Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 3 manuscrit

Note [54]

« Voyez Casaubon contre Baronius, page 145, {a} Salian, au tome 6 de ses Annales, page 793 et dans leur Épitomé, page 1081. {b} Voyez aussi Sponde dans l’Épitomé de Baronius, tome i, page 16, {c} la Chronologie d’Abraham Bucholcer, in‑fo, page 627. {d} Voyez Montagu dans sa Vie du Christ, première partie, page 257. » {e}


  1. V. note [18], lettre 318, pour les 16 Exercitationes [Essais] d’Isaac Casaubon contre les Annales ecclesiasticæ [Annales ecclésiastiques] du cardinal Baronius (Londres, 1614). Dans le chapitre xvi de l’Exercitatio ii (pages 193‑194), Casaubon exprime ses doutes historiques sur le fils d’Hérode : {i}

    De quarto Herodis filio a patre occiso inter innocentes, quem Baronius et alii eruunt ex Augusti ioco apud Macrobium, magna est dubitatio. Nam constat Alexandrum, non quidem inter innocentes, sed tamen eodem fer tempore fuisse affectus supplicio, quo innocentibus via est erepta. An autem putandus est Herodes, qui septuagenarius, aut non multis mensibus minor obiit, ante biennium genuisse filium, qui bimulus cum cæteris occisus ? Miramus iure inexcusabile silentium Iosephi, qui de infanticidio nihil dixit : sed ei admirationi iustior locus, si inter cæteros unus extitit, ipsius Herodis filius. An fuerit Iosepho norum infanticidium potest fortasse dubitari : quia intra Bethlehemi fines illa tragœdia fuit parata ? Herodis filium eius ætatis, Bethlehemi potius quam in urbe regia fuisse nutritum, nulla suadet ratio saltem necessaria. Si, ut videtur probabilius, Ierosolymis colebatur, cur occidendis in Bethlehem est adnumeratus ? Postremo cædes infantium Bethlehemitarum, caussam habuit, quia e Scripturis persuasum Herodi fuerat, quendam esse Bethlehemi natum infantem, qui futurus esset Rex Iudææn translato ad se regno e domo Herodis. Dura est pene absurda coniectura, Herodis coniugem Bethlehemi, potius qaum in regia, peperisse, siquidem peperit. Tum autem qui feræ illius crudelissimæ, Herodem dico, mores norit, merito dubitaverit, an amore tanto liberos alios suos maiores, vel nepotes e filiis quos occiderat, sit prosecutus ; ut natum ex se infantem, propterea iusserit necari, ne priores liberi regnum amitterent : quum præsertim, nihilominus in sua domo regnum cognosceret fore mansurum. Apud Credenum ex aliquo veteri scriptore extat hujusmodi observatio : Herodem παιδοκτονον, infanticidam audire, et propriam quasi appellationem esse hanc illi inditam, non solum propter infantes Bethlehemicos ; sed etiam propter tres filios proprios quos occidit δια το τοτου ιδιους τρεις υιους επικτειναι ; nimirum auctori huius observationis de quarto filio Herodis, quem inter infantes infantem peremit, nihil erat auditum : nam illi tres filii occisi ab Herode notissimi sunt, Alexander, Aristobulus, Antipater. Cæterum in hac historia Baronius toties peccat, quoties de temporibus adversus Iosephum aliquid mutit : ille vero etiam scriptores priores confidenter reprehendit, quia eandem secum erroris viam non sint ingressi.

