L. 87.  >
À Claude II Belin,
le 12 juillet 1643

Monsieur, [a][1]

Je viens d’apprendre la mort de la pauvre Mme Langlois, [2] dont je suis bien marri. [3] Je lui souhaite plus de repos en l’autre vie qu’elle ne s’en est donné en celle-ci, et comme je crois qu’elle aura. Je pense qu’elle est cause de sa perte par l’inquiétude de son esprit. Pour ce que je l’ai vue ici, je vous prie de n’en point parler : elle ne me doit rien, il n’a tenu qu’à moi de prendre de son argent puisqu’elle a eu le soin de m’en envoyer. Je voudrais que pour plus grande somme, la pauvre femme fût au monde et à son aise ; car elle avait trois pièces bien engagées, savoir son foie, son poumon et sa tête. Thionville [4] est assiégée, mais la prise en est fort incertaine. [1] Chose certaine que le P. Caussin [5] est de retour, [2] je le sais d’homme qui l’a vu et qui a parlé à lui. La bibliothèque [6] de M. de Cordes [7] n’est guère propre à un médecin car c’est de son métier dont il y a le moins de livres. J’ai vu monsieur votre fils, [8] je vous conseille, sauf néanmoins votre meilleur avis, de le faire médecin ; c’est à quoi il est le plus propre et j’espère qu’il y réussira. Vous jugerez vous-même de sa disposition quand vous le verrez ces vacances[3] Je vous baise très humblement les mains et suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Patin.

De Paris, ce 12e de juillet 1643.

Il n’y a ici rien de nouveau, sinon que M. de Nemours [9] a épousé Mlle de Vendôme, [10] laquelle a six ans plus que lui. [4] M. de Guise [11] est ici de retour. Rien autre chose, mais plura imminent[5] Je baise les mains à Mme Belin et à Messieurs vos frères, avec votre permission.


a.

Ms BnF no 9358, fo 80 ; Triaire no lxxxix (pages 310‑311) ; Reveillé-Parise, no lxvi (tome i, pages 104‑105).

1.

V. note [4], lettre 85, pour le siège et la prise de Thionville (le 8 août).

2.

Le P. Nicolas Caussin, jésuite, éphémère confesseur de Louis xiii, avait été disgracié par Richelieu (v. note [5], lettre 37).

3.

V. note [2], lettre 85, pour la bibliothèque, alors en vente, du chanoine Jean de Cordes, et notice biographique des Belin, pour Nicolas Belin, fils de Claude ii, qui allait à son tour devenir médecin et correspondant de Guy Patin.

4.

Ce mariage avait été célébré le 9 juillet (v. note [9], lettre 84).

5.

« plusieurs affaires vont bientôt sortir. » Le duc de Guise, qui avait pris part à la révolte du comte de Soissons, avait été condamné à mort par le Parlement (v. note [4], lettre 27). Il avait vécu à l’étranger jusqu’à cette année 1643, qui fut si favorable aux exilés du règne précédent (Triaire).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 12 juillet 1643

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(Consulté le 29/03/2024)

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