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Au très distingué M. Meibomius, professeur de médecine, à Helmstedt.
Très distingué Monsieur, [a][1]
Je vous écris ces quelques lignes en profitant de l’occasion que m’a offerte le très distingué M. Conring [2] de raviver en vous le souvenir de mon nom et de vous assurer que je suis votre entier dévoué. J’ai très souvent parlé de vous avec notre ami Ménage, [3] dont enfin on attend ici le Diogenes Laertius d’un jour à l’autre ; [4] il en va de même pour l’opuscule posthume de Saumaise de Manna et saccharo. [5][6][7] On a récemment publié à Lyon liber Semioticus Thomæ Fieni, Prof. Lovaninensis, que je n’ai pas encore vu. [8][9] Notre ami Marten Schoock [10] promettait dernièrement de donner 4 nouveaux traités, mais en particulier des Exercitationes sur divers sujets, in‑4o ; j’ai aussi appris qu’il s’engage à en produire un nouveau de Fermentatione, et à rééditer son livre de Cervisia qu’il a augmenté. [1][11] Mais vous, très savant homme, que voulez-vous me laisser espérer de ce manuscrit que vous avez entre les mains, écrit par votre très distingué père ? [12] Faites, s’il vous plaît, en sorte qu’il voie le jour. Vous devez cela à sa gloire personnelle ainsi qu’à l’intérêt public ; et si je vous connais bien, je pense que vous êtes dévoué et consacré à ces deux causes. Si les imprimeurs de votre pays refusent de le faire, en raison du coût de l’édition, transmettez-moi ce manuscrit, je le ferai imprimer ici et vous en enverrai quelques exemplaires. Je veux parler du traité posthume de votre très distingué père de Cervisia. [2][13] Nous n’avons ici rien de nouveau dans nos affaires politiques : peu de choses des Turcs ; [14] rien du pape ; [15] Fouquet [16] toujours sous les verrous et les loyolites toujours attentifs à défendre sa cause ; [17] pourtant, à leurs propres yeux et à ceux de bien d’autres gens, ils veulent se faire passer pour excellents hommes. Vale, très distingué Monsieur, et continuez de m’aimer. Si quelqu’un de votre ville vient en France, je vous prie de m’écrire par son intermédiaire ; ou alors, confiez vos lettres au très distingué M. Hermann Conring qui me les remettra. Je le salue très obligeamment, tout comme Julius Hacberg, [18] votre jeune et savant compatriote dont j’attends les lettres, avec certaines autres choses qu’il m’a promises. Vale, très distingué Monsieur, et continuez de m’aimer.
De Paris, le 2d de novembre 1663.
Vôtre de tout cœur, Guy Patin.
Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Heinrich Meibomius, ms BIU Santé no 2007, fo 156 ro.
V. notes :
Ce livre de Johann Heinrich Meibomius « sur la Bière » finit bien par paraître (Helmstedt, 1668, v. note [14], lettre 760), édité par son fils Heinrich.
Ms BIU Santé no 2007, fo 156 ro.
Clarissimo viro D.D. Meibomio, Medicinæ Professori, Helmstadium.
Pauca hæc ad Te scribo, Vir Cl. ex mihi oblata occasione per virum Cl.
D. Conringium, ut mei Nominis memoriam Tibi refricem, meque Tibi addictissimum
esse certum faciam. Sæpius egi de Te cum nostro Menagio, cujus tandem Diogenes
Laertius hîc in dies expectatur : ut et Salmasij libellus posthumus de Manna
et Saccharo. Lugduni Celtarum nuper editus est liber Seimioticus Thomæ
Fieni, Prof. Lovaniensis : quem nondum vidi. Mart. Schoockius, Amicus noster,
4. novos Tractatus nuper pollicebatur, præsertim v. Exercitationes in 4. de rebus
varijs : audivi quoque de Fermentatione novum quid promitti : ut et novam eámq.
adauctam Editionem Libri de Cervisia. Tu v. Vir eruditissime, quid me vis
sperare de MS. illo quem penes Te habes, à Cl. Parente tuo elaborato ? fac sodes,
ut videat lucem : hoc debes privatæ ejus gloriæ, ut et publicæ utilitati ; et utriq.
si bene Te novi, puto apprime addictum et consecratum. Quod si abnuant vestrates
Typographi, propter impensas editionis, MS. tuum ad me transmitte : hîc eam perficiam,
et aliquot ejus Exemplaria ad te mittam : intelligo Cl. Parentis tui p.m. Tractatum
de Cervisia. Nihil hîc habemus in rebus politicis novi : pauca de Turcis : de Papa
nihil : Fuquetus semper in vinculis : Loyolitæ semper attenti ad rem suam : qui tamen
sibi et alijs multis videntur optimi. Bene vale, Vir Cl. et me amare perge. Si
quis ex Urbe vestra veniat in Galliam, scribas precor ad me per illum : aut Epistolas
tuas mihi reddentur trade Cl. Viro Herm. Conringio, quem officiosissimè
saluto : ut et eruditum Iuvenem popularem vestrum, Iulium Hacberg, à quo
literas expecti, cum alijs quibusdam quæ promisit. Vale, Vir Cl. et me amare
perge. Parisijs, 2. Nov. 1663.
Tuus ex animo, Guido Patin.