À Claude II Belin, le 8 août 1644, note 9.
Note [9]

Le Petrus Aurelius (pseudonyme emprunté à un des noms de saint Augustin, Aurelius Augustinus), gros in‑fo latin, est un recueil de diverses brochures détachées qui eurent un prodigieux succès en Sorbonne. Le prétexte de cette somme du gallicanisme était un désaccord entre les fidèles catholiques anglais et leur évêque Richard Smith pour soutenir les droits de la discipline ecclésiastique et de l’épiscopat contre les moines et les jésuites, défenseurs de l’autorité du pape à laquelle ils étaient attachés et soumis.

Sainte-Beuve (volume i, page 173) :

« Qu’il suffise d’indiquer comme idée dominante que, selon l’auteur, l’Église était non pas une monarchie, mais une aristocratie sous la conduite des évêques ; en même temps, toutefois, qu’il semblait égaler ceux-ci au pape, il ne laissait pas de rapprocher d’eux insensiblement les curés. »

La première édition avait paru de 1632 à 1633 sous le nom énigmatique de Petrus Aurelius (v. note [9], lettre 16). L’assemblée générale du Clergé de 1641 en avait adopté les doctrines et l’avait fait réimprimer à ses frais : Petri Aurelii theologi Opera, iussu et impensis Cleri Gallicani denuo edita. In tres tomos distributa [Œuvres de Petrus Aurelius, théologien, rééditées sur l’ordre et aux dépens du Clergé gallican, en trois tomes] (Paris, Antoine Vitré, 1642, in‑fo). Il y eut une 3e édition publiée aussi par le Clergé, avec un éloge de l’auteur par Godeau, évêque de Grasse : Petri Aurelii theologi, Opera… [Œuvres de Petrus Aurelius, théologien…] (Paris, Antoine Vitré, 1646, in‑fo).

Ibid. (pages 173‑174) :

« La destinée de l’Aurelius fut très débattue ; à entendre les seuls jansénistes, il n’y eut que triomphe. Les évêques, dès que les diverses portions du livre eurent paru, firent presser M. de Saint-Cyran {a} de se déclarer, l’assurant des marques publiques que le Clergé lui décernerait dans sa reconnaissance comme à son invincible défenseur : il s’agissait de quelque pension qu’on lui aurait votée […] il demeura le même : soupçonné de tous comme le véritable Aurelius avec une presque entière certitude, il garda jusqu’au bout là-dessus un secret obstiné, inviolable, qui ne donne pas mal idée de son caractère ; la provocation de la louange et ce chatouillement si particulier de la gloire n’eurent pas sur lui la moindre prise. On ne peut rien conclure de toutes les anecdotes et variantes à ce sujet, sinon qu’il fut au moins l’inspirateur du livre et qu’il le dicta, et que très probablement son neveu Barcos {b} l’écrivit sous sa direction, en digéra le corps et le mit en latin. »


  1. Jean Duvergier de Hauranne, v. note [2], lettre 94.

  2. Martin de Barcos, v. note [12], lettre 146.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 8 août 1644, note 9.

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(Consulté le 10/12/2024)

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