pages 864‑898, année 1634). L’Histoire du parlement de Metz par Emmanuel Michel, conseiller à la Cour royale de Metz… (Paris, J. Techener, 1845), Emmanuel Michel a donné un condensé de cette affaire (pages 44‑48) :

« En 1631, Marie de Médicis, mère du roi, et son fils Gaston, duc d’Orléans, s’étaient retirés de la cour. En 1633, la reine mère, fixée à Bruxelles, s’était mise sous la protection de l’Espagne ; peu de temps après, Gaston vint l’y rejoindre avec la princesse Marguerite de Lorraine, sa femme. Le Père Chanteloupe, oratorien, s’était attaché à la fortune de la reine mère et à celle de Monsieur. Cet ecclésiastique était regardé comme l’un des principaux auteurs des troubles qui avaient éclaté dans le royaume. Le 30 mars 1631, {a} une déclaration du roi, enregistrée au parlement de Dijon où la cour se trouvait alors, ordonna de le poursuivre comme criminel de lèse-majesté. Ce P. Chanteloupe qui, par position était l’ennemi personnel du cardinal de Richelieu, fut accusé d’être l’âme d’une conspiration tramée contre la vie du premier ministre. Voici comment il se fit que le parlement de Metz {b} eut à statuer dans une affaire aussi grave. Le 14 septembre 1633, on vit arriver à Metz un gentilhomme accompagné de deux soldats. Tous trois avaient servi dans les gardes du maréchal de Marillac, mort victime de la politique du cardinal de Richelieu. Pendant leur séjour à Bruxelles, ils avaient été nourris, soit dans la maison de la reine mère, soit dans celle du P. Chanteloupe. Aussitôt qu’ils furent arrivés à Metz, ces deux soldats allèrent déclarer au seigneur de Montmart, commandant de la ville, que pendant la route leur compagnon de voyage les avait engagés à assassiner le cardinal de Richelieu. Cet officier fit arrêter les dénonciateurs et l’homme qu’ils accusaient ; celui-ci se nommait Alpheston et se disait gentilhomme originaire des environs de Châlons-sur-Marne. Le premier président Antoine de Bretagne {c} fut prévenu immédiatement. Après avoir pris connaissance de l’affaire, il expédia de suite le greffier qui avait reçu les dénonciations au garde des sceaux, qui se trouvait alors en Lorraine avec toute la cour. Le lendemain même, le roi fit adresser au parlement l’ordre d’instruire le procès d’Alpheston. Le parlement informa d’abord sur le fait de conspiration contre le cardinal, ce qui constituait un crime de lèse-majesté au second degré, puis sur un second chef capital, celui d’un assassinat. Alpheston était accusé d’avoir confié à un nommé Clerbourg, courrier du cardinal, ses projets d’attentat à la vie du premier ministre, et d’avoir tué quelques mois après ce malheureux courrier à Void, près de Toul, parce qu’il avait craint ses indiscrétions. La procédure fut instruite promptement : par arrêt du 22 septembre 1633, huit jours après l’arrestation d’Alpheston, le parlement le déclara convaincu des deux crimes à lui imputés, en conséquence le condamna à faire amende honorable devant la principale porte de la cathédrale, et à être rompu et brisé vif sur la place de Champ-à-Seille.

[…] Quelques jours après, une députation solennelle, composée du premier président, de quatre présidents à mortier, de deux conseillers, du procureur général et du premier avocat général, fut chargée d’aller à Nancy complimenter Louis xiii. La députation eut audience le mercredi 28 septembre ; le roi, qui était entouré de ses ministres, témoigna au Parlement combien ses services lui étaient agréables. En quittant le roi, les magistrats allèrent saluer le cardinal de Richelieu, qui reçut les députés fort courtoisement et remercia la Cour de la bonne justice qui avait été faite pour l’assassinat qu’Alpheston avait entrepris sur sa personne. L’arrêt de condamnation prononcé contre ce malheureux portait qu’avant l’exécution il serait appliqué à la question ordinaire {d} et extraordinaire, pour avoir par sa bouche la vérité de ses complices. Sur le vu du procès-verbal de question, le parlement ordonna que le P. Chanteloupe, La Roche, son domestique, Claude, son cocher, et Garnier, ancien secrétaire du maréchal de Marillac, seraient également arrêtés, si faire se pouvait, et que l’on instruirait leur procès. Cette grande affaire se termina par des arrêts du 7 juillet, {e} qui condamnèrent le P. Chanteloupe et le nommé La Roche, son domestique, à être rompus et brisés vifs sur le Champ-à-Seille, si pris et appréhendés pouvaient être, sinon par effigie en un tableau qui serait mis et attaché à une potence. »


  1. Sic pour 1633.

  2. V. note [29], lettre 549.

  3. V. note [13], lettre 389.

  4. V. seconde notule {d}, note [2] du Borboniana 10 manuscrit.

  5. 1634.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 16 février 1635, note 8.

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(Consulté le 26/04/2024)

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