À Claude II Belin, le 5 décembre 1641
Note [4]
Fortunio Liceti (Licetus, Rapello près de Gênes 1577-Padoue 17 mai 1657), fils de Giuseppe, médecin de Gênes, avait étudié la philosophie et la médecine à Bologne. Reçu docteur en 1600, il avait tenu ensuite à Pise une chaire de logique pendant cinq ans, au terme desquels on l’avait chargé d’expliquer la philosophie d’Aristote. En 1609, il avait été nommé professeur de philosophie à Padoue, mais dépité que la place de premier professeur lui ait été deux fois refusée, il en était parti pour accepter une chaire à Bologne. L’Université de Padoue, qui le regrettait vivement, finit par le ramener dans son sein en lui offrant la place de premier professeur de médecine théorique, en 1645, qu’il conserva jusqu’à sa mort. Fort érudit et polémiste redouté, Liceti a joui d’une très grande réputation ; mais son attachement aveugle aux opinions d’Aristote, qu’il vénérait presque à l’égal d’un dieu, l’empêcha de faire progresser la philosophie. Son œuvre médicale ne fut guère plus créative : il s’y est particulièrement signalé par une conception absurde de la circulation du sang (v. note [30], lettre 152). En 1641 Liceti avait déjà publié en Italie une longue liste d’ouvrages (A.‑J.‑L. Jourdan in Panckoucke).
Il serait fastidieux de donner ici la liste complète de ses nombreux ouvrages, mais trois de ses in‑fo alors déjà parus donnent une idée de sa production :
[Quatre livres sur Ceux qui vivent longtemps sans aliment, où : sont expliquées avec soin les observations de jeûne prolongé, les opinions qu’on en a et leurs causes ; et il est opportunément et très exactement débattu de l’alimentation, de la fonction nutritive, de la manière de sustenter le corps, de la faim, de la soif, de la chaleur innée, {a} de l’humide radical {b}, du tempérament, de l’utilité des excréments, des transformations, de la qualité du métal, du poison, du médicament, du mélange et de tout aliment qu’on voudra pour nourrir le corps, de l’extase, le l’influence des astres, des mauvais génies et de la coutume dans le jeûne, des propriétés occultes et de quantité d’autres sujets dignes d’être connus ; ainsi que sont mis en lumière maints propos fort obscurs d’Hippocrate, Platon, Aristote, Galien, Pline, Celse et autres auteurs éminents. Avec deux très riches index : l’un des livres et des chapitres, l’autre des matières remarquables] ; {c}
[Quatre livres sur la Génération spontanée des êtres vivants, où sont : d’abord soigneusement examinées toutes les opinions des autres sur la génération des êtres vivants qu’on dit communément naître de la pourriture ; puis dévoilé à partir de la nature de la question ce qui a été proposé dans chaque cas, tant en général qu’en particulier. Après avoir principalement découvert la cause efficiente, prochaine et univoque des êtres qui naissent spontanément dans les familles des champignons, des plantes, des zoophytes et des animaux, sont ensuite résolues toutes les difficultés et définies les interrogations issues de ce qui en a été dit, en expliquant abondamment les causes admirables des événements et en exposant les passages les plus obscurs des illustres écrivains…] ; {d}
[Quatre livres sur l’Immortalité des êtres doués de raison, expliquant soigneusement l’opinion d’Aristote]. {e}
V. note [2], lettre latine 215, pour le catalogue (Padoue, 1634, 55 pages) où Liceti a dressé lui-même une liste complète de ses ouvrages alors parus ou à paraître.