    [Le doute est profond quant au quatrième fils d’Hérode que son père aurait fait tuer parmi les Innocents, et que Baronius et d’autres ont déniché dans le bon mot d’Auguste rapporté par Macrobe ; car il est clair qu’Alexander a été soumis au supplice fatal à peu près à la même période que celle où les Innocents ont été massacrés, mais n’en faisait certainement pas partie. Doit-on en effet penser qu’Hérode, alors septuagénaire et à quelques mois de sa propre mort, ait engendré deux ans plus tôt un fils qui aurait été tué avec les autres enfants de son âge ? Nous sommes légitimement surpris du silence inexcusable de Josèphe, qui n’a pas dit mot de cet infanticide ; et notre étonnement s’accroît encore si le propre fils d’Hérode en a été l’une des victimes. Ne peut-on même se demander si Josèphe a seulement eu connaissance de cette tragédie, car elle a eu lieu dans les murs de Bethléem ? Aucune raison tant soit peu plausible n’explique pourquoi Hérode aurait envoyé un fils de cet âge en nourrice à Bethléem plutôt que le garder dans la capitale de son royaume. Si, comme il semble plus probable, il vivait à Jérusalem, pourquoi l’a-t-on compté parmi ceux qu’on a tués à Bethléem ? Enfin, selon l’Écriture Sainte, la cause de la tuerie des enfants de Bethléem fut la conviction d’Hérode qu’y était né un enfant qui deviendrait roi de Judée en prenant possession du pouvoir qui appartenait à la Maison d’Hérode. Il est difficile et presque absurde de supposer que l’épouse d’Hérode ait accouché à Bethléem plutôt que dans le palais royal, pour autant qu’elle ait jamais accouché. En outre, qui connaît les mœurs de cette très cruelle bête sauvage, j’entends Hérode, aura raison de douter qu’elle ait manifesté, envers ses autres enfants plus vieux, ou envers ses petits-enfants nés des fils qu’il avait tués, un amour si grand qu’il ait ordonné que le tout jeune garçon, qu’il avait lui-même engendré, fût mis à mort ; et ce afin que la succession de son royaume n’échappât pas à ses frères aînés, surtout quand il était assuré que sa couronne demeurerait désormais entre les mains de sa famille. On lit dans Cédrène cette sorte de remarque tirée de quelque ancien auteur : {ii} « Hérode est appelé l’infanticide, et ce surnom particulier lui a été attribué non seulement à cause des enfants de Bethléem, mais aussi parce qu’il a tué trois de ses propres fils » L’auteur de cette observation n’avait assurément rien ouï dire d’un quatrième fils d’Hérode qui aurait été tué en bas âge parmi les Innocents ; mais les trois fils qu’Hérode a occis sont parfaitement connus, ils s’agit d’Alexandre, d’Arsitobule et d’Antipater. {iii} Autrement, Baronius se trompe en cette histoire chaque fois qu’il altère quelque fait chronologique en contredisant Josèphe ; mais il a aussi corrigé avec assurance les anciens auteurs, parce qu’ils ne l’avaient pas suivi dans la voie de son erreur].

    1. Chapitre intitulé Eusebii locus a Baronio negligenter tractatus. De puero Herodis inter infantes innocentes occiso [Passage d’Eusèbe que baronius a négligemment traité. Sur la fils d’Hérode massacré parmi les enfants innocents].

    2. Georges Cédrène (Georgios Kedrenos) est un moine byzantin du xie s., auteur d’une compilation d’ouvrages historiques intitulée Synopsis historion ou Chronique universelle, allant de la création d’Adam à l’avènement de l’empereur Isaac Comnène en 1057.

    3. Dans ses Antiquités judaïques, Flavius Josèphe accuse Hérode d’avoir fait tuer deux de ses fils, prénommés Alexandre et Aristobule, qu’il suspectait de comploter contre lui (livre xvi, fin du chapitre 11) ; mais il explique ensuite qu’un troisième fils, Antipater, aurait été le véritable auteur du meurtre de ses deux frères (livre xvii, chapitre 1).

  2. La page 793 du tome vi (et dernier) des Annales Ecclesiastici… de Jacques Salian {i} porte sur l’an premier de la vie du Christ, 43e de celle d’Auguste et dernier de celle d’Hérode ; elle est entièrement consacrée au Massacre des Innocents (Cædes Innocentium), et à l’insatiable cruauté et la mort du roi de Judée (datée ici de l’année même du Massacre).

    Un résumé s’en lit à la page 1081 (bas de la 1re colonne et haut de la 2e) de l’Annalium Ecclesiasticorum Veteris Testamenti Epitome ab ipsomet eorum Auctore Iacobo Saliano Societatis Iesu Presbytero fideliter accurateque confecta… [Abrégé des Annales ecclésiastiques de l’Ancien Testament, rédigé par leur auteur, Jacques Salian, prêtre de la Compagnie de Jésus…], {ii} dans les paragraphes xiv, Herodis morbi mortis prævii [Maladies qui ont précédé la mort d’Hérode] et xv, Accipit potestatem in filium [Il reçoit le pouvoir de punir son fils] :

