L. 646.  >
À André Falconet,
le 22 octobre 1660

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 22 octobre 1660

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0646

(Consulté le 19/03/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Je vous dirai pour nouvelle que l’évêque de Mende [2] mourut ; [1][3][4] et le même jour, Mme la douairière de Rohan, [5][6] jadis mère de Tancrède. [7] Elle était la fille de feu M. de Sully, [8] surintendant des finances du temps du bon roi Henri iv[2][9] Le cardinal Mazarin [10] n’est pas bien, il a des syncopes [11] et un refroidissement des extrémités. [3] Il gronde ses médecins et leur reproche qu’ils n’ont point de secrets pour l’empêcher de mourir. Voilà encore un évêché à distribuer, à donner ou à changer contre le prieuré Sainte-Croix, [4][12] tant il y a que le cardinal Mazarin se maintient fort dans le beau et fructueux titre d’héritier universel du genre humain. Ô le bon temps, s’il dure ! Quelques-uns disent ici que si le cardinal mourait, la place serait occupée par M. Le Tellier, [13] secrétaire d’État, ou par le milord Montagu, [14] Anglais, jadis huguenot, [15] aujourd’hui abbé de Saint-Martin de Pontoise, [16] pour le grand crédit qu’il a chez la reine mère ; [5][17] ce que je ne puis croire de ce dernier, quand ce ne serait qu’à cause qu’il est étranger. Quelle pitié serait-ce, après un Italien, qu’il nous vînt un Anglais, comme si la France était dépourvue de grands hommes capables d’être premiers ministres ! Pour M. Le Tellier, je l’aimerais mieux qu’un autre car il est bon Français et a l’âme bonne. Il n’est pas de ces courtisans enragés et athées ; [18] il croit en Dieu de bonne sorte, je le sais de bonne part ; il est homme fort sage et fort réglé, bon ménager et fort entendu dans les grandes affaires. Il est mort ce matin un de nos médecins nommé Jouvin, [19] âgé de 65 ans. Il n’était pas de ces grands arbalétriers qui en tuent tant car il ne voyait guère de malades. [6] Il était riche, fils d’un marchand et receveur provincial des décimes [7][20] en la généralité de Lyon. [8] Il m’avance d’un point, il n’y en a plus que 20 avant moi. Ayez soin de votre santé et ne nous écrivez que pour nous en donner des assurances. Je suis, etc.

De Paris, ce 22e d’octobre 1660.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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