L. latine 117.  >
À Johannes Antonides Vander Linden,
le 14 février 1659

[Ms BIU Santé no 2007, fo 78 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Johannes Antonides Vander Linden, docteur en médecine et professeur à Leyde.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Je vous écris pour trois raisons : 1. afin de vous supplier de tenir pour très cher M. Brochant, noble jeune homme parisien qui m’est très attaché, qui vous remettra cette lettre ; [2] 2. afin de saluer de ma part M. Elsevier, [3] de qui j’ai reçu en cadeau deux petits discours que m’a remis un jeune marchand parisien qui, tandis qu’il était en Hollande, s’était rendu à Leyde dans le seul but de vous voir et saluer ; [1] 3. afin de vous donner les titres de trois livres que j’ai tout récemment reçus d’Italie. Les voici : Bibliotheca botanica, seu herbaristarum scriptorum promota Synodia, cui accessit individualis graminum omnium ab auctoribus huc usque observatorum numerosissima Nomenclatura. Io. Antonio Bumaldo Collectore. Ad Illustrissimos Bonon. Senatores archigymnasij ejusdem Civitatis Præsides sapientissimos (Bononiæ, typis Heredis Benatij, 1657, Superiorum permissu, in‑24) ; [2][4] Pestis Neapolitana, Romana et Genuensis, annorum 1656 et 1657 fideli narratione delineata, et commentarijs illustrata, dictante suis Medicinæ practicæ studiosis Petro à Castro, D.M. Physico Veronensi (Veronæ, typis Rubeanis, anno Christi 1657, Superiorum permissu) ; [3][5][6] Io. Rhodii Observationum Medicinalium Centuriæ tres (Patavii, 1657, typis Pauli Frambotti Bibliopolæ, Superiorum permissu, in‑8o)[4][7][8] Hormis cela, je n’ai rien d’autre à vous écrire. Puisse Dieu tout-puissant vous conserver, ainsi que les vôtres, la république des lettres et vos amis, au nombre desquels je me glorifie, me réjouis et m’accorde même la gloire d’appartenir. Vale, mon cher ami, et aimez-moi. Je salue de tout cœur MM. les très distingués van Horne, Gronovius, Nicolaï et Vorst. [9][10][11][12] On proclame et célèbre ici l’immense victoire que les Portugais ont récemment remportée sur les Espagnols. [5][13][14]

Votre G.P. en tout.

De Paris, le 14e de février 1659.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Johannes Antonides Vander Linden, ms BIU Santé no 2007, fo 78 vo.

1.

Le jeune marchand parisien commerçant avec Leyde devait être le dénommé Darli, dont Guy Patin a parlé dans trois de ses précédentes lettres à Johannes Antonides Vander Linden.

V. note [4], lettre latine 122, pour les deux « petits discours » [oratiunculæ], dont les auteurs étaient Johann Friedrich Gronovius et Frans Sylvius de Le Boë.

Dans le 1er point de sa lettre, Guy Patin a mentionné le jeune Brochant, étudiant parisien de prénom inconnu. Il a de nouveau parlé de lui dans ses lettres latines à Linden et Christiaen Utenbogard, mais n’en a rien dit dans sa correspondance française. Il ne figure pas dans la liste des gradués de la Faculté de médecine de Paris établie par Baron. Patin a signalé son retour de Hollande à Paris dans sa lettre du 21 novembre 1659 à Utenbogard.

2.

La précédente lettre de Guy Patin à Johannes Antonides Vander Linden (31 janvier 1659) laissait penser que, pour ses deux livres bibliographiques de Scriptis medicis [des Écrits médicaux], son ami était en manque de titres provenant d’Espagne et d’Italie. Il lui en communiquait donc trois récents.

Ovidio Montalbani (1601-1672), médecin et botaniste de Bologne, où il occupa diverses chaires d’université pendant 32 années, était le véritable auteur du premier des trois : « Bibliothèque botanique, ou Réunion complète des auteurs d’herbiers, avec la nomenclature individuelle de toutes les plantes qu’ils ont observées à ce jour. Recueillie par Johannes Antonius Bumaldus. Aux illustrissimes sénateurs de Bologne, très sages gouverneurs de l’Université de cette ville (Bologne, héritier de Benatius, 1657, avec permission des autorités supérieures, in‑24). » Montalbani, dit Éloy, « mit ce recueil au jour sous le nom de Johannes Antonius Bumaldus afin de pouvoir se louer lui-même, à l’ombre du voile sous lequel il se cachait ».