    De ea morte pauca refere par est, in argumentum divinæ in consceleratum hominem vindictæ. Regi ait, morbus factus est gravior, pœnam Impietatis exigente Numine. Lento enim calore torrebatur, qui non tam externo tactu deprehenderetur, quam intus viscera popularetur. Aderat et vehemens voracitas, cui necesse esset cibos suggerere continenter : simulque vexabatur intestinorum exulceratione, et colicis doloribus pedes tumebant phlegmate humido et pellucido, similiterque inguina : ipsa quoque verenda putrefacta scatebant verminibus, cum molesta tentigine et fœtore gravissimo. Super hæc omnia nervorum contractione laborabat, et difficultate anhelitus. Cumque ei mortem remedia accelerarent, atra bile prægravante, immane facinus aggressus est. Nobiliores enim Iudæorum minaci edicto convocatos conclusit in circo, et sororem suam Salomem, eiusque virum Alexam infimis precibus ac lacrymis exorare aggressus est, ut cum primum exhalasset, tantisper ius morte cælata, eam omnem multitudinem immisso milite trucidaret ; sicque publico luctu honoraretur, omnibus per totam ditionem non ficte lugentibus. Expectatione tamen sua frausus est tyrannus immanissimus, et totum facinoris reatum secum tulit ad inferos, facinore non perpetrato, sicut mox cum sibi ipse manus adferre tentavit.

    Dum hæc ille dat mandata cognatis, supervenerunt ab urbe literæ quibus Antipater suscepti convictus patricidii, et Regis et Patris arbitrio relinquebatur, sive ipsum vellet in exilium pellere, sive capite plectere. Quibus auditis Herodes paululum recreatus est : moxque gravi dolore repetitus, cibi tamen avidus, malum simul et cultellum poposcit, seipsum ferire cupiens, fecissetque, nisi Achiabus ex sorore nepos, ictum præveniens, eius dexteram clamore sublato cohibuisset. Is tumultus auditus est ab Antipatro, qui ratus Patrem extinctum, seque statim regem fore, egit cum custode carceris multis promissis, ut dimitteretur liber. Ille vero usque adeo non patuit, ut Herodi rem totam proderet. Rex præ indignatione exclamans, et caput sibimet verberans, misit unum de satellitibus, qui Antipatrum sine mora perimeret, et corpus ignobili conderet sepulchro.

    [Il n’est que juste de conter brièvement sa mort, pour preuve de la vengeance divine contre un scélérat. « La maladie du roi, dit-il, {iii} s’aggrava, car Dieu exigeait de punir son impiété : une fièvre lente s’était emparée de lui ; elle n’était pas très perceptible en lui palpant la surface du corps, mais n’en envahissait pas moins ses entrailles. Elle se manifestait par une insatiable voracité qui l’obligeait à absorber continuellement de la nourriture ; et en même temps qu’il était tourmenté d’ulcérations des intestins et de douleurs coliques, un flegme humide et transparent lui enflait les membres inférieurs, des pieds jusqu’aux aines ; ses parties sexuelles putréfiées grouillaient de vers, avec une insupportable érection et une puanteur épouvantable. En outre, il était torturé de crampes de tous les muscles et d’une gêne à respirer. » Comme les remèdes ne faisaient que hâter son trépas, en le surchargeant d’atrabile, il fomenta un monstrueux crime : sur un édit menaçant, il convoqua les plus nobles des Juifs et les enferma dans un cirque ; puis, en ses dernières prières et lamentations, il entreprit d’obtenir de sa sœur Salomé et de son mari, Alexas, qu’une fois qu’il aurait rendu le dernier soupir et avant la célébration de ses funérailles, ils enverraient des soldats qui massacreraient tous ces gens ; et qu’ainsi, il recevrait les honneurs du deuil public, en provoquant les larmes sincères de tous le sujets de son royaume entier. Toutefois, l’espérance de ce plus exécrable des tyrans fut déçue : il emporta avec lui aux enfers toute l’impiété de son crime, qui ne fut pas exécuté, en prétendant qu’il avait lui-même bientôt après décidé de revenir sur son ordre.

