À Reiner von Neuhaus, le 29 septembre 1669
Note [2]
« par-delà le Bosphore des Sarmates et par-delà la lointaine Thallie ». La transcription et la traduction que je propose requièrent quelques explications géographiques.
A tergo ejus Epageritæ, Sauromatarum populus in Caucasi jugis : post quem Sauromatæ. Ad hos profugerat Mithridates, Claudio principe, narravitque Thallos iis esse confines, qui ab oriente Caspii maris fauces attingerent.
« Derrière cette ville, les Épagérites, peuple sarmate, dans la chaîne du Caucase ; et ensuite les Sauromates, auprès desquels, sous le règne de l’empereur Claude, {a} s’était enfui Mithridate (un roi de l’Ibérie) ; {b} il a rapporté qu’ils avaient pour voisins les Thalles, {c} qui à l’orient atteignaient l’embouchure de la mer Caspienne. » {d}
- Ans 41 à 54 de notre ère (v. note [6], lettre 215).
- Parenthèse ajoutée par Littré : l’Ibérie est celle du Caucase (actuelle Géorgie) ; Mithridate (sans lien avec celui du Pont qui s’immunisait contre les poisons, v. note [4] de l’observation xi) est un roi d’Arménie, pays vassal de Rome, dont le règne, séparé en deux périodes (35‑37 et 45‑51), fut très tumultueux.
- Dans ma transcription, j’ai remplacé Thalumque, qui est dans le texte imprimé, par Thallamque, comme le justifient cette référence et la grammaire latine.
- « Les anciens pensaient que la mer Caspienne communiquait avec l’océan Scythique ou Septentrional » (note de Littré, page 277) : cet océan imaginaire était une extension septentrionale de la mer d’Aral qui aurait couvert la plus grande partie de la Sibérie ; la Caspienne (v. note [24], lettre 197) était censée s’y déverser quelque part sur son flanc oriental, c’est-à-dire dans la région des Scythes.
Considérant les Turcs comme des Sarmates ou comme des Scythes (v. note [19], lettre 197), Patin voulait qu’on les chassât d’Europe pour les repousser vers leur pays d’origine, quel qu’il fût (Sarmatie au nord ou Scythie à l’est) et le plus loin possible.