3.

« La Peste qui a touché Naples, Rome et Gênes en 1656 et 1657, fidèlement relatée et enrichie de commentaires ; dictée par Pedro de Castro, docteur en médecine et praticien de Vérone [v. note [15], lettre 338], à ses étudiants de médecine pratique (Vérone, Rubeani, 1657, avec permission des autorités supérieures). » Il ne manque à cette deuxième référence que son format, in‑12.

4.

« Trois Centuries d’observations médicales de Johannes Rhodius [v. note [1], lettre 205] (Padoue, 1657, Paolo Frambotti, avec permission des autorités supérieures, in‑8o) », réédition à Francfort, Laurentius Sigismundus Cörnerus, 1676, in‑8o.

Johannes Antonides Vander Linden a inséré cette référence (page 397) et celle de Petrus a Castro (page 521) à la 3e édition de ses de Scriptis medicis (Amsterdam, 1662) ; mais non celle d’Ovidio Montalbani, alias Johannes Antonius Bumaldus, sans doute parce qu’il s’agissait d’un ouvrage de botanique et non de médecine.

5.

Bataille d’Elvas (place forte portugaise sur la route de Badajoz à Lisbonne), le 14 janvier 1659 : v. l’extraordinaire de la Gazette du 28 février 1659 (no 25, pages 193‑204), intitulé Les Particularités de la levée du siège d’Elvas par les Espagnols, en laquelle ils ont perdu plus de six mille hommes et plusieurs de leurs principaux officiers et personnes de marque, avec tout leur canon et bagage, et l’argent qu’ils avaient reçu pour le paiement de l’armée

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 78 vo.

Clariss. viro D.D. Io. Ant. Vander Linden, Med. Doct. et Prof. Leidam.

Triplici nomine ad Te scribo, Vir Cl. 1. Tibi supplicaturus ut carissimum habeas nobilem adolescentem
Parisinum, Dominum Brochant, mihi amicissimum, qui hasce Tibi reddet. 2. ut per me salutes
D. Elsevirium, cujus dono accepi duas Oratiunculas, quas mihi reddidit juvenis quidam
Mercator Parisiensis : qui cum esset in Hollandia, eo solo nomine Leidam concessierat, ut Te videret
atque salutaret. 3. ut habeas titulos duotrium librorum, quos nuperrimè accepi ex Italia,
qui sequuntur. Bibliotheca Botanica, seu Herbaristarum Scriptorum promota Synodia :
Cui accessit individualis Graminum omnium ab Auctoribus huc usque observatorum nume-
rosissima Nomenclatura. Io. Antonio Bumaldo Collectore. Ad Illustrissimos Bonon.
Senatores Archigymnasij ejusd. Civit. Præsides sapientissimos. Bononiæ, typis Heredis
Benatij, 1657. Superiorum permissu. 24.
Pestis Neapolitana, Romana et Genu-
ensis, annorum 1656. et 1657. fideli narratione delineata, et Commentarijs illustrata :
Dictante suis Medicinæ practicæ studiosis Petro à Castro, D.M. Physico Veronensi.
Veronæ,
typis Rubeanis, anno Ch. 1657. Superiorum permissu.
Io. Rhodij Observationum
Medicinalium Centuriæ tres. Patavij, 1657. Typis Pauli Frambotti Bibliopolæ. Superio-
rum permissu. 8.
Præter hæc pauca nihil aliud habeo scribendum ; servet Te Deus Opt.
Max. tuis, Reip. literariæ, et Amicis tuis, de quorum numero me esse glorior, gaudeo,
imò triumpho. Vale carum caput, et me ama. Clariss. viros saluto ex animo D.D.
Van-Horne, Gronovium, Van-Horne Nicolaüs, Vorstium. Hîc prædicatur et decantatur
ingens victoria recens Lusitanorum in Hispanos. Tuus ad omnia G.P.

Datum Parisijs, 14. Febr. 1659.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johannes Antonides Vander Linden, le 14 février 1659

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(Consulté le 10/12/2024)

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