    Tandis qu’il donnait ces instructions à sa famille, arrivèrent de Rome des lettres disant qu’Antipater avait été convaincu d’ourdir un parricide, et laissant au roi, son père, le soin d’en établir la sentence soit en l’exilant, soit en le châtiant de la peine capitale. À ces nouvelles, le roi avait retrouvé quelque vigueur ; mais ses souffrances ayant bientôt repris, avec son avidité pour la nourriture, il demanda une pomme et un couteau, dont il tenta de se frapper lui-même ; et il l’aurait fait si Achab, le fils de sa sœur, n’avait détourné le coup en lui retenant la main, tandis qu’il poussait un grand cri. Antipater ayant eu vent de ce tumulte et pensant que son père était mort et qu’il allait aussitôt devenir roi, fit mille promesses au gardien de sa prison afin qu’il le libérât ; ce qu’il lui refusa tant qu’il n’aurait pas rapporté toute l’affaire à Hérode. Le roi poussa de grands cris d’indignation, en se frappant la tête, et envoya un de ses soldats tuer Antipater sur-le-champ et jeter son corps dans une fosse infâme]. {iv}

    1. Paris, 1624, v. note [8] de la Leçon au Collège de France sur la manne.

    2. Cologne, Johannes Mikinchius, 1639, in‑fo de 1 108 pages.

    3. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, livre i, chapitre xxxiii, § 5, mais dans une traduction latine plus répugnante encore que l’original grec (pour accentuer la cruauté de la vengeance divine) : en particulier la « pénible érection », qui évoque un priapisme mais que Josèphe n’a pas mentionnée.

    4. Ce récit de Salian est un fidèle condensé de celui de Josèphe.

  3. Annales Ecclesiastici, ex xii. tomis Cæsaris Baronii S.R.E. Presb Cardinalis, Bibliothecarii Apostolici, in Epitomen redacti. Editio altera, priori longe accuratior… Opera Henrici Spondani Mauleonensis, S.R.E. Protonotarii.

    [Annales ecclésiastiques, tirées des 12 tomes de Cæsar Baronius, cardinal-prêtre de la sainte Église romaine, bibliothécaire apostolique, mises en abrégé par les soins de Henri de Sponde, {i} natif de Mauléon, protonotaire apostolique… Seconde édition beaucoup plus exacte que la première]. {i}

    La relation de Macrobe est commentée à la page 13 de la section De Adventu Filii Dei [Sur l’Avèvnement du Fils de Dieu] :

    […] Melius est Herodis porcum esse, quam filium ; quod scilicet qui filios occideret, abstineret a nece porcorum, utpote religione Iudæus, quibus porci abominationi erant. His autem videas, eo insaniæ atque furoris processisse cœcam Herodis dominandi cupidinem, ut cum omnes homines sic regnare velint, ut cupiant etiam regnum ipsum in filios propagare ; ipsamet modo armaverit parentem in filios ne regnent. Non enim unum tantum, quem Macrobius tradit, occidit Herodes filium ; sed tres alios, licet aliis temporibus, aliisque de causis, ut docet Iosephus. Verum quis iste parvulus fuerit, de quo Macrobius agit, nec apud Iosephum invenies, nec nomen quidem eius sciri potest ; facile enim accidit, ut nulla ratio haberetur infantis, qui e vestigio de utero translatus esset ad tumulum : ne tu putes Macrobium erroris esse redarguendum ex silentio Iosephi, quem multa quidem memoria digna præteriisse constat. Quod autem pertinet ad necatos infantes ; quod illi pro Christo innocentes occisi sint, immo et in singulis Christus videatur occisus, merito magno honore eos semper Ecclesia affectit, et ut Martyres coluit atque anniversaria memoria celebrare consuevit.

    [(…) Il vaut mieux être le porc d’Hérode que son fils : pour dire que cet homme qui massacrait les fils, s’abstenait de tuer les porcs, car il était juif de religion, laquelle tient naturellement les pourceaux en abomination. Ces paroles font aussi entendre que le désir aveugle de dominer, qui possédait Hérode, avait atteint un tel degré de folie et de furie qu’il alla jusqu’à armer le père contre ses fils afin qu’ils ne règnent pas, quand tous les princes sensés désirent que leurs enfants héritent de leur royaume. De fait, Hérode ne s’est pas contenté de tuer un seul de ses fils, comme raconte Macrobe, mais trois autres, selon Josèphe, quoiqu’à d’autres moments et pour d’autres raisons. {iii} Pourtant, vous ne trouverez pas dans Josèphe ce tout jeune enfant, dont parle Macrobe, et ne pourrez même en connaître le nom. On en déduit aisément qu’il n’accordait aucune valeur à un nourrisson qu’on aurait directement fait passer du sein de sa mère au tombeau ; mais ne songez pas à convaincre Macrobe d’erreur en vous fondant sur le silence de Josèphe, car il a omis quantité de faits dignes de mémoire. Cela concerne aussi les enfants qui furent massacrés : l’Église a toujours légitimement et grandement honoré le fait que ces Innocents aient été tués à la place du Christ, et même que chacun d’eux soit une image du Christ sacrifié, au point qu’elle les a vénérés comme martyrs et qu’elle a instauré la coutume de célébrer chaque année leur souvenir]. {iv}

