L. 520.  >
À Hugues II de Salins,
le 18 mars 1658

Monsieur, [a][1]

Je ne veux point perdre l’occasion du présent porteur pour vous apprendre de mes nouvelles, lesquelles sont bonnes, Dieu merci. Il y a quelque temps que je vous écrivis en réponse de la vôtre, laquelle j’enfermai dans celle que j’envoyai à M. Vallot, [2] auteur du Traité de l’admiration[1] Je crois qu’il a reçu la sienne et qu’il vous a envoyé la vôtre. Il m’avait fait l’honneur de m’écrire et je lui fis réponse, la plus civile qu’il me fut possible.

Pour des nouvelles de deçà, il n’y en a guère. Le bonhomme Pierre Du Moulin, [3] ayant vécu 90 ans, est enfin mort à Sedan ; [4] il a été ministre plus de 50 ans et a beaucoup écrit. Le débordement de la rivière [5] a ici causé beaucoup de désordre et entre autres, la chute de la moitié du Pont-Marie ; [6] on dit que le Pont-au-Change [7] et le Petit-Pont [8] ne valent rien, qu’il les faut abattre, aussi bien que l’autre moitié du Pont-Marie, de peur qu’ils ne tombent bientôt. Le roi [9] a donné le gouvernement d’Hesdin [10] au comte de Moret, [11] lequel n’y peut entrer à cause du lieutenant [12] et du major [13] qui ne lui veulent pas ouvrir les portes et qui menacent de faire pis si on ne leur envoie les provisions du dit gouvernement. [2] Voilà qui embarrasse Son Éminence. [14] M. le maréchal d’Hocquincourt, [15] qui est pareillement malcontent, y est entré l’hui troisième, [3] et ne sait-on ce que deviendra cette affaire. On dit que les Espagnols leur offrent bien de l’argent s’ils veulent lui rendre cette ville-là. [4] Le Suédois [16] est en Danemark, où il fait des progrès considérables. [5] Il n’y a rien de nouveau en Angleterre contre Cromwell, [17] quoi que l’on en dise. La reine de Suède [18] a été ici quelque temps, et enfin est partie pour Provence, mais à son grand regret de quitter Paris. Le Heurnius [19] in‑fo sera achevé dans un mois à Lyon chez M. Ravaud, [20] mais le Gassendi [21] ne le peut être qu’au mois d’août. S’il vient ici quelqu’un de votre connaissance après Pâques, adressez-le moi, je vous enverrai quelques thèses [22] et un livre de M. Riolan, [23] j’entends son Encheiridium de la nouvelle édition, in‑8o et augmentée. [6] Je vous baise les mains, et à mademoiselle votre femme, à Messieurs vos père et frère, et suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Guy Patin.

De Paris, ce 18e de mars 1658.


a.

Ms BnF no 9357, fo 302, « À Monsieur/ Monsieur de Salins, le puîné,/ Docteur en médecine,/ À Beaune » ; Chéreau no xviii (32‑33).

1.

V. note [2], lettre 512, pour cet ouvrage (Dijon, 1657) de Jean Vallot, théologal de Beaune.

2.

V. note [5], lettre 519.

3.

Il y a trois jours, v. note [5], lettre 307.

4.

Sic pour « leur rendre cette ville ».

5.

Le Suédois était Charles x Gustave, roi de Suède.

6.

Ouvrages parus en 1658, v. notes :


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Hugues II de Salins, le 18 mars 1658

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(Consulté le 12/12/2024)

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