    1. V. note [21], lettre 408.

    2. Mayence , Antonius Hieratus, 1623, in‑fo.

    3. V. supra notule {a-ii}.

    4. Dans le rite catholique, la fête des Saints Innocents est célébrée le 28 décembre de chaque année.

  4. Abrahamus Bucholcer (Abraham Buchholtzer, Schönau, Saxe 1529-Freistadt, Autriche 1584), théologien protestant et chronologiste allemand n’a pas parlé d’Hérode dans sa Chronologia [Chronologie], {i} qui va seulement de la création du monde à l’exil des Israélites à Babylone. En revanche le règne de ce roi est résumé dans deux paragraphes (pages 133‑134) de son :

    Index chronologicus, monstrans annorum seriem a Mundo condito usque ad annum nati Christ 1580. Tertia cura Emendatus, auctus, et ad Rodolphi Cæsaris obitum continuatus.

    [Index Chronologique, exposant la série consécutive des années depuis la création du Monde jusqu’à l’an 1580 suivant la naissance du Christ. Corrigé pour la troisième fois, augmenté et prologé jusqu’à la mort de l’empereur Roldolpe]. {ii}

    1. Görlitz, Ambrosius Fritschius, 1585, in‑fo de 445 pages.

    2. Francfort, Nicolaus Hofmannus, 1612, in‑8o, v. supra note [39] pour Rodolphe ii de Habsbourg, mort en 1612.

    • Infanticidium Herodis [Infanticide d’Hérode] :

      Herodes inaudito crudelitatis exemplo iussit infantes Bethleemicos, et unum infantem Christum quærens in multos rabiosissime sæviit. Matth. 2. in narratione Evangelica fit mentio bimatus infantum : ideo referimus hoc ad annum a concepto Christo secundum. Estque hoc primum in Novo testamento martyrium, in quo Rex est carnifex. […] Hæc immanitas Herodis locum fecit adagio Augusti Cæsaris, quod recitat Macrobius..

      [Donnant un exemple de cruauté inouïe, Hérode, ne cherchant qu’à en tuer un seul, le Christ, a massacré maints petits enfants de Bethléem. Comme l’Évangile de Matthieu, chap. 2, fait mention d’enfants de deux ans, nous rapportons cet événement à la deuxième année depuis la naissance du Christ. Dans le Nouveau Testament, il s’agit du premier martyre où un roi est bourreau. (…) Cette sauvagerie d’Hérode a donné lieu à l’adage de l’empereur Auguste que raconte Macrobe].

    • Mors Herodis [Mort d’Hérode] :

      Herodes carnificatus morbis sævissimis Hierichunti moritur circa tempus Paschalis : æt. ferme 70. Et consentaneum est, eum horrendo isti infaticido Bethleemitico non diu fuisse superstitem, agitantibus et inquietantibus illum ultricibus furiis, et divina Nemesi ad supplicia iustissima tyrannum rapiente. Immodica enim sævitia, enormis furor, et extrema rabies raro est diuturna atque durabilis. Quinto autem die antequam crudelem exhalaret animam, filium suum Antipatrum iugulari iussit. Joseph.

      [Torturé de très cruels maux, Hérode est mort à Jéricho vers le temps de la Pâque, âgé d’environ 70 ans. On s’accorde à penser que, étant donné l’horreur de cet infanticide commis à Bethléem, il n’y a pas survécu longtemps : des furies vengeresses l’ont agité et tourmenté, et la dive Justice a emporté ce tyran dans de très mérités supplices ; il est rare que la cruauté démesurée, l’immense fureur et l’extrême rage durent longtemps. Cependant, cinq jours avant que son âme cruelle ne le quitte, il a ordonné l’assassinat de son fils Antipater (Josèphe)].

  5. Richardi Montacutii, Episcopi Cissacestriensis, de Originibus Ecclesiasticis Commentationum, tomus primus.

    [Premier tome des Commentaires de Richard Montagu, {i} évêque de Chichester, sur les Origines de l’Église]. {ii}

    Le Massacre des Innocents est relaté dans les paragraphes 160‑161 (pages 257‑258) de la Pars prior. Annus Jesus Christi secundus, a xxv. Decembris [Première partie. Seconde année de Jésus-Christ, depuis le 25 décembre], avec cet autre commentaire des paroles de l’empereur Auguste :

    […] Melius est Herodis porcum esse quam filium. Unde hanc narrationem habuerit Macrobius non constat, certum est aliunde habuisse qua e Scriptura : Non tantum quod a Religione Christiana abhorrebat, sed quod Auguti responsum commemoret de facto tam atroci : Proculdubio Romanorum rerum aliquis Scriptor, qui multi Macrobio visi et lecti nobis perierunt, illius fecerat mentionem. Silentio rem pressit Josephus, quod miror ; Nec tamen assentior doctissimo viro, qui Josephi silentium trahit in argumentum negativum, nullum talem filium Herodi fuisse ; utcunque liberos et progeniem Herodis etiam particularius recenseret. Fieri potuit, ut inter illos innocentes aliquis Herodis filius, vel filiorum filius occubuerit. Quid enim impedit quo minus Herodes, per totam vitam λαγνοτατος, liberis daret operam, et re venerea uteretur septugenarius, cum sciamus non modo Masinissam, sed et nostra ætate aliquos nonagenarios genuisse. Quid impedit quo minus filiolus ille Bethleemi nutriendus elocaretur, et non Hierosolymis, vel in aula. Non erat multum solicitus Herodes de liberis suis conservandis, et illorum vita tuenda, quoties aliquid de regno et successione interveniret. Certum et de fide, nemo dixerit tenendum ; sed tamen de Historica fide certum, nihil video allatum per obtrectatores, quin habeatur. Atque velut ejus generis, non aliter, retulit illud in Historiam cardinalis.

    [(…) Il vaut mieux être le porc d’Hérode que son fils. On ne sait d’où Macrobe aura tiré ce récit, mais il est certain que c’est d’ailleurs que de l’Écriture : non seulement parce qu’il avait la religion chrétienne en horreur, mais parce que seule la réponse d’Auguste nous conserve la mémoire d’un fait si atroce. Sans doute a-t-il a été mentionné par quelque historien romain, du grand nombre de ceux que Macrobe avait vus et lus, mais dont nous avons aujourd’hui perdu toute trace. Je m’étonne que Josèphe ait passé cela sous silence, sans pourtant partager l’avis du très docte auteur qui a tenu son silence pour un argument contraire, en niant qu’un tel fils d’Hérode ait jamais existé. Il a pu se faire qu’un fils ou un petit-fils d’Hérode ait été l’un de ces Innocents qu’on a tués. Qu’est-ce qui aurait empêché Hérode, dont toute l’existence fut celle d’un débauché, d’avoir eu soin de sa descendance et d’avoir pratiqué l’amour charnel passé soixante-dix ans, quand nous savons que non seulement Massinissa, {iii} mais d’autres nonagénaires de notre temps ont été capables de procréer ? Qu’est-ce qui l’aurait empêché d’envoyer son jeune enfant en nourrice à Bethléem, plutôt qu’à Jérusalem ou dans son propre palais ? Hérode n’était pas fort soucieux de garder ses enfants près de lui, ni de veiller à leur survie, chaque fois que quelque accident menaçait son royaume et sa succession. Il est certain, en toute bonne foi, que personne n’a dit qu’il s’en soit préoccupé ; mais, en me fondant sur les faits prouvés par l’histoire, je ne vois rien que ses détracteurs aient rapporté à l’appui du contraire. Quant à sa famille, l’Histoire du cardinal {iv} n’a pas raconté autrement les choses].

    1. V. note [23], lettre 529.

    2. Londres, Milo Flesher et Robertus Young, 1636, in‑4o de 423 pages.

    3. Massinissa, premier roi de la Numidie unifiée, mourut à 86 ans, en l’an 148 av. J.‑C., après avoir engendré une quantité incroyable d’enfants, dont 43 fils.

    4. Les Annales ecclésiastiques de Baronius.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 3 manuscrit, note 54.

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(Consulté le 19/04/2024)

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